Alors que Bastian et Nash se sont éclipsés pour parler, mon intuition qu'il est plus lié à ce club qu'il ne le dit augmente. Je ne vois d'ailleurs pas d'autre explication sur la présence de Bastian ici, ou encore à notre arrivée à l'aéroport. J'ai envie de savoir, mais je sais qu'il ne dira rien, alors je me concentre sur ce qu'on va manger.
Nash revient et je réfléchis toujours à quoi manger. On finit par se mettre d'accord et chacun s'y met de son côté. Il y a bien une recette de courgette que j'aime, mais je ne sais pas comment on la fait. Je sors quand même les ingrédients, qui je suis sûr, sont dedans et commence à éplucher mon légume.
On travaille en silence et après avoir découpé en petit morceau la courgette, je jette un œil à Nash. Un petit tas de pommes de terre se trouve devant lui et il continue d'éplucher.
- On attend du monde ?
Il me regarde en fronçant les sourcils.
- — Non, pourquoi ?
- — Je pense qu'il y a plus qu'assez avec ce que tu as fait.
- — Tu crois ?
- — Nash il y a six pommes de terre, je n'en mangerais pas trois je suis sûr et en plus tu as vu leur taille ?
- — D'accord si tu le dis. On fait quoi maintenant ?
- — Je ne sais pas. Tu sais comment on cuit tout ça ?
- — Nejma met les pommes de terre dans l'eau, mais je ne sais pas combien de temps.
- — On va faire ça et on verra. Pour la courgette, je ne pense pas qu'à l'eau ce soit bon donc je pensais les faire revenir dans la poêle et mettre un peu de crème. Je sais que j'aime bien, mais je ne sais pas ce qu'il y a exactement dans le plat que la cuisinière fait.
- — C'est peut-être tout simplement ça, ce n'est pas toujours des choses compliquées. Fait comme tu penses et on verra le résultat. Et le poisson, ça va au four, enfin de ce qu'il fait noter sur la boîte.
Voilà comment on se retrouve à regarder sur le Net le fonctionnement d'un four et qu'on finit par enfin réussir à faire notre premier repas. Pendant que le poisson cuit dans le four, je remue mes courgettes dans la poêle avec la crème et Nash quant à lui passe son temps à essayer de piquer dans les pommes de terre. Je pense que d'un point de vue extérieur, on doit vraiment passer pour des imbéciles.
Quand la minuterie du four annonce la fin de la cuisson du poisson, l'eau des pommes de terre commence à peine à bouillir et les courgettes sont prêtes. Niveau organisation et timing, il n'y a pas à dire, on est nul. Le poisson sur les assiettes et les courgettes aussi, on se regarde en se retenant de rire.
- — On va déjà manger ça, peut-être que les pommes de terre seront prêtes.
- — Peut-être, mais on risque de n'avoir plus faim.
- — On gardera pour demain, ce serait dommage qu'on jette alors qu'on s'est donné du mal.
- — C'est vrai. On mange où ?
- — Comme hier non ?
Je hoche la tête et on laisse les pommes de terre cuire le temps qu'on mange. Sauf que rien ne se passe comme prévu. Le poisson est bon, les courgettes sont fades et cerise sur le gâteau, un drôle de bruit se fait entendre dans la cuisine et quand on arrive l'eau a débordé de la casserole et fait un bruit horrible sur la taque chaude. Nash attrape un essui alors que j'empoigne les anses de la casserole me brûlant au passage.
Je lâche la casserole et le tout se retrouve au sol éclaboussant mes jambes et mes pieds. Je gémis de douleur et Nash lâche son essui sur la taque.
- — Merde ! Ça va Lilibeth ?
- — Bouges l'essuie. Gémis-je.
- — On s'en fout de l'essui.
Il me soulève et marche vers la salle de bain.
- — Tu veux vraiment mettre le feu à la maison ?
- — Non, mais là le plus important c'est toi ! Je vais te poser, enlève ton pantalon pendant que je fais couler de l'eau tiède dans le bain.
Je l'arrête dans son geste à peine les pied-à-terre.
- — Va éteindre la taque et enlever l'essui. J'arriverais à faire couler l'eau et me mettre dans la baignoire.
- — Sûre ?
- — Certaine.
Il quitte la salle de bain et j'enlève en premier mes chaussures puis mon pantalon, c'est laborieux, mes mains me font mal, mes jambes et mes pieds aussi, mais j'y arrive. J'allume l'eau au moment où il revient dans la salle de bain et il prend mes mains dans les siennes.
- — Tu ne t'es pas loupée.
- — Mes mains ça va, c'est mes pieds qui ont pris le plus.
Il s'abaisse et je suis mal à l'aise. Je suis en culotte et t-shirt, Nash lui a sa tête juste au niveau de mon entre-jambes.
- — Je vais t'aider à te mettre dans l'eau et appeler un médecin.
Je hoche la tête et il me soulève à nouveau pour me poser délicatement dans la baignoire. L'eau n'apaise pas vraiment la douleur, mais ne l'aggrave pas non plus. Je pose mes mains dans l'eau et attends. Nash, lui, parle au téléphone et quand il raccroche pose son regard sur moi.
- — On n'est vraiment pas doués. Dis-je en souriant.
Il rigole.
- — Ça, c'est clair. Solene va arriver, elle va regarder tes brûlures et te soigner. Comment tu te sens ?
- — Nulle.
- — Tu n'es pas nulle, j'aurais fait la même chose que toi et on en serait arrivé au même résultat.
Je ne réponds rien, au final, il a raison que ce soit l'un ou l'autre, le résultat final aura été le même.
- — Ça te fait mal ?
- — Oui.
- — Demain, j'irais seul au magasin.
- — Je viendrais avec toi, ça ira et au pire je me mets sur la charrette.
- — Tu ne sauras pas mettre de chaussures.
- — Les bottines sont un peu larges, ça ira.
- — On verra demain.
On reste silencieux de longues minutes jusqu'à entendre une voix qui appelle Nash.
- — Je vais la chercher, j'arrive.
Je hoche la tête et reste seule quelques secondes. Une femme arrive à la suite de Nash et se concentre directement sur moi et m'aide à sortir de l'eau. On lui explique ce qu'il s'est passé et elle sourit avant de se reconcentrer. Elle me soigne et je me retrouve avec des bandages aux pieds et aux mains. Mes jambes n'ont presque rien et elle y a juste mis de la crème.
Quand elle termine, elle m'explique qu'elle passera les jours suivants refaire les pansements et vérifier la guérison avant de nous laisser seuls.
Je sors de la salle de bain et laisse Nash prendre sa douche avant de pouvoir à mon tour, me démaquiller et me laver le visage. Le reste ce sera pour demain en espérant que mes mains aillent mieux.
Quand vient mon tour, Nash reste dans la salle de bain et finit par me démaquiller alors que je fuis son regard. Aucun de nous ne parle et c'est dans le silence qu'on part ce coucher.