L' épreuve

Chapitre 36: 43:56:04

Zachary. 

— Zach.

Lyam est le premier à parler. Je ne sais pas s'il l'a fait pour attirer l'attention des autres ou simplement pour s'assurer que tout ça est bien réel. Mais ce léger chuchotement suffit à mettre un terme à la discussion en cours. Tous les regards se tournent vers moi en même temps. À peine mon regard croise celui de Lilou, qu'elle s'avance vers moi avant de se jeter dans mes bras. Je n'arrive pas à savoir si ce soudain contact physique me fait plus de mal ou de bien. Mon corps hurle de douleur, mais mon cœur refuse de l'écouter. Je sais à quel point ça fait mal de perdre quelqu'un ou du moins de croire qu'on l'a perdu. Je fais donc abstraction de la douleur et la serre davantage contre moi. Je ne me suis pas rendu compte à quel point elle m'avait manqué jusqu'à maintenant. Et encore moins à quel point mon absence a pu l'affecter jusqu'à ce que nos regards se croisent et que je vois les larmes dans ses yeux.

— J'arrive pas à croire que t'es là, finit-elle par dire en me relâchant.

— Je dois avouer que moi non plus.

Je ne peux m'empêcher de toucher son visage pour être certain que tout ça est bien réel. Mais elle stoppe mon bras avant que je ne l'atteigne. Je la regarde alors dans l'incompréhension, mais ses yeux ont quitté les miens. Son regard est fixé sur mon bras, ou plutôt sur les bleus que ma manche ne couvre plus. Merde.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé là-bas ?

L'inquiétude dans sa voix me brise le cœur. Je déteste la voir mal comme ça, encore plus quand c'est à cause de moi.

— Rien. Tout va bien. Je vais bien, dis-je en retirant sa main avant de baisser ma manche à nouveau

Lorsqu'elle relève la tête, je vois à son regard qu'elle n'en croit pas un mot. Et elle a raison, c'est un mensonge. Mais comment est-ce que je pourrais lui expliquer ? Lui dévoiler la vérité quand moi-même je refuse d'y faire face ? J'attends qu'elle ajoute quelque chose, qu'elle insiste, mais elle reste silencieuse. Elle retourne à côté de Zoé en fuyant mon regard. Je sais qu'elle n'abandonnera pas comme ça, mais j'apprécie qu'elle fasse comme si tout allait bien, au moins pour aujourd'hui. Je lui dirai tout, je leur expliquerai tout ce que j'ai découvert. Mais pas maintenant, c'est trop tôt. Et j'ai encore un faible espoir de me tromper sur toute la ligne malgré les preuves que j'ai.

— ... ici ?

J'étais tellement perdu dans mes pensées que je n'ai même pas entendu la voix d'Alya jusqu'à maintenant. Heureusement pour moi, Lyam, qui a dû remarquer mon air perdu, me répète ce qu'elle a dit. Il est toujours dos au reste du groupe, et sa proximité lui permet de me chuchoter quelque chose sans que les autres entendent. Ainsi, grâce à lui, personne ne semble remarquer mon petit moment d'absence.

— Je ne sais pas vraiment comment je suis arrivé. Je me suis juste réveillé dans la pièce. Je n'ai aucun souvenir de comment je suis sorti du laboratoire.

— Du gaz soporifique, répond Alya.

— Du quoi ?

— Du gaz soporifique, répète Lyam. C'est ce que Smith a utilisé sur nous dans la grande salle. Il nous a tous endormis avant de nous emmener ici. Il a sûrement fait la même chose avec toi.

— Enfin, c'est ce qu'il a utilisé sur nous huit, ajoute Sacha. En ce qui concerne Lily, on n'en sait rien.

Ses remarques ne m'avaient vraiment pas manqué. Je m'apprête à dire quelque chose, mais je vois le regard que Lilou lui lance. Zoé semble me supplier du regard de ne rien dire. Apparemment, quelques tensions sont apparues entre eux pendant mon absence.

— Qu'est-ce que tu veux dire ? T'étais pas avec eux dans la salle ?, demandé-je en me tournant vers la principale concernée.

Elle secoue la tête et s'apprête à me répondre quand Sacha lui coupe la parole. Il commence vraiment à m'agacer. Je culpabilise un peu moins de mon coup de la dernière fois, j'aurai peut-être dû frapper plus fort au final.

— Non. Elle avait disparu, encore. Elle était sûrement avec Smith. La veille, il voulait lui parler alors, elle a sûrement passé du temps avec lui le matin aussi, pas vrai Lily ? Parce que-

— Parce qu'elle est la fille de Smith, complété-je.

— T'étais au courant ?, me demande Lyam.

— Smith me l'a dit quand j'étais au labo. Je ne l'ai pas crû, je pensais que c'était juste une façon de me manipuler. D'essayer de me retourner contre vous, contre toi, dis-je en me tournant vers Lily. Mais c'est vrai alors ?

Elle hoche la tête. Je cherche quoi lui dire. Je veux qu'elle sache que peu importe qui est son père, cela ne change pas notre relation. Je la connais, je sais qu'elle n'est pas du tout comme lui. Mais les mots restent bloqués dans ma gorge.

Une alarme brise le silence quelques secondes plus tard. Le malaise entre Lily et moi s'évapore au même instant.

— C'est quoi ça ?, dit-elle en se bouchant les oreilles.

— Aucune idée. C'est peut-être pour signaler le début de l'épreuve ?

— Non, elle a déjà retenti dans la grande salle, me répond Lyam. Je l'ai entendu juste avant de perdre connaissance.

— Attendez, c'est moi ou le sol est en train de bouger ?, demande Lilou paniquée.

Je m'apprête à la contredire, mais elle a raison. La pièce est en train de trembler. Pourtant, ce n'est pas le sol qui bouge, mais les murs.

— Le mur est en train de s'ouvrir, dis-je, le regard fixé droit devant.

Ils tournent tous leur tête dans la même direction. Plus personne n'ose parler, sous le choc de ce qu'on est en train de voir. Le mur s'ouvre comme une porte. On va enfin sortir de cette pièce et je ne sais toujours pas si je dois m'en réjouir ou non. L'alarme se stoppe net une fois le mur complètement ouvert. On s'avance alors tous en direction de ce qu'on pense être la sortie. Mais en face de nous s'étend un long mur, et encore d'autres de chaque côté. Une multitude de murs s'étend de part et d'autre.

— Je pense avoir trouvé en quoi consiste la quatrième épreuve, dis-je tout bas.

C'est un labyrinthe. Et au centre de celui-ci trône un minuteur géant. Le décompte a déjà commencé, je ne sais pas depuis combien de temps. Depuis peu, je l'espère.

43 :56 :04.

Il nous reste donc un peu moins de deux jours pour sortir d'ici.