Chapitre 56: Cobayes

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Lyam.

Je ne comprends toujours pas comment c'est possible. Est-ce que tout cela n'est qu'un rêve ? Peut-être que j'ai juste imaginé tout ce qui vient de se passer et que rien de tout ça n'est vraiment réel. Le bruit du haut-parleur retentit, exactement le même bruit que dans mon rêve. Puis cet homme commence à faire son mini-discours, comme Smith avait l'habitude de le faire.

— Je ne voulais pas en arriver là, mais vous ne m'avez pas laissé le choix. J'espère pour vous que vous êtes aussi efficace en solo qu'en groupe. Parce que cette fois-ci, vous ne pourrez compter que sur vous-même pour sortir. Inutile de chercher les autres, vous ne les trouverez pas. Un dernier conseil : faites attention où vous mettez les pieds, les pièges ont un peu changé.

Il a dit mot pour mot ce que j'ai entendu dans mon « rêve », ce ne peut pas être une coïncidence. Je n'ai pas rêvé, tout ça est bien réel. Mais dans ce cas-là, comment est-ce que je suis revenu ici ? Je n'ai plus beaucoup de temps avant que les portes s'ouvrent de nouveau, il faut que je comprenne ce qu'il s'est passé. Je regarde alors tout autour de moi à la recherche du moindre indice pouvant m'aider, et mon regard finit par se poser sur le ciel. Les étoiles ont été remplacées par un beau ciel rose éclairé par le soleil qui commence à se lever. Soudain les mots de Lily me reviennent en tête : « On est sous-terre. Tout ce qu'on voit par les fenêtres est faux. Chaque détail de cet extérieur est créé de toutes pièces. »

Elle avait dit ça quand on pensait avoir trouvé une sortie. Mais si le bâtiment est sous-terre, cela veut dire que le labyrinthe l'est aussi. Donc le ciel n'est qu'une illusion. Une idée surréaliste me traverse l'esprit. Et si le ciel n'était pas la seule chose fabriquée de toute pièce ? La première fois que je me suis retrouvé dans le labyrinthe, c'était bien réel, j'en suis sûr. Mais cette fois-ci, je ne le suis pas autant. Les créatures n'étaient pas là avant et ça m'étonnerait qu'ils soient entrés dans le labyrinthe pour y déposer d'autres pièges. À moins que tout ça n'ait été fait à l'aide d'un ordinateur. Même si tout ça me parait impossible, ça expliquerait tout. Ça expliquerait pourquoi je n'ai aucune trace de blessure et surtout pourquoi je suis de retour ici. Tout ça n'est qu'un test. « Vous ne pourrez compter que sur vous-même pour sortir » parce que tout se passe dans notre tête.

Zach a réussi à échapper aux manipulations de Smith en se concentrant sur ses souvenirs, les personnes importantes pour lui. Je ne suis pas vraiment dans le même cas que lui, mais presque, ils essaient de manipuler mon cerveau. Alors peut-être que si j'essaye de faire comme lui, j'arriverai à sortir d'ici. Mon cerveau ne fait pas la différence entre ce qui est réel et fictif, mais peut-être que si je me concentre assez sur la réalité de mes souvenirs. Alors, j'arriverai à faire la distinction entre les deux, à revenir à la réalité. Il faut que j'essaye, de toute façon, je n'ai rien à perdre.

Mes souvenirs défilent dans mon esprit. Je revois les moments de joie avec mes amis. Avec Ethan. D'autres souvenirs sont plus douloureux. Je revois Zach se faire poignarder, puis le corps de Zoé couvert de sang. La douleur que j'ai ressentie en découvrant la lettre d'Ethan me submerge à nouveau, mais je n'arrête pas pour autant. Peu importe à quel point revivre tout ça me fait mal, je ne peux pas m'arrêter. Que je le veuille ou non, ils sont bel et bien réels. Et j'ai besoin de cette part de réel pour sortir d'ici.

Tous ces souvenirs se mélangent dans ma tête. Les voix et rires de mes proches résonnent dans mon esprit. Je m'accroche à ça au moment où je ferme les yeux pour me concentrer davantage, essayant de faire abstraction du bruit des murs qui bougent autour de moi.

Rien de tout ça n'est réel. C'est comme un rêve. Alors réveille-toi !

Je rouvre les yeux, épuisé. Mais mon regard se pose sur un mur blanc, ou plutôt un plafond. J'ai réussi, je suis sorti du labyrinthe. Le bruit des murs a disparu, remplacé par des bips stridents. Des machines ? Je tente de tourner la tête pour voir ce qu'il se passe dans cette salle, mais quelque chose au-dessus de ma tête m'en empêche. Et c'est à ce moment-là que je vois les fils au niveau de mon bras, reliés à une machine à côté de moi. D'autres fils sortent de cette même machine et partent vers le haut de mon crâne. Ce n'est pas quelque chose au-dessus de ma tête qui m'empêchait de bouger, mais quelque chose posé sur mon crâne. J'entends du bruit à côté de moi et même si mes mouvements sont limités, je réussis à tourner la tête assez pour voir ce que c'est. Zach est allongé à côté de moi, relié lui aussi à des machines. Je n'ai pas besoin de voir l'ensemble de la salle pour comprendre que le reste du groupe est là aussi. On est tous branchés à ces machines, incapables de bouger, tels des cobayes. 

L' épreuveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant