L' épreuve

Chapitre 59: Réconciliation

Zachary. 

Après plusieurs heures de route et cinq changements de conducteurs, je me retrouve derrière le volant avec une voiture en réserve et sans idée précise d'endroit où aller. C'est finalement la voiture qui décide pour moi. Elle tombe en panne juste devant une maison.

— Vous pensez qu'on doit prendre ça comme un signe ?, demande Alya.

— Un signe, je sais pas. Mais je crois qu'on a trouvé l'endroit parfait pour passer la nuit, répond Sacha avant de descendre de voiture.

Cette maison est en bien meilleur état que les premières qu'on ait pu voir. Au fur et à mesure qu'on traversait les villes, j'ai pu remarquer l'amélioration. C'est comme si les dégâts s'étaient principalement propagés autour de l'hôpital. Plus on s'en éloigne et moins les dégâts semblent importants. Peut-être même qu'il existe des villes avec des enfants en parfaite santé, des villes épargnées à quelques dizaines ou centaines de kilomètres d'ici. J'espère pouvoir les découvrir un jour, pouvoir reprendre une vie plus ou moins normale. Mais pour l'instant, je ne pense qu'à une chose : dormir.

On entre alors dans cette grande maison vide. Les anciens résidents ne doivent pas être partis depuis très longtemps parce que tout fonctionne encore. On passe de pièce en pièce, allumant la lumière pour prendre connaissance des lieux, mais surtout pour s'assurer qu'on est en sécurité. Une fois certain qu'on est bien seul, on choisit une chambre dans laquelle passer la nuit.

Pour la première fois depuis un moment, je n'ai pas peur de fermer les yeux et ce même si j'ignore encore ce que me réservent les jours et semaines à venir. Juste le fait de savoir que je suis loin de tout ça est suffisant pour apaiser mes peurs. En m'endormant, je ne peux m'empêcher de repenser à une promesse que j'ai faite ce qui semble être il y a une éternité. J'ai promis de continuer à me battre coûte que coûte, de tout faire pour sortir d'ici. Et j'ai tenu ma promesse jusqu'au bout. Et même si je ne suis pas certain que ce soit vrai, j'aime penser qu'il peut m'entendre. Alors, je répète les mêmes mots encore et encore, pour lui, mais surtout pour moi. Pour me prouver que je pouvais le faire depuis le début, qu'il suffisait que je croie un peu en moi. Comme mes amis croyaient en moi. Comme Charlie a cru en moi. La pièce est éclairée par une étoile filante quand je le dis une dernière fois.

Je l'ai fait Charlie.

Je sens une larme solitaire rouler le long de ma joue parce que je ne peux m'empêcher de penser que c'est lui. Que cette étoile était un signe pour me dire que peu importe où il est, il m'a entendu. Je lance un dernier regard aux étoiles avant de fermer les yeux. Mon regard se pose immédiatement sur la plus brillante d'entre elles. Étrangement, j'ai l'impression que ce soir, elle brille encore plus que d'habitude. Comme si quelqu'un d'autre s'était joint à elle, une autre étoile. Mon étoile préférée. Et je m'endors le sourire aux lèvres en pensant à mon frère qui veille sur moi et qui, je l'espère, est fier du chemin que j'ai parcouru depuis son départ.

♦ ♦ ♦ ♦ ♦

Le lendemain matin, je me réveille à l'aube. Peu importe combien de fois je tourne sur moi-même, je n'arrive pas à me rendormir. Je quitte alors la pièce sur la pointe des pieds, en faisant de mon mieux pour ne réveiller personne. Je longe le couloir et observe chacune des pièces. Elles semblent différentes à la lumière du jour, moins effrayantes. Au bout d'un moment, la faim se fait ressentir et je décide donc de descendre dans la cuisine. Peut-être qu'avec un peu de chance, les anciens propriétaires ont laissé un peu de nourriture derrière eux. Mais quand j'arrive dans la pièce, des aliments sont déjà étalés sur le plan de travail. Ils n'étaient pas là hier, j'en suis sûr.

— Je me suis dit que vous auriez peut-être faim en vous réveillant, dit une voix dans mon dos.

Je sursaute et me retourne immédiatement, la main posée sur mon cœur dont la vitesse des battements a probablement doublé en une seconde à peine.