Chapitre 12: Nash

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Je m'en veux d'être aussi froid avec elle d'un coup, mais son « il plaira à mon copain » m'a refroidi. Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête au moment où je suis entré dans cette cabine, mais une chose est sûre, son mec m'était complètement sorti de la tête et je n'avais qu'une envie, la faire mienne.

Je sais aussi qu'elle s'en veut pour ce qu'elle a fait dans la cabine et la toute petite voix qu'elle a utilisée pour s'excuser me fait prendre conscience de mon comportement distant avec elle. Distance que je dois éliminer au plus vite tout en gardant en tête qu'il ne pourra jamais rien se passer avec elle.

Étonnamment, l'achat de chaussures va super vite. Son habitude à faire du shopping ressort. Comme si en voyant les vêtements choisis, elle savait exactement quelles chaussures elle allait prendre et je ne vais pas m'en plaindre.

Par contre en entrant dans le magasin de cosmétique, je sens que ça va être la merde. Instinctivement, elle se dirige vers le rayon d'une marque bien particulière avant de faire un pas puis deux en arrière. Elle se tourne vers moi.

— Le budget ?

— Cent dollars.

Elle jette un dernier regard vers le rayon de la marque avant de tourner les talons et de se rendre chez une vendeuse l'air complètement perdu. Je l'entends bredouiller la marque qu'elle prend d'habitude ainsi que ce dont elle a besoin, mais avec le petit budget accordé à son maquillage.

La petite dame, la guide et lui montre plusieurs produits que Lilibeth prend sans aucun enthousiasme tout en demandant si ces produits ne vont pas lui donner des réactions. La dame la rassure et lui parle de choses que je ne comprends pas. Quand elle parle de sa marque, je peux voir sa gêne, elle est même honteuse d'en parler et ça m'énerve. Encore une fois, la dame la rassure.

Alors qu'elle essaye plusieurs teintes sur sa main, je finis par m'asseoir sur une chaise et attends. Tout y passe, fond de teint, crayon, rouge à lèvres. Elle regarde, essaie d'autres, réfléchis avant que je ne perde vraiment patience et me lève.

— Prend le strict minimum Lilibeth, on restera quand même au refuge et certaines fois on sortira, mais tu n'as pas besoin de l'attirail complet.

Elle relève la tête et finit par hocher la tête dépitée. Oui, j'ai été froid encore une fois, mais ça m'a soulé de la voir autant s'investir pour cacher quelque chose qui n'a pas besoin de l'être et puis j'ai faim ! On passe rapidement en caisse et elle marche en silence à côté de moi pendant que je me maudis de mon comportement.

En arrivant devant le fast food, je l'arrête et attrape sa main pour qu'elle en fasse de même.

— On va manger là.

Elle relève le regard et observe la devanture.

— Quoi ?

Elle tourne son regard vers moi.

— Il va falloir que tu me conseilles, je ne sais pas ce qui est bon ici.

Je marque un temps d'arrêt.

— Attends, tu n'es jamais venue dans cette chaîne de fast food ?

— Non.

— Et une autre ?

— Non plus. Ce n'est pas le genre de repas que je peux manger.

Je fronce les sourcils.

— Pourquoi ?

— Parce qu'une personne de mon rang ne va pas dans les fast foods. Je n'en sais rien Nash, en tout une chose est sure, ce genre de nourriture est proscrite de mon régime alimentaire.

Je vais de surprise en surprise, c'est quoi ce milieu de fou.

— Attends, tu suis un régime spécial ?

— Oui. Mon père ne vous l'a pas transmis ?

— Pas que je sache. Bon ben, tu vas apprendre une deuxième chose sur les gens lambda. Généralement quand ils font du shopping, ils vont manger dans ce genre d'endroit. Tout est bon, maintenant ce n'est pas de la haute gastronomie. Et il y a des menus végans si tu veux.

— Quitte à vivre comme une personne normale, autant le faire à fond. Que me conseilles-tu ?

Je souris et on entre dans le restaurant. Je commande pour nous deux et à voir sa tête, elle ne s'attendait pas à avoir autant de nourriture. Elle m'a demandé de faire comme moi, et ben moi je mange beaucoup. Installée à table, elle regarde son plateau.

— Je n'aurais peut-être pas dû te dire de prendre la même chose que toi. Tu manges tout ça ?

— Oui.

— Mais...

Je souris

— Comment je fais pour avoir un corps de dieu grec ?

Elle rit.

— Je n'aurais pas dit ça, enfin je ne l'ai jamais vu, mais dans le fond oui, comment tu fais pour avoir un corps aussi mince ?

— Le sport et puis ce genre de repas est exceptionnel. Mange ce que tu sais et le reste on avisera.

Elle hoche la tête et on commence à manger.

— Alors c'est quoi ton fameux régime alimentaire ?

— Poisson, viande blanche deux fois semaines, beaucoup de légumes et un peu de féculent. Pas plus de mille huit cents calories par jour à peu près.

Je fronce les sourcils

— Tu comptes tes calories ?

— Moi pas, la cuisinière oui je suppose.

— C'est pas très bon de faire ce genre de régime.

— Pourquoi ? Je suis habituée à ce genre de régime depuis des années et je ne manque de rien.

— Jamais d'extras ?

— Non.

— Encore une chose qui va changer, ici pas de régime spécial, on mange ce dont on a envie.

— Et je ressemblerais à une grosse boulette.

— N'importe quoi, ce n'est pas parce que tu te fais plaisir que tu vas grossir. L'astuce c'est de manger ce qui te fais envie et équilibré. Et puis le sport, c'est magique, tu verras.

Elle sourit à nouveau et on mange dans le silence. Après un hamburger et quelques frites, elle arrête et se cale contre le dossier de sa chaise.

— Ça va ?

— Je n'en peux plus. C'est quoi le programme de l'après-midi ?

— Course pour les repas et quelques babioles pour la cuisine.

— J'espère que tu sais faire à manger, car ce n'est pas mon cas.

— Alors on est dans la merde. Je réponds en souriant.

— Ça ne doit pas être bien compliqué. On se débrouillera.

— Je te laisserais faire. C'est bien connu que les femmes sont plus à l'aise en cuisine que les hommes.

— Ça va le macho ? Tu vas m'aider, oui !

Je ne peux m'empêcher de rire. Je voulais juste la titiller un peu.

Hell's - Tome 4Où les histoires vivent. Découvrez maintenant