Chapitre 38

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Aria

Je n'arrête pas de repenser au gala. À Masson, à la danse qu'on a partagé... J'ai eu du mal à dormir cette nuit, mon subconscient refusant de me laisser tranquille. La soirée à été un succès. Ma mère est ravie, elle a récolté un montant exorbitant pour ses associations.

Je n'ai pas recroisé mon père depuis et je ne ferais plus d'efforts envers lui. J'ai bien compris l'intérêt qu'il me portait : je ne suis qu'un sacrifice afin d'accroître son pouvoir.

Aucun signe de mon garde du corps depuis ce soir-là. Je me demande ce qui a bien pu se passer quand je suis partie. Mon père l'a fait appeler et il n'avait pas l'air content, pas du tout même...

Perdue dans mes pensées, je ne vois pas le professeur se rapprocher de ma table. Je griffonne sur une feuille, ne prenant pas du tout part à son cours.

— Besoin d'aide Aria ?

Je sursaute, lâchant mon crayon.

— Puisque vous avez suivi le cours, vous allez pouvoir me donner votre point de vue, ajoute-t-il en retournant devant le tableau. Quelle est la différence entre le cœur et la raison ?

Et merde ! Je prends quelques secondes pour réfléchir.

— Le cœur est l'élément clé où se créent les sentiments et les émotions, commençais-je à dire. La raison est une expression qui se base sur la logique.

— Pouvez-vous me donner un exemple ?

— Euh, oui... Le cœur pourrait nous mettre en danger, quitte à nous blesser, poussé par des sentiments ou des émotions qu'il nous fait ressentir, par exemple pour protéger une personne. La raison, elle, nous pousserait à nous protéger avant tout, voulant instinctivement nous mettre en sécurité. Le cœur nous fait agir face à un sentiment indéniable, qui vient du plus profond de notre être. C'est pourquoi la raison, qui suit un raisonnement logique et rationnel, ne comprend pas pourquoi nous agissons à l'opposé des signaux d'alerte qu'il nous donne. Le plus souvent, nous choisissons d'écouter notre coeur car la raison est aveuglée par celui-ci. D'où l'expression : "le cœur a ses raisons, que la raison ignore".

— Vous vous en sortez bien mademoiselle, mais soyez plus attentive.

Ouf ! Heureusement que je suis douée en philosophie et que j'adore ça. Clairement, je n'ai rien écouté de son cours. Je me force à laisser le fil de mes pensées dans un petit coin de ma tête et essaie de me concentrer sur la fin du cours.

La matinée passe vite. J'ai réussi tant bien que mal à me concentrer un minimum afin de saisir le plus important.

— Tu as froid ? Me demande Aurélio en mettant son bras autour de ma taille comme pour me réchauffer.

Nous sommes installés à table, au self. Je n'ai rien touché dans mon assiette. Je n'ai pas très faim.

— Non, ne t'inquiète pas. C'est juste un petit frisson, rien de bien méchant.

Je lui lance un petit sourire, en essayant d'être convaincante.

— Tiens, me dit-il en enlevant son manteau. Prends-le, il te tiendra chaud.

Il me la passe sur les épaules et m'embrasse au niveau de la tempe, un geste plein de tendresse qui me fait lui offrir un sourire sincère.

Une fois le repas terminé - enfin plus pour eux que pour moi - nous sortons pour aller rejoindre nos casiers. Je récupère les affaires dont j'ai besoin pour cet après midi puis referme la porte pour aller rejoindre Aurélio.

Ma Prison DoréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant