Chapitre 35

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Masson

J'en crois pas mes oreilles. C'est pas possible qu'elle me demande ça. Je vais la buter. Comment ose-t-elle me parler de lui après ce qui vient de se passer entre nous ? Je rage intérieurement, près à péter un câble.

— Je te demande pardon ? Sifflé-je les dents serrées.

Elle lève les yeux, d'un air innocent.

— Je te demande si tu as vu Enrico ?

Je n'ai pas rêvé. Elle a vraiment posé cette question. Juste après qu'on se soit embrassé ! Elle ne peut pas faire ça.

Ce baiser n'avait rien de banal. Il était fougueux, passionné, bestial et... Et putain j'avais envie de la bouffer toute crue. La tension sexuelle présente était à son apogée. J'ai dû, encore une fois, mettre toute ma volonté pour ne pas la déshabiller. Me forçant à me souvenir de l'endroit où on se trouvait. Prenant le risque qu'on se fasse surprendre par sa mère ou pire, par son père. Auraient-ils frappé avant d'entrer ? Comment en être sûrs ? Et la première chose qui sort de sa bouche, c'est de savoir si ce connard est là ?

— Tu te fous de ma gueule ? Ragé-je, mes poings serrés à rendre mes jointures blanches.

Elle fronce les sourcils, comme si elle ne comprenait pas pourquoi je réagis comme ça. C'est fou ça.

— Si je me fous de ta gueule ? Répète-t-elle avec un rire cynique. Tu crois vraiment que je suis en mesure de me foutre de ta gueule là ? C'est important, d'accord ?

Elle se rapproche de moi, les yeux larmoyants. Je percute, en l'observant aussi mal, pourquoi je suis ici. Sa mère, ne la voyant pas arriver, m'a demandé d'aller voir ce qu'elle faisait.

C'est en rentrant dans sa chambre que je me suis souvenu des paroles de Matt. Mais, ce que j'ai vu, était à mille lieux de ce qu'il m'a dit. Ce n'est pas seulement qu'une histoire de traque, mais une putain de crise de panique qu'elle a fait là. Son frère est en mission et n'est toujours pas arrivé, c'est ce qui à dû déclencher la crise. Je ne pensais pas un jour assister à ça et je n'avais surtout aucune idée de l'ampleur de ses angoisses. Je décide donc de prendre sur moi, me rappelant dans quel état je l'ai trouvé.

— Pourquoi veux-tu savoir s'il est là ? Je demande, les sourcils froncés.

— Mon frère n'est pas là. Il ne me répond pas. Je vais bientôt devoir faire l'ouverture de la vente et... Et...

Elle a les yeux dans le vague comme si elle était perdue dans ses pensées. Ses yeux se ferment et elle croise les bras, pas de manière énervée mais plutôt de manière à se protéger. Comme si elle voulait former une barrière protectrice autour d'elle.

— Et quoi ? Demandais-je tout bas.

Elle inspire profondément, toujours plongée dans ses souvenirs. Elle ouvre un instant les yeux pour me regarder mais les détourne aussitôt, comme si elle avait honte. Putain j'ai envie de la prendre dans mes bras.

Je me demande ce qui a bien pu se passer quand elle avait 12 ans. Pour en arriver à ce niveau de panique, il a forcément dû se produire quelque chose. Elle ne répond toujours pas. Je m'avance doucement vers elle et prend son visage en coupe. Je la regarde, mes yeux se baladent d'un œil à l'autre. Ses yeux... Mon point faible.

Dis-moi ? Je ne me moquerais pas.

Je caresse sa joue avec mon pouce, attendant qu'elle parle.

— J'ai... j'ai peur, souffle-t-elle.

Je fronce les sourcils d'incompréhension. Des larmes commencent à couler, mais je les intercepte en les balayant avec mes pouces.

Ma Prison DoréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant