Chapitre 58: Ville fantôme

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Lyam.

Un pas seulement nous sépare du monde extérieur, de notre liberté, et pourtant personne ne bouge. On est tous sous le choc du spectacle devant nos yeux. Un spectacle bien loin de ce que j'avais imaginé. Tout ce temps, je pensais que la raison pour laquelle personne n'était jamais venu nous chercher était parce que personne ne connaissait notre emplacement exact. Je pensais que le bâtiment se trouvait au milieu de nulle part, loin de toute civilisation. Et je n'étais pas si loin de la réalité finalement. Sauf qu'on ne se trouve pas au milieu de champs, mais dans une ville. Une ville en ruine, vidée de toute population. Je finis par sortir pour pouvoir mieux observer les dégâts. Je commence à avancer quand je prends conscience que les autres n'ont toujours pas bougé. Je me tourne alors vers eux, et c'est à ce moment-là que je le vois. Le bâtiment dans son ensemble. Même si la porte qu'on a utilisée est située sur le côté, il n'est pas difficile de comprendre à quoi elle servait auparavant. Avec ses grands murs blancs et ses nombreuses fenêtres qui s'étendent sur plusieurs étages, pas étonnant que mon père ait cru bien faire. On vient de quitter un hôpital.

— C'est vraiment pas comme ça que j'imaginais ma future vie, je sursaute en entendant la voix de Zach à côté de moi, je ne l'ai pas entendu arriver.

— Moi non plus. Ce n'était pas comme ça dans mes souvenirs.

— Le virus a sûrement eu beaucoup plus d'impact que ce qu'on pourrait imaginer, dit Lily en me rejoignant à son tour.

— Alors c'est à cause de nous tout ça ?, demande Emy.

— Non, réponds-je. Ceux qui ont répandu le virus et tué des milliers d'innocents en sont les seuls responsables. On est juste des dommages collatéraux.

On reste silencieux quelques instants, le temps de prendre conscience de la réalité. Puis, on se décide enfin à quitter cet endroit qui nous a déjà trop pris. On parcourt les rues de cette ville pendant un moment. On passe devant tellement de maisons délabrées que j'en perds le compte. Puis soudainement Alya s'arrête devant l'une d'entre elles. Je sais ce qu'elle va dire avant même qu'elle n'ouvre la bouche.

— C'était ma maison.

En l'observant de plus près, je remarque les vitres brisées. Ainsi que les branches qui s'engouffrent à l'intérieur. Vu son état, ça doit faire déjà plusieurs années que cette maison n'est plus habitée. Des années que la famille d'Alya est partie, ou pire.

— Pendant toutes ces années, la seule chose à laquelle je pensais, c'était de les retrouver. Dès que j'avais envie d'abandonner, je pensais à eux, à ma petite sœur. J'étais vraiment débile de croire que je leur manquais. Ils sont partis et ont sûrement recommencé leur vie comme si de rien n'était loin d'ici.

— Ne dit pas de bêtises. Je suis sûre que tu leur manques. Et puis, on avait très peu de chance de sortir de là-bas un jour. Ils ont sûrement pensé qu'ils t'avaient perdu pour toujours.

— C'est gentil d'essayer de me rassurer Lila, mais c'est inutile. C'est triste, mais c'est la vérité, ils m'ont abandonné. Ça ne sert à rien de rester ici plus longtemps, allons-y.

On se remet alors en route. Alya ne décroche pas un mot du trajet. On marche pendant des heures sans vraiment savoir où on va. On s'accorde seulement des pauses quand l'un d'entre nous reconnaît sa maison d'enfance. Et à chaque fois le résultat est le même, la maison est vide. Nos familles sont parties. Toute trace de notre passage dans cette ville a été effacée avec le temps. Il ne nous reste plus rien, plus personne. On est dans une ville fantôme.

Le soleil finit par se coucher lentement, mais on ne s'arrête pas pour autant. La peur d'être retrouvé est encore bien trop présente. Il faut dire qu'à pied, il est difficile d'aller très loin.

— Il nous faut une voiture.

— Pourquoi faire ? Aucun d'entre nous ne sait conduire, dit Emy.

— C'est pas grave. On a juste besoin de quelque chose pour s'éloigner d'ici plus vite qu'en marchant. Et puis de toute façon, ce n'est pas comme si on risquait de se faire arrêter.

— C'est vrai. Mais qui va conduire du coup ?, demande Sacha.

— On verra ça en temps voulu. Pour l'instant, il faut qu'on trouve une voiture qui est encore capable de rouler.

On passe donc chaque voiture qu'on voit en revue, mais soit le moteur ne s'allume pas, soit elles sont trop petites pour qu'on rentre tous. Heureusement pour nous, la chance semble être de notre côté pour une fois parce qu'on finit par en trouver une après seulement une heure de recherche. Après plusieurs minutes de réflexion, on décide de laisser le volant à Sacha. C'est ce qui paraît le plus logique comme il est le plus âgé d'entre nous. 

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