Chapitre 22

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Masson

Je passe le portail de la villa et enfonce la pédale d'accélérateur. Je dois retrouver Matt et son père pour effectuer un interrogatoire. Trois hommes ennemis ont été capturés sur notre territoire. Tout porte à croire qu'ils étaient ici pour faire du repérage. Je n'ai jamais été témoin du boss en pleine action. J'ai hâte !

Le trajet jusqu'au casino me permet de repenser à ce que m'a demandé Aria. Sérieux, elle pensait vraiment que j'allais accepter ?

La seule fois où elle est allée en boîte, je l'ai récupéré complètement ivre. Elle m'a sauté au cou pour m'embrasser, puis elle a fini par vomir à côté de mes chaussures. Non merci, je ne veux pas revivre ça.

Je suis étonné qu'elle ait abdiqué aussi facilement. Je m'attendais à une crise et non à la déception que j'ai vu sur son visage. Je ne pensais pas ressentir de la pitié en la voyant comme ça. Et pourtant, ça à été le cas ! J'ai vite détourné le regard par peur de céder en voyant ses yeux de biche. Qu'est-ce qui m'arrive ?

Une partie de moi aurait aimé accepter tout ce qu'elle peut bien me proposer. J'ai pitié d'elle : elle a toujours été recluse dans la villa, sans vivre une vie classique d'adolescente. En me mettant à sa place, ça doit être vraiment frustrant de voir que les autres ont autant de liberté. Bien sûr, je vois mon propre intérêt dans cette "entente" - tout comme elle au final - mais malheureusement, je ne peux pas faire de miracles.

Déjà que ce serait très mauvais pour mon cul si son père l'apprenait, mais si en plus il lui arrivait quelque chose sous ma protection, ce serait signer mon arrêt de mort.

J'arrive dans le casino et passe par la porte de derrière. Je descends au sous-sol et passe par les vestiaires pour me changer. Matt m'a envoyé un message sur la route pour me dire qu'ils m'attendaient dans la salle 3. Autrement dit, la salle la plus éloignée de la sortie du sous-sol. Je sais d'avance qu'il va y avoir beaucoup, beaucoup de hurlements. Changé et armé, je me dirige vers la porte où se trouve mon pote et son père. Je tends l'oreille mais aucun bruit.

Je ne prends pas la peine de cogner et j'entre sans ménagement. Les trois hommes sont positionnés en ligne au fond de la pièce, sur les genoux, les mains attachés dans le dos et leurs têtes baissées. Je constate que l'interrogatoire a déjà débuté, même si je ne peux voir le visage, je remarque que du sang coule pour atterrir au sol et des éclats ont tâché les murs.

— Enfin te voilà, me reproche le boss. Tu en as mis du temps !

Jamais content celui-là ! *

Il ne prend pas la peine de me regarder. Il est debout, en plein milieu de la pièce, vêtu d'un bas de jogging et d'un haut manche courte. Il essuie ses mains avec une serviette, avant de la jeter sur ses épaules. C'est la première fois que je le vois en tenue décontractée. Toujours impeccablement habillé, ça me fait bizarre de le voir avec du sang sur les mains.

Matt quant à lui est adossé contre le mur avec une de ses jambes repliée, les bras croisés sur son torse. Il regarde son père, le visage fermé et ses yeux mi-clos. Je peux facilement deviner qu'il aurait aimé faire part à ce début d'interrogatoire.

— Ça avance ?

— Tu plaisantes ! Dit-il. Il vient à peine de commencer. S'ils parlaient déjà, où serait le plaisir ? Je n'ai même pas encore participé ...

Je le regarde et sourit en voyant sa mine boudeuse. C'est comme si on refusait à un gamin de 8 ans de jouer avec ses jouets le soir du réveillon de Noël.

— Allez fils, amuses toi.

Son père recule pour lui laisser la place. Tout excité, mon meilleur ami s'avance vers l'un des trois hommes qu'il soulève et assoie sur la chaise derrière lui. Il sort deux bandeaux de ses poches pour les placer sur les yeux des deux autres restant à terre.

Ma Prison DoréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant