Lyam.
Je reprends connaissance sur un sol aussi froid que celui que je viens de quitter, même si je dois avouer que celui-ci semble un peu plus dur que le précédent. J'ouvre les yeux doucement pour ne pas être ébloui par une quelconque lumière, mais surtout pour que personne ne voie que je suis réveillé si jamais je ne suis pas seul. Sauf qu'en ouvrant les yeux, je me retrouve face à un plafond sombre avec plusieurs petites lumières et une plus forte. Non, ce n'est pas un plafond. C'est le ciel. Le ciel étoilé et la lumière que je vois n'est autre que la lune. Il n'y a qu'un seul endroit où j'ai déjà pu observer ce spectacle.
Non. Non. Non. Pas encore...
Je me relève d'un bond en espérant me tromper. Mais ma première intuition était la bonne, je suis de retour dans le labyrinthe. Sauf que cette fois-ci, je suis seul.
Je n'ai pas bougé depuis mon réveil. Le fait de me savoir à nouveau enfermé ici a anéanti tous mes espoirs de liberté. On a bien failli y passer la première fois, alors sortir d'ici en vie tout seul est mission impossible. Autant que je signe mon arrêt de mort dès maintenant. Je ne sais même pas si les portes vont s'ouvrir à un moment ou un autre, mais ce n'est pas important. Dans tous les cas, je ne bougerais pas d'ici. J'en ai marre de me battre inutilement. J'ai tout essayé pour sortir d'ici, mais j'ai échoué encore et encore. Je ne sais même pas où sont mes amis ni même s'ils sont encore en vie. Alors s'ils m'ont envoyé ici pour me tuer, qu'ils viennent.
Ils savent où me trouver de toute façon.
Le bruit du haut-parleur me sort de mes pensées. Pendant un bref instant, la peur m'envahit en pensant que c'est à nouveau un coup de Smith, avant que la vision de son corps me revienne. Mais je ne suis pas certain que ce qui m'attend est beaucoup mieux que lui.— Je ne voulais pas en arriver là, mais vous ne m'avez pas laissé le choix. J'espère pour vous que vous êtes aussi efficace en solo qu'en groupe. Parce que cette fois-ci, vous ne pourrez compter que sur vous-même pour sortir. Inutile de chercher les autres, vous ne les trouverez pas. Un dernier conseil : faites attention où vous mettez les pieds, les pièges ont un peu changé.
« Vous ne les trouverez pas ».
Cela ne peut signifier que deux choses. Soit, ils nous ont répartis dans tout le labyrinthe et vu sa taille, il est quasiment impossible que nos chemins se croisent. Ou alors, ils ne sont pas du tout dans le labyrinthe. Mais dans ce cas-là, pourquoi dire « vous » ? Je suis presque certain qu'il nous a tutoyés tout à l'heure, ce qui veut dire que les autres sont là quelque part. Ils sont en vie, mais pour encore combien de temps ?
Quelques secondes plus tard, les portes s'ouvrent, mais je ne bouge pas pour autant. Mais apparemment, ils avaient prévu que quelqu'un leur résiste parce qu'au même moment, le mur derrière moi commence à avancer vers moi. Et cette fois-ci je suis sûr que ce n'est pas mon imagination qui me joue des tours. C'est bel et bien réel. Je suis donc contraint à entrer dans le labyrinthe malgré tout. J'ai à peine pénétré à l'intérieur que j'entends le bruit du mur qui se referme derrière moi. Il n'y a plus de retour en arrière possible. Je n'ai plus le choix désormais, il faut que je trouve à nouveau cette sortie.
♦ ♦ ♦ ♦ ♦
Ça fait un moment que je tourne. J'ai perdu la notion du temps, il y a bien longtemps. Je décide alors de faire une petite pause. La fatigue se fait ressentir de plus en plus et la soif n'aide en rien. J'avais espéré trouver un petit sac comme la dernière fois, mais il n'y en avait pas, ou alors je ne l'ai simplement pas vu. Il faut dire que la lune n'éclaire pas énormément. J'ai déjà eu beaucoup de chances de ne pas m'être blessé avec un quelconque piège.
Au moment où je pose mes fesses sur le sol, j'entends un bruit non loin de moi. Un bruit de pas ? Est-ce qu'il serait possible que mon chemin ait croisé celui d'un de mes amis ? Je me relève alors aussitôt pour aller voir. Mais mes espoirs s'évaporent aussi vite qu'ils sont arrivés. Plus le bruit se rapproche, et plus il devient fort. Quand il n'est plus qu'à quelques mètres, je suis obligé de me boucher les oreilles tellement le bruit des pas devient fort. Je ne sais toujours pas d'où il provient, mais je suis presque certain que cette chose est tout sauf humaine.
