Chapitre 51: Tout détruit

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Smith. 

3 mois plus tôt. 

— Chef, on a un problème.

Je lève immédiatement la tête de mes dossiers et me tourne vers ce garde dont je n'ai jamais retenu le nom.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Vous n'avez pas réussi à éliminer M. Young ?

— Si, tout s'est déroulé comme prévu. Enfin presque. Quelqu'un nous a vus faire.

— Quelqu'un ? Vous voulez dire un participant ? Si vous parlez de M. Barnes ce n'est pas important, personne ne le croira de toute façon. Tout mon plan est basé sur lui.

— Non, il n'a rien vu. Mais Lyam Scott, lui, a vu toute la scène.

— Vraiment toute la scène ?

— Je ne sais pas exactement à quel moment il est arrivé. Mais il a vu qui a tiré, j'en suis sûr.

— Alors qu'est-ce que vous attendez ? Allez le chercher, maintenant !

Il hoche la tête et quitte la pièce aussi vite qu'il est arrivé.

Je devrais revenir à mes occupations, mais je n'y arrive pas. Je tourne en rond dans la pièce en attendant son retour. J'espère que ce n'est pas déjà trop tard. S'il est le seul au courant, je peux régler le problème. Mais s'il a déjà eu le temps de tout raconter ne serait-ce qu'à une seule personne, je suis foutu. Je n'ai plus le droit à l'erreur. Il faut impérativement que tout le monde croie que Sacha Barnes est coupable. Je regarde à nouveau l'heure, comptant les minutes depuis l'incident. Dix minutes. Dix petites minutes qui peuvent être largement suffisantes pour tout détruire. Je suis sur le point de quitter la pièce pour aller le chercher moi-même quand ma porte s'ouvre brusquement. Le garde est de retour, Lyam sur ses pas.

— Lyam ?, dis-je d'une voix calme qui, je l'espère, ne laisse pas entrevoir mon état. J'ai besoin de savoir précisément ce que tu as vu aujourd'hui au sujet de Charlie Young.
Il m'observe un instant, réfléchissant sûrement s'il ferait mieux de dire la vérité ou non. Après quelques secondes de silence, il finit par prendre la parole.

— J'ai vu l'un de vos gardes lui tirer dessus. Sacha avait l'arme dans les mains, mais ce n'est pas lui qui a tiré, j'en suis sûr.

Apparemment, il a opté pour la vérité. Ça m'arrange.

— Même si c'est un garde qui a tiré, je sais que vous êtes derrière tout ça, C'est vous le vrai coupable, dit-il en haussant le ton. Pourquoi vous avez fait ça ? Pourquoi vous l'avez tué !?

Il serre les poings pour empêcher les larmes de rage au coin de ses yeux de couler, avant de plonger son regard dans le mien dans l'attente d'une réponse.

— Je n'avais pas le choix. C'était trop dangereux de le laisser parmi nous tous plus longtemps.

— Vous vous êtes servi de lui. Et de Sacha. Vous vous êtes servi de mes amis !

Je me tourne vers le garde qui l'a amené ici, laissant Lyam m'insulter de tous les noms dans le vide.

— Emmenez-le au laboratoire. Et faites en sorte que personne ne le voit.

Il hoche la tête à nouveau et se dirige vers lui. Lyam s'arrête immédiatement de parler quand il le voit s'approcher. Il nous regarde tous les deux, l'air paniqué. Il se débat de toutes ses forces et le garde a dû mal à l'immobiliser. Même une fois bloqué de tout mouvement, Lyam ne se laisse pas faire pour autant. Le garde est obligé de le traîner hors de la pièce pendant que Lyam hurle de toutes ses forces. Ses cris se font encore entendre même une fois la porte de mon bureau refermée.

Je reste encore plusieurs minutes seul dans mon bureau, me demandant si ce que je m'apprête à faire est vraiment la bonne solution. Je n'ai pas vraiment le choix de toute façon.

Je finis donc par quitter la pièce et rejoindre le laboratoire à mon tour.

Quand je pénètre dans la pièce, Lyam est déjà allongé sur le siège, endormi. Le docteur a déjà été briefé sur ce qu'il s'est passé. Il commence donc à injecter le produit dans la seringue quand il me voit arriver.

— Attendez, dis-je quand je le vois s'approcher de Lyam. Vous êtes sûr que cette dose est suffisante ? Il faut absolument qu'il oublie ce qu'il a vu.

— Je sais ce que je fais.

— Mettez-lui deux doses.

— Pardon ?

— Je n'ai pas été assez clair ? Injectez-lui deux seringues.

— Pourquoi deux ? Une seule serait déjà largement suffisante pour ce laps de temps. Je ne comptais même pas lui administrer la dose complète.

— Arrêtez de poser des questions et faites ce que je vous dis.

— Chef, m'interpelle un des gardes. Le dosage est trop fort pour lui. Il risque d'oublier tout ce qu'il s'est passé depuis son arrivée ici.

— C'est parfait. On ne sait jamais.

Le médecin n'insiste pas plus et suit mes instructions. Il lui injecte donc les deux doses et reste plusieurs minutes devant ses écrans avant de nous confirmer que ça a marché. Il ne se souvient ni de son passage dans cet établissement ni de ses amis. Et surtout, il n'a pas le moindre souvenir de ce qu'il a vu aujourd'hui. Il ne se souvient d'absolument rien, sauf de ce que je veux.

— Vu la dose qu'il a reçue, il devrait rester inconscient encore plusieurs heures, dit-il en quittant enfin ses écrans des yeux.

C'est parfait. Je lui ordonne alors de quitter la pièce et il s'exécute. Tout le monde le suit. Sauf un garde, celui qui s'est interposé tout à l'heure. Le même qui a emmené Lyam ici. Son regard passe de ce-dernier à moi.

— Je ne vais pas le tuer si c'est ce à quoi vous pensiez.

— Je me demandais juste ce qu'il va lui arriver maintenant, dit-il, le regard toujours fixé sur Lyam. Enfin, je veux dire, est-ce que je peux faire quelque chose pour vous?

— Appelez son père. On le renvoie chez lui.

Jusqu'à ce qu'on ait à nouveau besoin de lui, je me retiens d'ajouter.

L' épreuveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant