Chapitre 8: Tic-Tac

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Lyam.

J'ai parlé trop vite, quelques minutes après m'être engagé dans le couloir, je me retrouve de nouveau face à un obstacle. Contrairement au précédent, celui-ci est visible, mais également bien plus dangereux. Je ne sais pas comment c'est possible, mais des flèches sortent des murs. Je m'apprête à faire demi-tour et passer par un autre chemin quand j'entends des pas se rapprocher. Des gardes. Ils ne me feraient peut-être rien si je me retrouvais face à eux, mais entre des gardes armés qui ont le droit de vie ou de mort sur moi ou des flèches, le choix est vite fait. Je prends alors mon courage à deux mains et m'avance davantage vers l'obstacle. Je regarde immédiatement s'il est possible de ramper en dessous des flèches, mais le même type de fils que ceux de l'obstacle précédent est tendu pile au milieu du parcours. Même si je rampe jusqu'à là-bas, je devrais me relever pour l'enjamber et c'est encore plus risqué que de tout traverser en courant. Il a vraiment tout prévu. J'attends donc le bon moment pour commencer à courir, en essayant d'esquiver un maximum de flèches. Arrivé au milieu, je saute pour passer par-dessus le fil, mais je repose ma jambe gauche trop tôt et elle se heurte contre ce dernier. Je sens d'abord les pics dans ma jambe, puis le violent choc électrique me propulse vers l'avant. Au moment où je m'écrase au sol, je sens le souffle d'une flèche qui passe juste au-dessus de moi. La douleur dans ma jambe m'empêche de me relever, le choc l'a comme endormie. Il me reste à peine un mètre à parcourir avant d'être en sécurité ou du moins loin de ces foutues flèches. Je décide alors de ramper, en espérant être assez bas pour passer en dessous de toutes les flèches.

Une fois arrivé au bout du couloir, je me relève en position assise et m'appuie contre un mur. Avant de ramener ma jambe vers moi pour voir l'étendue des dégâts. La douleur commence à se réveiller et je dois saigner pas mal vu l'étendue de la tâche sur mon bas de pantalon noir. Je relève alors légèrement ce dernier, et finalement la réalité est mieux que ce que j'ai imaginé. Je saigne toujours, mais la coupure ne semble pas trop profonde, ça devrait cicatriser d'ici quelques jours. Cependant, je n'ai pas autant de temps devant moi, alors même si la douleur est encore importante, je me remets debout. Je dois absolument trouver ces escaliers et rejoindre les sous-sols. Aucune horloge n'est disposée dans ces couloirs, je n'ai donc aucun moyen de déterminer l'heure exacte, mais il doit être au moins 12 h vu que la faim se fait ressentir de plus en plus. En tout cas, il ne peut pas être plus d'une heure de l'après-midi, aucune alarme n'a encore retenti.

Plus je marche, plus la douleur est forte, mais j'essaye de l'ignorer le plus possible. Je m'en veux de m'être blessé aussi bêtement, j'espère que ça ira mieux d'ici ce soir. Je ne veux pas ralentir les autres dans notre évasion. D'ailleurs, j'espère qu'ils vont bien et qu'ils ne sont pas blessés eux.

*****

Zachary.

J'arrive enfin au rez-de-chaussée. Ces escaliers sont vraiment interminables, mais heureusement, ils ne sont pas piégés. J'ai déjà dû passer cinq obstacles pour les atteindre, c'est largement suffisant. Combien est-ce qu'il y en a d'installés en tout ? J'espère qu'ils sont seulement présents dans les étages supérieurs et non dans les sous-sols, sinon ça compliquerait encore davantage la mission de ce soir, qui est déjà bien assez risquée.

