Lyam.
Personne ne sait comment réagir. J'ai vu sur son visage qu'elle préparait quelque chose, mais je ne m'attendais pas à ça. Tout le monde a sursauté quand le premier coup a retenti. Tout le monde sauf elle. Il n'y a eu aucune réaction non plus pour la suivante. Et encore moins pour la dernière. Elle n'a même pas cligné des yeux. Elle a regardé son corps s'écrouler au sol et n'a pas détourné le regard jusqu'à ce que toute vie ait quitté son corps. Il y a tellement de rage dans ses yeux, et même si je la comprends, je dois avouer que cette partie d'elle me terrifie. Et vu le regard des autres, je ne suis pas le seul.
— Elle sort d'où ton arme ?, demande Sacha.
J'étais tellement sous le choc que je ne m'étais même pas posé la question. Lily n'avait pas d'arme sur elle quand on est venu la libérer, j'en suis sûr et certain, je l'aurai forcément remarqué. Alors, elle sort d'où celle-ci ?
— C'est celle de Zach. Désolée, j'aurais peut-être dû te prévenir avant, dit-elle en se tournant vers le principal concerné.
— Attends, quoi ? Non, c'est impossible. La mienne est là, il fouille son uniforme avant de se rendre compte qu'elle dit la vérité. Comment t'as fait pour me la prendre ? Ne me dis pas qu'Alya et Lila étaient complices quand même.
— Non, je n'ai même pas eu besoin de leur demander de l'aide. Elle était par terre quand je suis sortie de la pièce, alors je l'ai ramassée. Mais je peux te la rendre maintenant si tu veux, j'en ai plus besoin.
— Non non, c'est bon, tu peux la garder. J'en ai plus besoin non plus de toute façon.
— T'avais prévu ça depuis combien de temps ?, demande Lilou.
— Depuis un moment déjà, il fallait juste que je trouve le bon moment.
— Mais attends, tu savais qu'on allait venir te sortir de là? Par rapport à l'arme, précise Sacha.
— Cette partie-là n'était pas prévue, non, mais vous êtes plutôt bien tombé, dit-elle en rigolant légèrement.
— T'as bien fait, répond-il.
— C'est vrai, dit Zach, je pense que tout le monde ici a déjà rêvé de le tuer, mais on n'a jamais vraiment osé. Et puis de toute façon, je pense que t'étais la mieux placée pour le faire.
— Alors vous ne m'en voulez pas ?
— Bien sûr que non, répond Alya. Au contraire, j'aurais bien aimé que tu le fasses plus tôt.
— Vous pensez que quelqu'un l'a vraiment obligé à faire tout ça ?, demandé-je.
— Je ne pense pas, répond Sacha. À mon avis, c'était juste une autre façon de nous manipuler. T'en penses quoi toi Lily ?
— Sûrement oui, répond-elle sans nous regarder.
Apparemment, je ne suis pas le seul à avoir des doutes. Mais les autres ne semblent pas si inquiets que ça de ce que le monde extérieur pourrait nous réserver. Au contraire, ils ne pensent qu'à une chose : le découvrir. Surtout Emy.
— Je peux ouvrir la porte maintenant ?, demande-t-elle en posant à nouveau sa main sur la poignée.
— S'il te plaît oui, dit Lila en s'approchant d'elle, impatiente.
— J'ai pas trop envie que les gardes nous trouvent à côté de son corps, alors dépêche-toi s'il te plaît, ajoute Zach.
Emy ouvre enfin la porte. Mais au lieu de sortir, elle a un mouvement de recul. Avec Lily, on est les plus éloignés de la porte, trop loin pour voir ce qu'il se trouve de l'autre côté. Je me fais toutes sortes de scénarios possibles en m'approchant. Mais des hommes en uniforme avec des armes pointées sur nous n'en faisaient pas partie.
— Reculez, dit l'un d'entre eux en donnant un coup à Emy.
Le groupe recule immédiatement, en faisant passer Emy derrière eux pour la protéger. L'homme entre à son tour dans le bâtiment sans baisser son arme. Puis une fois qu'on se trouve à une distance raisonnable de la sortie selon lui, il se décale pour laisser entrer une seconde personne. Contrairement au premier, celui-ci porte un uniforme différent des gardes. Enfin, il ne porte même pas d'uniforme du tout. C'est la première personne que je vois habillée normalement depuis plusieurs mois. Il est vêtu d'un costume noir, comme les hommes politiques que je voyais à la télé quand j'étais petit. Peu importe qui il est, c'est quelqu'un d'important.
— Ce boulet de Smith n'a toujours pas appris de ses erreurs apparemment. Heureusement que je suis là pour assurer la sécurité de ce bâtiment, encore une fois. Pour être honnête, je ne pensais pas que vous retenteriez l'expérience après ce qu'il s'est passé la dernière fois. Mais il semblerait que je vous ai sous-estimé.
— Alors c'était vous le jour de l'incident ?, demande Lily.
— Je vois qu'il y en a au moins une qui suit, c'est bien. Oui, c'était moi, et je recommencerais autant de fois que nécessaire.
Je vois Sacha se tendre à côté de moi. Il fait un pas en avant mais Alya lui attrape le poignet avant qu'il n'aille plus loin. Il reste alors à sa place sans desserrer ses poings pour autant.
— Pourquoi vous faites ça ?, demande Emy. On n'a rien fait de mal, on essaye juste de survivre.
— Vous n'avez rien fait de mal, c'est vrai. Mais je ne peux pas en dire autant du virus qui circule dans vos veines. Il a fait tellement de dégâts... Je refuse qu'il en fasse davantage. Le problème est que vous êtes lié à lui, il vit en vous. Tout comme le danger qu'il représente.
— Aucun de nous n'est malade, dit Sacha. Le virus n'a aucun effet sur nous.
— C'est ce que tu crois petit. Il n'est pas anodin, il ne l'a jamais été et il ne le sera jamais. Il m'a fallu des années pour reconstruire tout ce que j'ai détruit, je ne laisserai pas une bande de gamins tout gâcher.
— Ce que vous avez détruit ? Qu'est-ce que vous voulez dire ?, demande Sacha.
— Je voulais dire ce que le virus a détruit, dit-il en se raclant la gorge.
— Le virus n'était pas un accident, pas vrai ?, demande Lily.
— C'était un accident ! Il n'était pas censé se propager. C'est simplement une expérience qui a mal tourné.
— Oui, une expérience qui a tué des centaines d'enfants et en a condamné des milliers d'autres, répond Zach.
— Assez parlé, occupez-vous d'eux, dit-il en faisant signe à l'homme à côté de lui.
La dernière chose dont je me souviens, c'est le choc du sol froid contre mon visage. Et mes yeux qui se ferment en même temps que la porte de sortie. Condamnant nos maigres espoirs de liberté. Mais juste avant de perdre connaissance, j'ai aperçu un visage. Un visage que je suis sûr d'avoir reconnu, peu importe à quel point l'image était floue, je l'ai vu tellement de fois que c'est impossible que je l'oublie. Le visage de mon père.
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L' épreuve
Science FictionQuand Lyam se réveille, il n'y a rien autour de lui. Mais surtout, il n'a aucun souvenir de comment il est arrivé dans cette pièce. Rien autour de lui ne semble pouvoir l'aider à comprendre ce qu'il se passe. Rien à part peut-être ce bout de papier...