Ma Prison Dorée

Chapitre 13

Masson

Arrivés à la planque avec Matt, nous revoyons avec les gars la marche à suivre concernant la réception de la cargaison de ce soir. Nous sommes une vingtaine, ce qui est plus que suffisant étant donné les petits soucis qu'on a eu avec les Vittali. Les interrogatoires des trois hommes capturés n'ont rien donné, si ce n'est des réflexions sarcastiques sur le fait qu'ils prendront bientôt le contrôle des marchandises Guerini. Autant vous dire que Matt et son père n'étaient pas très ravis de cette « entrevue ». Ils ont fini par mourir dans d'affreuses souffrances par les mains du boss lui-même. Un véritable bain de sang, de quoi avoir froid dans le dos.

Le rendez-vous a lieu à 22h ce soir, près du port d'Ajaccio. Ça nous laisse deux heures devant nous afin d'être près pour parer à une éventuelle attaque. Je sais ce que je dois faire donc je laisse mon pote aux commandes et vais m'asseoir dans le canapé.

Une bière en main, je me laisse aller à mes pensées. Ça fait maintenant un peu plus d'une semaine que je fais la nounou pour la fille du boss. Ça me fait chier, je perds mon temps et délaisse mes obligations. Je n'ai pas encore pu trouver un moyen de prendre son téléphone pour télécharger l'application de géolocalisation. Je n'ai pas à me plaindre pour le moment, Aria est plutôt calme. Elle n'a pas essayé de me semer, elle est à l'heure et on ne se parle quasiment pas sauf pour les futilités. J'en suis un peu déçu, je m'étais mis en tête une belle partie de jeu, mais pour le moment rien. Attend-t-elle que je lance les hostilités ?

Néanmoins, je ne peux oublier le jour où elle a remis à sa place une peste de son lycée. Putain de sexy ! J'ai toujours pris cette fille comme une douce et tendre princesse. Jamais je n'aurai pensé qu'elle puisse agir de la sorte. J'ai observé la scène en pensant qu'elle allait l'ignorer ou se renfermer sur elle-même, comme elle l'a fait avec moi pendant des années. J'étais près à m'en mêler jusqu'à ce qu'elle commence à lui répondre de manière hargneuse.

À partir de ce moment-là, ça a commencé à devenir intéressant, encore plus quand, sans même que j'ai pu le voir venir, elle lui a fait une clé de bras et l'a plaquée contre les casiers. Je suis resté sur le cul. Un petit démon dans le corps d'un ange. Ce peut-il que je me sois trompé sur elle ? Seul l'avenir me le dira.

Une fois le récapitulatif de la soirée revu avec les hommes, nous nous armons et montons dans nos voitures et fourgons associés. Arrivés sur le port, nous nous séparons. Matt et moi restons sur les quais avec dix de nos hommes, et les autres sont répartis autour des quais, de part et d'autre des sorties et entrées. Si les Vittali comptent nous tomber dessus, nous serons près.

Le bateau arrive à l'heure prévue. Enzo, qui est chargé de nous livrer la cargaison, est sur la proue munie de jumelles afin de repérer les lieux. Il travaille avec les Guerini depuis plusieurs années, c'est quelqu'un de confiance. La bateau amarré, Enzo descend et s'approche de nous.

— Matt, comment vas-tu ? Tout est sous contrôle ?

— Bien mec, rien d'anormal en vue pour le moment, dit Matt en regardant autour de lui.

Je salue Enzo et regarde ses hommes décharger le bateau. Trois caisses remplies de drogues sont transportées vers nos fourgons.

— Toujours rien en vue ? Je demande aux hommes via les oreillettes que nous avons connectées.

— Non rien à l'horizon, répond Marco à l'autre bout.

Avant de charger les caisses, Matt veut tester la marchandise, comme toujours. Je le laisse faire sans problème : je ne touche pas à la cocaïne, je préfère avoir l'esprit lucide. Notre transporteur ne le prend pas mal, il sait que c'est la règle émise par le boss. Une fois la totalité transférée dans nos véhicules, Enzo s'éclipse au plus vite. Moins de temps on s'attarde sur les quais et moins de risques nous prenons.