Lyam.
Je n'attends pas les autres pour quitter la salle. À peine l'alarme a-t-elle retenti que je suis déjà dehors. Je n'en peux plus d'attendre, il faut que je sache. Après ce qu'il est arrivé à Zoé, mon frère n'a pas quitté mes pensées une seule seconde.
« Vous ne vous rendez pas compte à quel point c'est dangereux ».
Je ne comprends toujours pas ce qu'il voulait dire par là, mais une chose est sûre, cela n'annonce rien de bon. Il est arrivé exactement la même chose qu'elle à Ethan. Et si le garde a trouvé la situation de Zoé dangereuse, alors ça veut dire que c'est pareil pour lui. On n'a rien pu faire pour sauver Zoé, mais j'espère pouvoir arriver à temps pour sauver mon frère.
Cette fois-ci je descends les étages à pied. J'ai eu ma dose d'ascenseur pour la journée. J'ai bien crû que j'étais sur le point de mourir en sortant, je n'ai pas trop envie de le revivre de si tôt. Surtout que j'ai déjà assez de mal à contrôler ma respiration comme ça.
J'arrive au rez-de-chaussée en un temps record. Je me dépêche ensuite de rejoindre le second escalier. Je parcours les dernières marches encore plus vite. Je ne contrôle plus mon corps, ce sont mes émotions qui ont le contrôle absolu. La peur et l'angoisse ont remplacé la fatigue et la douleur depuis un moment maintenant quand je franchis enfin les portes de l'infirmerie.
— Ethan !
J'arrive en courant devant son lit, mais c'est trop tard. Le lit est vide. Ils l'ont eu.
Je m'écroule sur son lit. Je lui avais promis de le protéger, mais j'ai échoué, encore une fois. Une fois de trop. Et cette fois-ci, peu importe ce que je pourrais faire, rien ne le fera revenir. Ce n'est peut-être pas moi qui ai mis fin à ses jours, mais pour moi, c'est tout comme. Il me faisait confiance et je l'ai laissé tomber. J'ai laissé mon petit frère mourir. Je suis tout aussi responsable de sa mort que celui qui l'a réellement tué.
J'attrape son oreiller pour étouffer mes pleurs. Il sent encore son odeur. Ce ne fait qu'empirer la douleur. Je resserre mon emprise sur l'oreiller avant de le retirer de sa place pour le serrer contre moi. Mais alors que je glisse ma main en dessous, je sens quelque chose sur le matelas. Je lance un regard autour de moi, vérifiant que la pièce est aussi vide qu'à mon arrivée. C'est seulement une fois sûr que je suis bien seul que je me décide enfin à retirer ma main, tenant ce qui semble être un papier fermement dans ma main. Sauf que ce n'est pas qu'un simple papier, c'est une enveloppe à mon nom. Et rien qu'à l'écriture, je sais déjà de qui elle vient. C'est Ethan qui l'a écrite. Je ne sais pas à quel moment ni pourquoi, mais quelque chose me dit que je suis sur le point d'avoir la réponse à plusieurs de mes questions. La plus importante d'entre elles étant : qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? Je prends alors une grande inspiration avant de l'ouvrir.
Cher Lyam,
J'aimerais que tu ne lises jamais cette lettre même si je sais que c'est impossible. Mais si tu es en train de la lire, alors ça veut dire que je suis mort.
Je m'arrête aussi vite que j'avais commencé. Apparemment, ça va être beaucoup plus compliqué à lire que ce que j'imaginais. Mais peu importe à quel point cette lettre peut me faire mal, il faut que je la lise. Ethan l'a écrite pour une raison. Il faut que je prenne sur moi, je lui dois au moins ça. J'essuie alors mes larmes en vitesse avant de me replonger dans la lecture.
Cher Lyam,
J'aimerais que tu ne lises jamais cette lettre même si je sais que c'est impossible. Mais si tu es en train de la lire, alors ça veut dire que je suis mort.
Je crois que mon état a encore empiré, j'ai entendu les gardes en parler hier.
Ils pensaient que je dormais, mais je faisais juste semblant, j'en avais marre de ne pas savoir ce qu'il m'arrivait. Et finalement, peut-être que ça aurait été mieux pour moi si je dormais vraiment. Ils ont dit que demain ça fera une semaine que je suis malade, et que si ça ne va pas mieux d'ici là, alors ils seront obligés d'agir. Ils ne l'ont pas dit explicitement, mais j'ai tout de même compris ce que cela signifiait. Ils vont me tuer Lyam.
Ils disent qu'il y a de plus en plus de malades, que ça devient trop dangereux. Qu'on devient trop dangereux. Mais ce n'est pas tout. Au début, je pensais avoir mal compris comme ils étaient un peu loin, mais ils l'ont répété une seconde fois, et cette fois-ci, il n'y avait aucun doute, j'avais très bien entendu. Ils ont parlé d'un virus Lyam. Un virus qui circule depuis des années et qui ne touche que les enfants. Je ne suis pas le seul malade. Tu l'es aussi. Tout comme tes amis. On l'est tous. Et c'est pour ça qu'on est enfermé ici, pour qu'on ne contamine personne d'autre. Ils nous ont envoyés ici pour mourir. J'aurais dû comprendre plus tôt, tout était devant mes yeux, mais je n'ai rien vu.
Je ne t'en ai jamais parlé, mais un soir, je les ai entendus se disputer. Maman n'arrêtait pas de répéter qu'elle ne voulait pas et papa lui répondait la même chose à chaque fois : qu'ils n'avaient pas le choix. Le lendemain matin, je me suis réveillé ici. Ça faisait un moment qu'ils ne voulaient plus que je sorte, qu'ils me tenaient à l'écart du reste de mes amis. À vrai dire, tout a commencé après ton départ. Et maintenant je comprends mieux pourquoi. Ils avaient peur du virus. Le même virus qui leur avait déjà pris leur fils aîné.
Il est peut-être trop tard pour moi maintenant, mais pas pour toi. Parles-en aux autres s'il te plaît. Peut-être que tous ensemble, vous arriverez à trouver une solution. Je l'espère vraiment.
Il y a autre chose que tu devrais savoir, mais je n'ai plus le temps de te l'expliquer. Ils reviennent, je les entends. Demande à Lily ou Zach, ils comprendront sûrement de quoi je parle. J'espère que cette lettre arrivera bien entre tes mains.
N'oublie jamais que je t'aime et que rien de tout ça n'est ta faute.
Prends soin de toi,
Ton insupportable petit frère.
— Ethan.
VOUS LISEZ
L' épreuve
Science FictionQuand Lyam se réveille, il n'y a rien autour de lui. Mais surtout, il n'a aucun souvenir de comment il est arrivé dans cette pièce. Rien autour de lui ne semble pouvoir l'aider à comprendre ce qu'il se passe. Rien à part peut-être ce bout de papier...