Je regarde l'avion s'envoler et ne remarque pas de suite Emy qui s'approche de moi. Je viens de perdre celle que j'aime et je regrette tellement mon comportement. J'aurais dû lui parler, lui expliquer au lieu de fuir comme un lâche. Bastian dit que je ne ressemble pas à mon père, mais être lâche est exactement ce qu'il était.
C'est un coup de poing qui me ramène à la réalité et je croise le regard noir d'Emy.
— Tu es le plus gros crétin que cette terre ait porté Nash. Et le pire dans tout ça, c'est que cette fille géniale qui vient de partir ne t'en veut pas, elle comprend que tu as pu avoir peur. Tu vas t'en mordre les doigts et j'espère vraiment que tu vas souffrir. Tu ne mérites que ça.
Elle me plaque une enveloppe contre mon torse et veux partir.
— Emy, je...
— Garde ta salive Nash, je ne veux pas entendre tes explications. Tu as merdé et peu importe les raisons ça ne m'intéresse pas. C'est à elle que tu les devais, mais tu as fui comme un lâche. Tu l'as abandonnée et tu lui as brisé le cœur.
Elle me laisse là et part. Je ne peux pas lui en vouloir, je mérite ce qu'elle vient de me balancer. Sa colère est totalement justifiée. L'enveloppe toujours en main, je décide de m'installer sur un banc pour la lire.
« Nash, écrire cette lettre me déchire le cœur, mais surtout va me permettre de dire ce que je n'arrivais pas à te dire enfin ce que j'aurais du te dire si j'en avais eu l'occasion. On savait que le temps nous était compté et on savait qu'on prenait un risque à vivre ce qu'on a vécu. Ces semaines auprès de toi ont été tellement belles, tellement intenses, mais surtout on fait de moi une nouvelle femme. Ce que j'aurais voulu te dire, mais que je n'ai pas pu, c'est que la vie que je veux ce n'est pas celle remplie de paillettes et pleine d'argent, mais celle que j'avais auprès de toi. Si j'avais ton courage, je parlerais à mon père et je mettrais les voiles pour vivre la vie que je souhaite. Tu vas sûrement m'en vouloir de te le dire par écrit et parce que nos chemins se séparent ou alors tu t'en fous, mais je t'aime Nash. Si seulement tout était plus simple, si je n'avais pas ces responsabilités, c'est auprès de toi que je resterais. J'aurais tellement voulu que tu me dises que tu voulais que je reste que tu me rattrapes, et que si c'est ce que je voulais tu viendrais avec moi à Londres pour parler à mon père. Je sais que ces mots tu ne les aurais pas dits, d'une part parce que tu ne voulais pas me faire du mal et d'autre part parce que peut-être tu ne ressens pas la même chose que moi ce que je ne peux pas te reprocher. Je vais retourner à ma vie et taire à jamais mes envies, mes sentiments et ça même si grâce à toi j'ai compris qui j'étais réellement et ce que je voulais. Certes, je prendrais cette place qu'on attend de moi, mais je le ferais en changeant certains aspects de ma vie. Je veux que tu sache que je ne t'en veux pas d'avoir fui, je comprends que tu ne veuille pas de moi ou de ce bébé qui est ou aurait pu être là. Si un jour, je te manque tellement au point où tu ne le supportes plus, viens me rejoindre. Je suis persuadé qu'avec une bonne discussion tout pourrait s'arranger. Je ne te promets pas de t'attendre, je dois vivre ma vie surtout si tu décides de ne jamais revenir dans la mienne, mais sache que je t'aimerais toujours. On n'oublie jamais son premier vrai amour.
Adieu Nash. »
Je ne pensais pas que de lire de simples mots me ferait aussi mal et que je regretterais encore plus mon comportement. Savoir qu'elle m'aime et qu'elle ne m'en veut pas me donne la force de me battre et je vais le faire. J'ai fait l'erreur de la laisser me filer entre les doigts cette fois, mais je ferais tout pour la retrouver quitte à me prendre un mur. C'est elle, je le sais et rien ne m'empêchera de retrouver celle que j'aime et sûrement pas la peur. Elle a trop longtemps géré ma vie et il est temps que je passe au-dessus pour avoir ce que je souhaite. Certes, je ne suis pas prêt à avoir un enfant, je ne sais pas si je le serais un jour, mais si je dois en avoir un, la seule mère possible c'est Lilibeth.
Il aura fallu une putain d'aristocrate anglaise pour foutre en l'air tout ce que je m'étais promis. Après quelques minutes, je me lève de ce banc avec la détermination de tout mettre en œuvre pour retrouver celle que j'aime.
En arrivant hors de l'aérodrome, je vois Emy appuyée contre ma moto et je m'approche d'elle.
— Alors tu regrettes bien ? Tu souffres ? Me dit-elle avec toute sa hargne.
— J'ai merdé Emy, vraiment.
— Ça, c'est clair. Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? La laisser partir ?
— Je vais aller la retrouver. Je ne peux pas laisser la femme de ma vie partir à cause de la peur.
Un sourire prend place sur ses lèvres.
— Qu'est-ce qui te fait peur au juste ?
— C'est à elle que je l'expliquais. Ne m'en veut pas Emy, mais tu n'es pas la personne à qui je dois en parler. J'ai juste une question.
— Laquelle ?
— Le résultat du test tu le connais ?
— Oui, mais je ne te le donnerais pas. Ce n'est pas à moi de le faire Nash. Moi aussi j'en ai une.
— Quoi ?
— Si elle est enceinte, tu comptes vraiment la forcer à avorter ?
— Cette phrase était vraiment une erreur. Je ne suis pas sûr d'un jour être un bon père, mais si ce bébé est bien présent je compte bien tout faire pour le rendre heureux et fier de son père.
— Ramène Lili à la maison Nash.
— J'y compte bien, mais si sa vie doit être là-bas alors je resterais auprès d'elle.
Emy hoche la tête et c'est en disant cette phrase que je me rends compte que pour elle je serais prêt à tout quitter.