Ma Prison Dorée

Chapitre 12

Aria

Ma main tâtonne mon oreiller à la recherche de mon téléphone qui sonne. Je n'ai pas envie de me lever alors je reporte l'alarme. Depuis hier, le crétin a commencé à me conduire au lycée. Mon cerveau n'arrête pas de me faire rejouer la scène de samedi soir. Je ne sais pas ce qui m'a pris ce soir-là. J'aurai dû être effrayée quand il m'a attrapée par la gorge et collée contre le mur, et pour être honnête la peur m'a habitée quelques instants. Mais elle a très vite été effacée par l'adrénaline. Sa main contre ma gorge et sa bouche, frôlant mon oreille, m'ont provoqué des frissons. Pourquoi ça ? Je n'en ai aucune idée !

D'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais été « malmenée ». Tout le monde ici a bien trop peur de mon père pour ne serait-ce que me regarder de travers. Alors savoir que Masson ne prend pas la peine de se soucier de ce que mon père pourrait lui faire... Troublant et intéressant.

Intéressant, sérieux Aria ?

Oh ça va hein ! Tu ne vas pas me dire que ça ne t'intrigue même pas un peu ?

Il n'y a rien d'intéressant chez lui, mis à part sa belle gueule de connard !

Sa belle gueule, tu dis ?

Sa putain... Sa putain de gueule. C'est ça que j'ai voulu dire.

Oui, mais tu ne l'as pas fait.

Bref, ça ne change pas le fait qu'il faut qu'on se débarrasse de lui !

Il faut que je trouve une solution, une excuse, n'importe quoi pour que mon père accepte de retirer ce crétin arrogant de mes pattes. Il faudrait que j'arrive à lui échapper comme j'ai pu le faire avec Dario : l'affaire sera alors résolue. Le seul problème est qu'il n'est pas du tout comme lui. Hier, il m'a accompagné jusqu'à ma salle de classe. Non mais sérieux ! Ma salle de classe. Devant tout le monde et sans aucune gêne de sa part. Tous les yeux étaient rivés sur moi, puis sur lui. Même les professeurs se sont figés quand ils l'ont vu débarquer dans les couloirs pour m'escorter.

Je l'ai aussi croisé pendant la pause déjeuner et il m'attendait de pied ferme devant la porte de mon dernier cours. Ça ne peut pas durer ! Une journée est déjà de trop pour moi. Dario a répondu à mon message que je lui ai envoyé samedi soir. Je sais au moins que mon père ne l'a pas exécuté donc je n'aurai pas la mort de Masson sur la conscience le jour où j'arriverai à lui échapper.

Après une grande respiration, je me lève à reculons. J'ai deux heures de sport aujourd'hui donc il faut que je prenne de quoi me changer. Je me douche, m'habille et prends mon sac de sport à la main. Je descends les escaliers et me dirige vers la porte quand ma mère fait son apparition.

— Bonjour Aria, tu ne prends pas de petit-déjeuner ce matin ?

— Bonjour maman. Non merci, je suis en retard, je dois y aller. Je prendrais quelque chose sur la route.

Je sais que je ne prendrais rien car je compte faire comme hier : ne pas adresser la parole au crétin qui me sert de chauffeur. Donc hors de question que je lui demande de s'arrêter en cours de route en sachant d'avance qu'il refusera.

— D'accord, alors vas-y, je ne te retarde pas plus longtemps.

Je me retourne et ouvre la porte quand elle ajoute :

— N'oublie pas qu'il faut qu'on parle du gala de vente aux enchères que j'organise pour Noël.

Je ne m'arrête pas pour lui répondre et fonce vers la voiture de Masson, qui est déjà en train de perdre patience. Ses klaxons sont en train de me rendre chèvre...