Après être rentrée, je me suis directement éclipsée à l'étage pour être seule et réfléchir. Je suis encore plus perdue qu'avant. Savoir que Nash fait partie du club ne me fait pas peur comme je le pensais. Je comprends mieux la présence de tous les bikers et je comprends mieux l'amitié qui le lie à certains d'entre eux.
Je suis en train de peindre la dernière partie du dessin quand j'entends des personnes entrées. Je me tourne et vois Solène accompagnée de Nejma.
— Tes mains ont l'air d'aller mieux.
Je souris.
— Oui, j'ai enfin pu me débarrasser des bandages. Ça fait encore un peu mal, mais j'arrive à m'en servir.
— C'est bien. On va dans l'appartement que je puisse regarder les brûlures aux pieds ?
Je hoche la tête et me lève. Pour les pieds, même si je ne le montre pas, j'ai mal. Les chaussures n'arrangent rien, je dirais même qu'elles empirent les choses, mais je ne vais pas me balader à pied nu donc je prends sur moi et il y a trop de choses à faire pour que je reste sans rien faire.
Je suis les deux femmes jusqu'à l'appartement et enlève mes chaussures avec un soupir de soulagement. Solène s'attaque directement à regarder mes blessures et relève un regard sévère vers moi.
— Interdiction de remettre des chaussures !
— Mais...
— Il n'y a pas de mais qui tienne ! Elles te font souffrir et ne dis pas non. J'ai vu tes grimaces de douleurs quand tu marches. Soit tu mets des chaussons, soit de grosses chaussettes, mais plus de chaussures. Elles te compressent le pied et
empêchent la guérison. Si je te vois encore avec des chaussures, je te prends toutes tes paires.
J'abdique, au final, elle a raison. Elle soigne mes brûlures et finit par prendre congé en me laissant seule avec Nejma.
— Comment t'es-tu fait ça ?
— J'ai voulu retirer la casserole de pomme de terre qui débordait. Je me suis brûlée et la casserole est tombée sur mes pieds.
Elle sourit.
— Mon frère ne mentait pas. La cuisine ce n'est pas ton fort.
Je souris.
— Non pas du tout. Il m'a dit que tu m'apprendrais.
— Avec plaisir. Je ne saurais pas être là tous les soirs, mais on va faire une liste de ce que tu veux manger la semaine et je te ferais la liste de course et les menus avec explications. Ça te va ? Quand je sais être là, je t'aiderais et quand je ne suis pas là, tu sauras te débrouiller seule.
— Merci.
Voilà comment on se retrouve à faire un menu, une liste de course et des recettes. Toutes sont simples, mais je suis sûre délicieuse. J'ai hâte de m'y mettre. Grâce à Nejma, j'ai pu penser à autre chose et le reste de la journée est vite passée. Agathe et Mathilde sont venues nous rejoindre et nous avons mangé toutes les trois quand Nejma est partie. Je ne sais pas où en sont les garçons ni si Nash mangera ce que j'ai préparé, mais je lui laisse une assiette dans le frigo avant d'aller prendre une douche puis me coucher. J'ai un plan en tête pour appeler Noah et je compte bien le faire une fois Nash endormi. J'espère juste ne pas m'endormir en attendant qu'il arrive et s'endorme.
Le temps est long, beaucoup trop long et je manque plusieurs fois de m'endormir avant qu'il arrive. Quand enfin c'est le cas, j'attends encore quelques minutes avant de sortir du lit discrètement et d'embarquer son téléphone. J'espère juste qu'il n'a pas mis de code dessus.
En voyant l'heure, je calcule vite fait les heures de décalage et me rends compte qu'il est trop tôt à Londres pour qu'il soit au travail et je ne connais pas son numéro par cœur. Déçue de ne pas pouvoir le confronté et la fatigue m'ayant quitté avec ma fuite du lit, je prends une bouteille de bière dans le frigo et m'installe à table quand la porte de la chambre s'ouvre sur Nash.
Son regard se pose sur son téléphone puis sur la bouteille avant de me regarder.
— Un peu de courage avant d'appeler ton mec ?
— Il est trop tôt pour que j'appelle son travail.
— Ce n'est pas plus mal. Écoute Lilibeth, je sais que tu as entendu ce qu'Emy a dit.
— Et tu vas me dire qu'elle a dit ça pour me blesser ? Je n'y crois pas Nash ! Alors, n'essaie pas de me mentir. Tu l'as assez fait.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Je sais que tu fais partie des Hell's. Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
— J'avais des ordres.
— Et maintenant ?
— L'ordre n'a pas changé, mais je ne veux pas te mentir encore.
— Pourquoi je suis ici ?
— Parce que ton mec se sert de toi pour vous voler de l'argent. Je suis désolé.
— Tu n'y peux rien. Mais contrairement à ce qu'a dit Emily, je ne suis pas de mèche avec lui, je ne savais pas ce qu'il faisait dans mon dos.
Il reste silencieux et je sens une première larme rouler sur ma joue.
— Pourquoi on me ment toujours ? Pourquoi ne suis-je pas assez bien pour les gens ?
— Je suis désolé d'avoir menti sur mon appartenance au club Lilibeth. Je n'avais pas le choix.
— Je sais. Ce n'est pas de toi que je parle.
Il me regarde en fronçant les sourcils.
— De qui alors ?
— C'est l'histoire de ma vie Nash. Je n'ai pas envie d'en parler. La seule chose que tu dois savoir c'est que je suis habituée à être trahie et qu'on me prenne pour un pion.
Il s'approche de moi et relève mon visage vers le sien.
— Je te promets de ne jamais te trahir et de toujours être honnête avec toi à partir de maintenant. Et jamais je ne te prendrais pour un pion. Certes, tu es arrivée ici pour être protégée, mais as mes yeux tu n'es et tu ne seras jamais un pion.
— Les paroles s'envolent, les actes restent.
Il sourit avant de relâcher mon visage.
— On va faire un truc toi et moi. Plus de mensonges, pas de secrets et on apprend à se connaître vraiment. Tu es ici pour une raison, mais c'est la chance de voir la vie que tu aurais pu avoir si tu n'avais pas été qui tu es.
— À quoi bon ? Quand je rentrerais à Londres, je redeviendrais cette fille, prisonnière de sa vie. Je préfère me contenter de bosser, ça fera moins mal quand je repartirai.
— Ça te laissera de bons souvenirs. Tu pourrais te servir de ça pour t'imposer un peu plus, toi et tes choix. Tu n'es pas seulement une héritière Lilibeth, tu es une personne, et tu as le droit de vivre ta vie en dehors du travail.
Il n'a pas tort. Je dois prendre cette chance que la vie a mise devant moi. Je ne sais pas combien de temps je vais rester ni ce qu'il va se passer, mais j'ai envie de vivre. De vraiment vivre, pas pour mon statut, pas pour mon père, juste pour moi et mes envies. J'ai envie d'être libre et insouciante pour une fois.
— D'accord. Fais-moi rêver, Nash.
Il sourit et hoche la tête avant de se redresser et de prendre des verres ainsi qu'une bouteille.
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