Lilibeth
La présence de Nash dans la salle de bain me perturbe. Son comportement aussi pourtant proche de lui, une flamme commence à s'allumer en moi et sa caresse, son toucher et son corps de plus en plus proche n'arrangent rien, ça rajoute de l'huile sur le feu. Je réagis comme une ado face à son crush. Incapable de parler, de le repousser alors que je devrais. Je ne suis pas célibataire et je ne suis pas le genre de femme qui trompe leur copain, mais il y a quelque chose chez lui qui m'attire irrésistiblement. Sa bouche finit par s'approcher dangereusement et même si je sais que je devrais le repousser, je ne le fais pas. Attirée comme un papillon vers la lumière, je m'approche de sa bouche et elles se frôlent.
L'intervention d'Emily a le mérite de me ramener sur terre et empêcher la connerie d'arriver. Nash sort de la salle de bain, me laissant seule et je reprends là où je m'étais arrêté avant l'intervention de Nash.
Quelques minutes plus tard, je suis prête et je me dirige vers la sortie de l'appartement pour reprendre mon travail. En ouvrant la porte, j'entends les paroles méchantes d'Emily. Blessé par ses paroles, mais déterminé à ne pas montrer ma faiblesse, je passe à côté des deux personnes et tout en ignorant le zouk qu'est devenu le refuge, je retrouve la chambre de Mathilde et Agathe. Je ferme la porte derrière moi et la verrouille. Je veux être seule et pas être dérangée par la bande de bikers qui grouille partout dans le bâtiment.
Concentrée sur ma peinture, je ne remarque pas directement la présence derrière moi et continue à peindre tout en essuyant les larmes qui coulent. J'en ai marre de n'être assez bien pour personne, que l'on se permette de me juger sur une apparence et un poids. Je ne suis pas plus que ça ? Je n'ai pas été des plus agréable avec Emily, mais ça ne lui donne pas le droit de me juger comme elle le fait et d'avoir des mots aussi durs. Mais ce qui me travaille le plus, ce sont les mots par rapport à Noah. Qu'est-ce qu'elle a voulu dire par là ?
Une main se glissant sous mon menton me fait sursauter et le visage de Nash apparaît.
— Pourquoi tu pleures ?
Je dégage mon visage et essuie les traînées salées qui inondent mes joues.
— Pour rien, juste un coup de blues.
— Lili... Je suis désolé pour ce qu'a dit Emily, elle n'aurait pas dû.
— Je n'ai pas écouté votre conversation, je ne sais pas ce qu'elle a dit et puis je m'en fous.
— OK, si jamais tu me mentais, sache que je ne suis pas d'accord avec elle.
Je hausse les épaules.
— Qu'est-ce que ça change que tu ne sois pas d'accord avec elle ou ce qu'elle pense ? Dans quelques jours, voir semaine je suis partie d'ici alors ce que vous pensez je m'en fout.
— Ne fais pas un pas en arrière Lilibeth, ne redeviens pas celle que tu étais à ton arrivée.
— Qu'est-ce que ça peut faire ?
— Je préfère la nouvelle version de toi, celle qui est gentille et qui se soucie des autres plutôt que la princesse que tu étais il y a encore trois jours.
— Sauf que je suis et je serais toujours cette fille-là. Si tu crois que j'ai changé, tu te trompes. Je serais toujours une fille de riche, pourrie gâtée et qui ne pense qu'à sa petite personne.
— Ce n'est pas celle que j'ai vu pourtant.
— Alors tu t'es fait des illusions Nash, je ne serais jamais celle que tu crois avoir vu.
— Si tu le dis.
— Comment tu es rentré ?
— Par la salle de bain.
Et merde, je n'y ai pas pensé.
— On va bientôt manger, tu viens ?
— Je n'ai pas faim.
— Arrête avec cette phrase, elle m'énerve !
Je plante mon regard dans le sien et tente de rester stoïque malgré les sensations qui courent en moi quand il me regarde de cette façon.
— Je. N'ai. Pas. Faim !
Je ponctue chaque mot pour bien lui faire comprendre de me lâcher la grappe. Sauf qu'il approche son visage du mien.
— Tu mens. J'entends d'ici ton ventre qui gargouille alors ne me prend pas pour un con, arrête de faire ta chieuse, lève ton cul et viens manger !
On se jauge du regard pendant quelques secondes, tous les deux déterminer à garder la face et ne pas abdiquer. Mon ventre gargouille encore une fois le faisant sourire.
— Allez tête de mule, viens.
Il se relève et me tend la main que je finis par prendre.
— Je dois aller retoucher mon maquillage.
— Pas besoin, on ne voit presque rien. Viens.
Il déverrouille la porte et nous sortons. En arrivant en bas, c'est un foutoir sans nom. Ils sont tous là rassemblé, à rire et boire. Je repère Emily collée à Kylian qui la regarde avec tendresse. Il n'y a pas à dire, ils vont vraiment bien ensemble, du moins physiquement.
Une table a été installée et Nejma ainsi que Solène arrivent les mains chargées de plat. Je quitte Nash pour aller les rejoindre.
— Vous avez besoin d'aide ?
Nejma me sourit.
— Non, tout ce que tu as à faire ma belle c'est te servir et t'installer.
Alors que Nash se rapproche de moi, la porte d'entrée s'ouvre et je peux sentir l'ambiance changée. Nash, lui, me pousse derrière lui en me chuchotant.
— Tu restes derrière moi et tu ne bouges pas.
Cachée derrière lui, je peux voir la tension qui l'habite quand l'homme s'approche de nous.
— Arrête de te méfier de moi Nash, tu sais très bien que je ne te ferais rien et as elle non plus.
Il tourne sur lui-même, le visage vers le haut.
— Alors c'est à ça qu'a servi l'argent que je t'ai donné.
— Oui, tu m'as dit d'en faire quelque chose de bien.
— Je sais ce que j'ai dit. Beau projet, n'hésite pas si tu as besoin d'aide.
— Je n'ai pas besoin de ton aide.
— Très bien.
Il me regarde, sourit et me tend la main
— Alfredo Olivarez, je suis le père d'Emily.
— Lilibeth.
Je lui tends la main à mon tour sous le regard noir de Nash.
— Ce n'est pas commun comme prénom et votre accent trahit votre pays de naissance. Que fait une Anglaise ici ?
— Travailler, monsieur.
— Quel trajet pour juste un travail.
— Le trajet importe peu, le projet vaut la peine de se déplacer.
— Absolument d'accord avec vous mademoiselle. Décale toi donc Nash que je puisse voir cette petite.
Emily s'approche de nous et pose la main sur l'épaule de son père.
— C'est bon papa, tu as vu le projet de Nash. Laisse-les tranquilles maintenant.
Il relâche ma main et s'éloigne avec sa fille. Je vois les épaules de Nash se détendre et il se tourne vers moi.
— Tout va bien ?
— Oui, c'est plutôt à toi que l'on devrait poser la question. C'était qui pour que tu réagisses comme ça ?
— Si tu trouves que les Hell's sont des hors-la-loi, dis-toi que cet homme est pire qu'eux. Je ne peux pas t'en dire plus, tiens-toi loin de lui, c'est tout ce que je te demande.
Je hoche la tête alors qu'un frisson de peur me traverse.
