Chapitre 8

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Masson

J'arrive devant le portail de la villa Guerini. Je vous ai dit à quel point c'était une forteresse ? Je n'exagère pas.

Au portail, il faut déjà passer le garde qui, une fois la vitre de la voiture ouverte, vérifie nos empreintes à l'aide d'une tablette. Il suffit de poser notre main à plat et un logiciel la scanne. Une fois fait, le portrait du concerné s'affiche en plein écran et, à partir de là, il y a trois possibilités.

La première est simple : vous êtes inconnu du logiciel donc vous apparaissez en rouge, interdiction pour vous de passer le portail. Le garde appelle le boss et celui-ci utilise la caméra pour voir en direct la personne en question.

Le deuxième est une reconnaissance par le logiciel, mais il faut cependant passer par une fouille complète par des gardes expérimentés et d'une restriction d'armes si vous en possédez.

Le troisième, comme ça l'est dans ma situation, est une reconnaissance totale par le logiciel. Dans ce cas de figure, le garde nous laisse entrer sans aucun contrôle supplémentaire. Autant vous dire qu'il y a peu de personnes pouvant entrer sans fouille.

Une fois le portail ouvert, je continue à avancer jusqu'au bout de l'allée. Il doit y avoir, sans exagérer, au moins 700 mètres avant d'accéder à la villa. Le chemin est bordé d'une petite forêt bien flippante - je suis sûr qu'il doit y avoir pas mal de cadavres enterrés là-dedans - s'étendant le long du grillage qui entoure toute cette foutue forteresse. Cela évite d'avoir un visuel extérieur. Plusieurs abris en hauteur sont disséminés de part et d'autre de la forêt pour surveiller les lieux ou prévenir d'une éventuelle attaque qui n'arrivera jamais - à moins de vouloir y laisser sa peau. Ce mec est parano !

Un grand jardin donne sur l'arrière de la maison. Léria, la femme de Lucca, adore les plantes, les fleurs et surtout y organiser de grandes soirées en plein air l'été. Sur le côté droit de la villa se trouve une piscine chauffée qui possède une baie vitrée coulissante.

Les gardes n'ont pas le droit d'avoir accès à la propriété mais ils ont, en plein milieu de la forêt, un endroit où ils peuvent manger, se doucher ou se reposer quand leur temps de garde est terminé. Ceux qui ont des familles rentrent chez eux et ceux qui n'en ont pas restent ici.

Je gare le fourgon et monte les escaliers qui mènent à la porte d'entrée. Je cogne et le majordome m'ouvre à la seconde, comme s'il m'attendait.

— Bonsoir monsieur, me dit-il en s'inclinant comme pour me faire une révérence.

— Bonsoir Milo, vous savez, vous n'êtes pas obligé de faire ça avec moi...

Il ne répond pas. Milo est le majordome de la famille depuis des années. Cet emploi se transmet de génération en génération, de père en fils. Il a été élevé à l'ancienne école, c'est pourquoi il s'incline en signe de respect devant chaque personne qui passe la porte.

— Monsieur Guerini vous attend dans son bureau.

Après un signe de tête pour le remercier, je monte à l'étage en direction du bureau. La porte est fermée donc je cogne.

— Entre Masson.

Bien sûr qu'il sait que c'est moi. Les gardes font un inventaire détaillé de tous ceux qui se pointent au portail. Ils ont dû l'avertir que j'étais en route. J'ouvre la porte, entre et la referme derrière moi. Lucca est assis devant son bureau et remplit quelques papiers.

— Assieds-toi mon garçon, dit-il sans même lever les yeux vers moi.

Mon garçon, la blague ! Il se prend pour qui sérieux...

Ma Prison DoréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant