Chapitre 32: Sujet A-388

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Lily. 

À peine ai-je quitté la pièce que j'entends quelqu'un m'appeler. J'accélère le pas, faisant semblant de ne pas entendre. Mais Lilou n'est pas du genre à abandonner si facilement.

Je n'ai le temps de parcourir que quelques mètres supplémentaires avant qu'elle ne m'attrape par le bras pour m'obliger à m'arrêter, à l'écouter.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Rien. Je suis juste inquiète pour Zach.

— Tu mens. Hier t'étais prête à tout pour le faire sortir et ce matin, t'as à peine réagi quand on a évoqué le sujet.

— J'ai juste pas trouvé d'idées. Ça arrive non ? La preuve, même si t'as passé des heures à réfléchir, toi non plus t'as pas de plans.

— Comment tu peux me mentir en me regardant droit dans les yeux ? Je te connais Lily, je sais quand tu mens. Et là, je sais que quelque chose ne va pas.

— Je te l'ai déjà dis-

— Tu es inquiète pour Zach, je sais, me coupe-t-elle. Mais je suis pas débile, je vois bien que c'est pas la seule raison. Quelque chose ne va pas, quelque chose d'autre. Parle-moi, s'il te plait.

Je ne peux pas lui dire la vérité. Je ne sais pas comment elle va réagir et je ne peux pas risquer de perdre un autre de mes amis.

— Je t'expliquerai tout, je te le promets. Mais pour l'instant, je peux pas. Pas tant que je ne suis pas sûre moi-même que tout est vrai. Et c'est pour cette raison qu'il faut que je parte maintenant.

— De quoi tu parles ? Il s'est passé quoi ? Je peux t'aider. On peut trouver les réponses ensemble, mais il faut que tu me parles Lily.

— C'est mieux que je fasse ça seule. Crois-moi, c'est mieux que tu ne sois pas au courant.

— Mieux pour qui ? Pour moi, ou pour toi ?

— Pour toi, pour moi, pour tout le monde.

— Tu me fais peur. C'est Smith pas vrai ? Attends, t'as appris quelque chose par rapport à Zach, c'est ça ?

— Non, ça ne le concerne pas. Même si j'aurais préféré, j'ajoute dans ma tête. Mais ne t'inquiète pas, j'ai tout sous contrôle.

— Non, ne dis pas ça. À chaque fois que tu dis ça, la situation finit par dégénérer à un moment ou un autre.

Je sais que plus la conversation dure, et plus je risque de dévoiler des choses que je ferais mieux de garder pour moi pour le moment. Lilou a un don pour me faire avouer des choses, que je le veuille ou non. Je décide alors de m'éclipser discrètement, la laissant dans son monologue.

— ... comme la dernière fois, elle marque une pause quand elle remarque mon absence. Eh ! Attends, j'ai pas fini ! Tu vas où !?

— Trouver des réponses, crié-je avant de partir en courant en espérant qu'elle ne me suive pas cette fois-ci.

Je parcours deux ou trois couloirs ainsi, et une fois certaine qu'elle a abandonné l'idée de me faire parler, je me mets en route vers ma véritable destination. Tout le long du trajet, je ne peux m'empêcher de culpabiliser de consacrer plus de temps à savoir si ce papier disait la vérité ou non plutôt que d'essayer de trouver un moyen de faire sortir Sirius. Même si je sais que, si c'est vrai, le reste du groupe ne voudra sûrement plus me faire confiance. Et Sirius sera sûrement du même avis une fois qu'il sera au courant à son tour.

Quelques instants plus tard, j'atteins enfin mon objectif : le bureau de Smith. Heureusement pour moi, aucun garde n'attend devant la porte. Maintenant, il ne reste plus qu'à espérer que le bureau soit aussi vide que son couloir. Je colle mon oreille à la porte, mais aucun son ne semble provenir de la pièce. Je sors alors un badge de ma botte et le scanne, en croisant les doigts pour que la porte s'ouvre bien, mais surtout pour que je ne me sois pas trompée.

J'entre alors dans la pièce et je suis aussitôt soulagée de voir qu'elle est vide, comme je l'espérais.

Smith a l'habitude de rester un peu plus longtemps que nous dans la grande salle après chaque repas. Je n'ai jamais compris à quoi cela servait, mais aujourd'hui, je suis bien contente de son absence. En général, il reste environ dix minutes, voire un quart d'heure de plus que nous. Ce qui veut dire qu'en retirant le temps de trajet et mon moment passé avec Lilou, il me reste environ cinq minutes avant qu'il ne revienne ici. L'horloge affiche actuellement 9 h 04, si je ne suis pas sortie d'ici avant dix, je risque gros.

Plus les minutes défilent et plus j'angoisse à l'idée de ne pas avoir assez de temps pour trouver ce que je suis venue chercher. Cinq minutes pour trouver mon nom parmi ces centaines de dossiers est vraiment peu, trop peu.

J'ai déjà fouillé des dizaines de tiroirs, parcouru une centaine de piles de documents. Mais toujours rien, il n'y en a aucun à mon nom. Et s'il s'en était débarrassé après avoir déposé ce papier dans ma chambre ? Non, c'est impossible. Il ne peut pas faire ça, si ? Commençant à perdre espoir, je m'assois sur sa chaise de bureau pour avoir une vue d'ensemble de la pièce. Et là, mon regard se pose sur un dossier à l'écart des autres. Il est posé sous une pile de documents en vrac en haut d'une étagère, si bien camouflés que j'ai failli le louper.

Je lance un énième regard à l'horloge au moment où je le prends dans mes mains. 9 h 07. C'est ma dernière chance. Je retourne alors le dossier pour voir le nom : Lily Collins. C'est la première fois que je suis aussi contente de voir mon nom inscrit quelque part. Je me dépêche alors de parcourir les pages à l'intérieur, en espérant qu'elles contiennent les réponses que je cherche. Je les trouve sur la dernière page. Je relis la même ligne au moins cinq fois, me disant que j'ai peut-être mal lu. Mais non, c'est bien écrit noir sur blanc. Smith a dit la vérité pour une fois. Je n'arrive pas à le croire, comment a-t-il pu me cacher cela pendant toutes ces années ?

Mais je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur mon sort plus longtemps, pas ici en tout cas. Je remets le dossier à sa place avant de quitter la pièce en vitesse. Je lance un dernier regard à l'horloge avant de sortir : 9 h 09. Pile à l'heure.

Je vérifie les couloirs alentours avant de claquer la porte derrière moi. À peine s'est-elle refermée qu'une alarme retentit. Aussitôt, j'entends le bruit des portes qui claquent et celui des gardes qui s'approchent.

Et merde.

Et merde

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