Une fois arrivé devant la porte, je l'ouvre doucement, vérifiant qu'aucun obstacle n'est disposé à proximité, mais RAS, la voie est libre. J'ouvre alors la porte en plus grand, et sors enfin de cette cage d'escalier. À peine arrivé dans le hall, je me dirige vers l'une des seules horloges présentes dans ce bâtiment pour estimer le temps restant avant de devoir rejoindre le point de rendez-vous. Quand je me trouve assez près pour pouvoir lire les aiguilles, je n'en crois pas mes yeux. Il est déjà presque six heures du soir. Mais, ce n'est pas possible. Chaque jour, une alarme retentit à douze heures et demie, puis une heure après pour marquer la fin du repas du midi. Et puis une autre retentit dans l'après-midi. Cependant, aucune d'entre elles n'a sonné aujourd'hui. Cela ne peut signifier que deux choses : soit l'horloge n'est pas à l'heure, soit ils ont désactivé les alarmes pour que l'on perde toute notion du temps. C'est le deuxième changement aujourd'hui qui peut mettre en péril notre plan de ce soir. Ce n'est pas possible que ce soit seulement des coïncidences. Mais ce que je ne comprends pas, c'est que si quelqu'un a vraiment dénoncé notre plan à Smith, alors pourquoi n'a-t-il rien fait ? Il ne cesse de nous répéter que si quelqu'un tente de s'évader, il doit s'attendre à de possibles sanctions s'il se fait attraper. Mais cette fois-ci c'est différent, il nous laisse faire et je n'aime pas du tout cela. C'est comme s'il voulait nous stopper, mais tout en nous laissant tout de même assez de temps pour que l'on puisse trouver un plan de secours. Comme s'il voulait qu'on réussisse malgré tout, mais pourquoi ?

Je n'ai pas le temps d'y réfléchir pour le moment, et de toute façon, je ne suis pas certain d'avoir envie de le découvrir. Je préfère rester dans l'ignorance. Je dois me concentrer sur le jeu et essayer de survivre pendant les six heures restantes.

Je décide alors de rejoindre l'ascenseur pour me rendre aux sous-sols, pour tenter de reposer un peu ma jambe qui me fait toujours mal. Mais arrivé devant, j'ai un mauvais pressentiment. Et si je reste coincé dedans ? Je décide alors de me diriger vers les escaliers, à contrecœur.

J'en ai vraiment marre des marches.

Une fois en bas, je me retrouve face aux labyrinthes de couloirs que j'ai parcourus la veille pour me rendre à l'infirmerie. Je ne sais même pas comment Lyam a fait pour ne pas se perdre.

Je ne me rappelle pas parfaitement du chemin que j'ai emprunté, mais je me souviens être parti vers la gauche et je n'ai vu aucune sortie. Je décide alors de partir à droite.

✧ ✧ ✧

Cela fait maintenant un moment que je fais le tour des couloirs, à la recherche d'une sortie, mais je n'en ai trouvé aucune pour le moment. Je suis également descendu voir aux deux autres étages une fois mon tour terminé, mais rien. Je suis entré dans plusieurs pièces en croyant que c'était la bonne, mais en vain. À chaque fois, je fouille la pièce de fond en comble à la recherche d'une enveloppe à mon nom, mais je ne l'ai pas trouvée non plus. Même si je suis censé être libre d'ici quelques heures et qu'elle ne me sera donc d'aucune utilité. J'aimerais quand même bien la trouver, savoir si j'aurais toujours eu ma place dans le jeu ou non. J'ouvre une nouvelle porte, mais c'est encore un faux espoir. Encore une fois, c'est une petite pièce plongée dans l'obscurité, éclairée seulement par les rayons de la lune qui filtre à travers la petite fenêtre. La lune ?

On est en été, enfin si j'ai bien compté les jours depuis mon arrivée il y a huit ans. S'il fait déjà nuit, cela veut dire qu'il est déjà au moins 22 h. Je ne sais pas depuis combien de temps le soleil s'est couché, mais vu la couleur du ciel, cela fait déjà un moment. Tant pis pour mon enveloppe. Il faut que je rejoigne le point de rendez-vous le plus vite possible.

J'espère juste qu'il n'est pas déjà trop tard.

L' épreuveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant