J'aurais dû me taire, ne pas avouer à demi-mot que je n'aime pas Noah. Je n'aurais pas dû le dire devant Nash, car en le faisant je viens de me dévoiler. Je viens d'avouer que je me sers de ce prétexte pour l'éloigner de moi. Je sens son regard sur moi alors que Mathilde rejoint sa mère.
Il reste silencieux, m'observe à distance et je suis incapable de soutenir son regard. Alors que je veux m'échapper du salon, des voix résonnent et Juan arrive accompagné d'Alex, Bastian, Nejma, Kylian et une fille que je ne connais pas en chaise roulante. Je n'ai jamais été aussi heureuse de voir la bande de bikers arriver.
Grâce à Bastian, qui demande à Nash où il doit poser les affaires, j'ai la possibilité de m'échapper vers l'appartement sans être retenue. Même si je sais que je ne pourrais pas toujours éviter les questions.
C'est comme ça que se passent les trois jours suivants. Distance, esquive et silence. J'ai passé mon temps avec Nejma à peindre ou à retaper un meuble. Grâce au bordel sans nom qu'il y a dans un hangar des Hell's, on y a trouvé quelques meubles qui pourront servir ici. Les seuls moments que je passe avec lui ce sont les nuits, vu qu'on partage toujours le même lit.
J'ai aussi appris l'histoire d'Agathe et Mathilde. Les pauvres n'ont vraiment pas eux de chance. Le système américain est pourri pour certaines choses et apprendre qu'à la mort de son mari elle a tout perdu est honteux. L'entreprise pour laquelle il travaillait aurait pu aider cette pauvre femme, ils ont tout quitté pour qu'il puisse travailler pour eux, résultat dès qu'il est mort, elle a été expulsée de son logement donné par l'entreprise et c'est retrouvée sans rien malgré son visa et le fait que la petite sois née ici en Amérique. Depuis un an, elle enchaîne les petits boulots que l'ont veux bien lui donner, mais ce ne sont que des remplacements et pas bien payer vu que c'est peu d'heure. Alors elle se bat pour que sa fille ait tout ce dont elle a besoin quitte à s'oublier elle-même.
Leur histoire m'a touchée et je compte bien les aider. Je n'ai pas le choix d'attendre vu que je n'ai pas de carte bancaire ni de téléphone à disposition, mais une fois rentrée à Londres j'enverrais de l'argent à Nash pour l'association, mais également pour Agathe et Mathilde. Tout ce passe pour le mieux et étonnement je m'adapte assez bien à cette expérience, qui je suis sûre, me sera bénéfique pour plus tard.
Installé en tailleur face au dessin que Nash a fait, je m'applique à peindre. Les meubles du rez-de-chaussée et de cette chambre arrivent dans quelques heures et c'est la première chambre que l'on peint. Il a fallu deux jours pour que le rez-de-chaussée soit totalement fini et presque une nuit pour que le dessin de la chambre soit fait et que je puisse le passer à la couleur. Alors même si le temps est compté je m'applique. Cette chambre sera destinée à Mathilde et sa mère, je veux qu'elles s'y sentent bien.
Sentant un regard sur moi, je tourne la tête et tombe sur Nash qui sourit. C'est la première fois depuis ma confession devant lui que je ne fuis pas. À vrai dire, je n'ai plus envie de fuir. Sa présence m'apaise et ça même si j'esquive ses questions.
- Tu peux m'expliquer comment tu as réussi à avoir plus de peinture sur ton visage que sur le mur ?
Je fais une moue boudeuse et il sourit de plus belle.
- Je me suis gratté le nez avec ma main qui tenait le pinceau et puis il n'y a pas tant que ça.
- Tu devrais te regarder dans un miroir et en plus les gars arrivent bientôt.
Je me lève rapidement en abandonnant la peinture et me dirige vers la salle de bain juste à côté pour constater les dégâts. Dans le reflet du miroir, je vois Nash dans la porte qui se moque de moi.
- Tu es un idiot ! J'ai à peine une petite tache.
Il s'approche de moi toujours souriant.
- Tu es sûre de ça ?
Et il me flanque sa main pleine de peinture dans le visage. Je tente de le repousser comme je peux, mais je suis morte de rire.
- Arrête !
Il bouge sa main en riant.
- C'est malin, maintenant je vais devoir aller me laver et me remaquiller.
- C'est trop tard, les gars sont arrivés.
Il me répond ça toujours un sourire plaqué sur le visage et je suis sûre qu'il la fait exprès.
- Ne râle pas princesse et suit moi.
Je le suis hors de la salle de bain et on descend vers les voix de plusieurs personnes. Les seuls que je reconnais c'est Bastian, Kylian, Alex et Juan, les autres sont inconnu au bataillon, mais porte tous un cuir comme Bastian. Je me rapproche de Nash et lui chuchote. Là, il ne peut plus nier, il a un lien avec eux vu le nombre qu'ils sont.
- Et tu dis que tu n'as aucun lien avec eux.
- Ne pose pas de questions Lilibeth.
Son ton enjoué de tout à l'heure a disparu et il vient de me répondre froidement. Son changement de comportement face à eux ne devrait pas me blesser, mais c'est le cas. Il était tellement différent quand ils n'étaient pas là tout à l'heure et ça me déçoit. Je fais volte-face et pars vers l'appartement.
Je me mets face au miroir et constate les dégâts causés par Nash. Équipée d'un gant de toilette et de mon savon, j'essaie de faire partir la peinture quand une voix me fait sursauter.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je nettoie la peinture que j'ai sur le visage.
- Comment tu as fait pour t'en mettre autant ?
Je souris à sa question.
- Ce n'est pas de ma faute.
Je veux continuer, mais la voix d'Agathe qui appelle Mathilde me coupe. Elle finit par entrer dans la salle de bain.
- Mais enfin Mathilde. Tu veux bien laisser les gens tranquilles.
- Mais...
- Il n'y a pas de mais qui tienne. Tu laisses Lilibeth tranquille, surtout dans la salle de bain voyons !
Voyant la petite sur le point de pleurer j'interviens.
- Elle ne me dérange pas.
Agathe me regarde.
Je sais, mais elle doit apprendre qu'elle ne peut pas toujours suivre les gens partout. Et encore moins dans la salle de bain. Imagine que tu aurais été aux toilettes ou dans la douche. Ça ne se fait pas. Et puis, elle fait tout pour esquiver ses devoirs.
Je souris et regarde Mathilde qui boude en suivant sa maman.