Cette soirée était magique rien que par sa présence et je remercie tous les dieux d'avoir fait en sorte qu'il revienne à moi. Blottie dans ses bras, je profite du calme du retour avant la fameuse discussion que nous devons avoir. Il veut m'expliquer et même si au final il n'y est pas obligé il y tient.
Alors que le silence règne dans la voiture, le téléphone de Nash sonne.
– C'est Kylian. Ça ne te dérange pas que je réponde ?
— Non.
Je me repositionne contre la portière pour leur laisser un peu d'intimité, mais garde mon regard sur son visage qui change. L'angoisse me gagne quand il annonce à Kylian que nous prenons le prochain avion pour rentrer à San Diego. J'attends qu'il raccroche et quand c'est fait je pose la question.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
Il ouvre la bouche plusieurs fois avant de m'attirer contre lui.
— Nejma est décédé.
Je reste sous le choc de cette annonce et les larmes montent. Je finis par éclater en sanglots et Nash ressert ses bras autour de moi.
— Elle était malade, on l'a appris il n'y a pas longtemps, mais parce qu'ils ne pouvaient plus le cacher. Elle avait une tumeur au cerveau inopérable. Quand tu étais encore là, les médecins ont annoncé que les traitements ne servaient plus à rien et qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps. C'est pour ça qu'on ne la voyait plus, elle voulait profiter de ses derniers instants avec sa famille.
— Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
— Elle ne voulait pas t'inquiéter. Je suis désolé princesse, je sais que tu l'appréciais beaucoup. On l'aimait tous. Son enterrement est dans deux jours. Je dois rentrer, mais si tu ne veux pas venir avec je comprendrai.
Je me redresse et essuie les larmes
— Je viens, je lui dois bien ça.
— D'accord. On va rentrer et je vais regarder pour un vol pendant que tu prépares ta valise.
— On va demander le jet, ça ira plus vite.
Il hoche la tête et je peux voir la tristesse dans ses yeux. Nejma était une personne importante pour tout le club, la maman de tous ces hommes malgré qu'elle avait plus ou moins le même âge que la plupart d'entre eux. Elle va laisser un tel vide. Le trajet continue et je pense à Juan, Bastian et Galvin qui doivent vivre un enfer. Ma peine à coter de la leur est tellement insignifiante.
Quatre heures plus tard, on est dans l'avion en direction de chez nous. Je ne pensais pas y retourner dans ces circonstances, j'avais encore des choses à faire à Londres, mais je ne pouvais pas ne pas y aller. Mon père a compris et m'a assuré qu'on s'arrangerait plus tard ou par téléphone. Je suis blottie dans les bras de Nash quand il se met à parler.
— Il y a un an et demi, ma sœur a été tuée devant mes yeux.
Je me redresse et le regarde.
— Une balle en pleine tête. Elle avait trahi le gang, elle m'avait trahi et Emy aussi. Dans ce genre de circonstance, c'est au membre de la famille de tuer le traître, pour prouver son allégeance au gang et son chef. Je n'ai pas pu le faire, pourtant j'ai su tuer mon père sans sourciller. Noémie ne méritait pas ça. Elle a fait le mauvais choix, elle avait peur et a fait ça par obligation. Quand les questions se
sont enchaînées, elle a gardé la tête haute, elle a assumé tout ce qu'elle a fait sans jamais révéler la véritable raison parce que si elle le faisait, elle révélait une partie de mon secret.
Il fait une petite pause, je peux voir à quel point il est mal de parler de ça et je voudrais lui dire qu'il n'a pas besoin de le faire, mais je sens qu'il en ressent le besoin.
— Mon père la battait et menaçait l'homme qu'elle aimait ainsi qu'Emy et moi. Elle a fait tout ça pour nous protéger et alors qu'elle aurait pu dire la vérité elle n'a rien dit. Depuis que je suis petit, mon père m'entraînait à la dure pour reprendre un jour la place du père d'Emy. C'était son objectif et il n'hésitait pas a me tabasser pour que je rentre dans le rang. Plus je me rebellais, plus il frappait, plus il buvait plus je ramassais. J'ai toujours tout fait pour ne pas qu'il s'en prenne à ma sœur ou ma mère. Quand j'ai eu dix-huit ans, j'en ai eu marre de prendre et je n'osais pas rendre les coups pourtant j'aurais pu. Ma sœur savait ce que je vivais et savait que j'avais honte de cette situation alors elle n'a jamais rien dit comme je lui avais demandé. Si j'avais su qu'en partant, il s'en prendrait à elle, je serais resté. Quand elle est arrivée au club, je pensais que c'était fini, elle m'a juré qu'il ne lui avait jamais rien fait sauf que c'était un mensonge. Pendant un an, il l'a manipulée, frappée et menacée pour qu'elle fasse ce qu'il demandait.
— Pourquoi tu n'as rien dit toi ?
— Parce qu'elle ne voulait pas que je le fasse, parce qu'elle savait qu'elle aurait dû m'en parler au lieu de nous trahir. À ses yeux, elle méritait la sentence qu'Alfredo lui réservait, car même si c'était sous la menace, elle nous a quand même trahis. À plusieurs reprises j'ai voulu intervenir, mais à chaque fois elle me faisait non de la tête. Elle n'avait plus rien à perdre. Elle n'arrivait pas à faire ce que mon père lui avait ordonné alors il a abattu son petit ami devant ses yeux. Quand c'est arrivé, elle m'a dit que c'était un accident de voiture, mais avec des recherches, j'ai découvert toute la vérité. Je n'ai pas pu parler avec elle, mais au fond elle était comme moi. Elle voulait nous protéger et nous trahir était à ses yeux le moyen de le faire. J'aurais dû le savoir, j'aurais dû la protéger. Si j'avais fait plus attention à elle, je suis sûr que j'aurais vu des signes et j'aurais pu l'aider. Si elle nous a trahis, si elle est morte, c'est de ma faute.
— Ce n'est pas de ta faute Nash.
— J'aurais dû la protéger, me douter que mon père se vengerait de mon départ.
— Tu ne pouvais pas savoir Nash alors arrête de te le reprocher. C'est ça qui te faisait tellement peur ? Le fait que tu pourrais être comme lui ?
— J'ai été élever comme ça Lili. Je ne connais que la violence. Et si je...
— Ça ne veut pas dire que tu reproduiras ce qu'il a fait.
— On n'en sait rien. J'ai peur d'un jour être comme lui, de te faire du mal ou d'en faire a nos enfants.
— Tu ne le feras jamais Nash. Tu as bon cœur, tu es gentil et tu as le cœur sur la main. Tu ne feras jamais de mal, ni a moi ni a nos enfants si un jour on en a. La manière dont tu as grandi ne fait pas l'homme que tu deviens. Je suis sûr que tu feras un très bon père le jour où on aura des enfants. Tu n'es pas lui.
— J'espère... J'espère vraiment que tu as raison parce que si un jour je fais du mal à nos enfants ou à toi, je ne me le pardonnerais jamais.
— J'en suis persuadée. Alors, mets ça de côté. Tu n'as pas à avoir peur. Tu n'es et tu ne seras jamais comme ton père.
Il hoche la tête et on profite de ce temps hors du temps pour se retrouver et affronter les prochains jours.