Je recule doucement pour pouvoir observer tout en restant dans la pénombre. Quelque chose me dit qu'il ne vaut mieux pas que je sois repéré. C'est à ce moment qu'elle arrive enfin dans mon champ de vision. D'abord ses pattes, de longues pinces métalliques qui mesurent au moins le double de moi. Et puis sa tête, composée majoritairement d'yeux. Douze si j'ai bien compté. Elle ne ressemble à rien que j'ai déjà vu. La seule chose qui me vient à l'esprit est une araignée, vu son nombre d'yeux. Mais une très grosse araignée. Beaucoup plus effrayante que celles que je vois d'habitude. Cette chose peut m'avaler tout cru si elle le souhaite, sans problème. Quand elle tourne sa tête dans ma direction, je recule davantage dans la pénombre de peur qu'elle ne me repère. Mon coude heurte le mur. Et la chose s'immobilise. Je mets ma main sur ma bouche pour étouffer le bruit de ma respiration. En espérant que ça soit suffisant pour que je passe inaperçu. Elle reste encore ainsi quelques secondes, fixant l'endroit où je me trouve, sans bouger pour autant. Puis, elle finit par détourner le regard et reprend sa route. Je reste immobile encore quelques instants avant de relâcher ma respiration. Même si elle est désormais partie, je décide tout de même de me remettre en route assez vite. Ça m'étonnerait qu'elle soit toute seule dans l'ensemble du labyrinthe, et je n'ai pas vraiment envie de faire connaissance avec les autres.
Malheureusement pour moi, tout ne se passe pas toujours comme on le souhaite. Il ne m'a fallu que quelques minutes de marche pour me retrouver face à face avec l'une d'entre elles dans une impasse. Dès que je l'ai vu, j'ai fait demi-tour. En espérant qu'elle n'ait pas encore remarqué ma présence comme elle était de dos, mais j'étais beaucoup trop optimiste. J'ai à peine fait un pas qu'elle s'est retournée et a avancé dans ma direction, plaçant sa queue devant moi. Elle a condamné ma seule option de sortie. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que je ne sortirai pas d'ici en vie. Je sens sa présence dans mon dos, et les piques sur sa queue sont tout sauf rassurantes. Je finis tout de même par lui faire face. Après tout, quitte à mourir, autant que ce ne soit pas comme un lâche. Mon regard se plante dans ses yeux, enfin dans deux d'entre eux. Je réussis de justesse à esquiver l'une de ses pinces, mais je ne suis pas aussi chanceux la seconde fois. Elle me griffe sur tout mon côté gauche, principalement mon bras et mon ventre. Avant de m'attraper avec sa queue puis de me balancer un peu plus loin dans l'allée. Ma tête heurte violemment le sol. Je réussis tout de même à distinguer sa silhouette au moment où elle disparaît à nouveau dans l'obscurité du labyrinthe. Quelques instants plus tard, je perds connaissance à nouveau.
À peine ai-je repris connaissance que je m'empresse de soulever mon t-shirt pour voir les dégâts qu'elle a causés. Mais à ma plus grande surprise, je n'ai aucune égratignure. Je ne suis même pas un peu rouge. Je regarde alors mon bras, pensant avoir imaginé l'impact sur mon ventre. Mais il n'y a aucune trace non plus. Pourtant, je suis sûr d'avoir été touché, je me rappelle encore la chaleur du sang au moment où sa pince est entrée en contact avec ma peau. Je m'assois alors pour prendre ma tête dans mes mains, vérifiant que je ne saigne pas. J'ai dû me cogner plus fort que ce que je pensais, je n'ai pas l'esprit clair ; c'est la seule option possible. Mais je n'ai rien à la tête non plus. Et quand mon regard se pose sur ce qu'il y a devant moi, je me dis que je suis vraiment devenu fou. Il y a un mur devant moi, enfin plutôt une porte ; la même que celle qui s'est ouverte quelques heures plus tôt. Je suis revenu au même endroit. Je suis à nouveau au point de départ.
VOUS LISEZ
L' épreuve
Fiksi IlmiahQuand Lyam se réveille, il n'y a rien autour de lui. Mais surtout, il n'a aucun souvenir de comment il est arrivé dans cette pièce. Rien autour de lui ne semble pouvoir l'aider à comprendre ce qu'il se passe. Rien à part peut-être ce bout de papier...