Chapitre 6

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Aria

En arrivant au lycée, j'aperçois June dans les couloirs près de son casier. Je m'arrête à côté d'elle et l'attend pour qu'on aille en cours ensemble. Cela fait deux jours qu'on se connaît, mais je l'apprécie bien. Hier midi nous avons mangé ensemble vu que Livia n'était pas au même service que moi. Ça m'a permis de la connaître un peu plus.

— La loose, me dit-elle en plongeant la tête dans son casier. Je déteste la philosophie !

— June, t'es au courant que tu as choisi des options littéraires comme moi, rassure-moi ?

Je ne peux pas m'empêcher de rigoler. Elle ferme son casier et nous avançons en direction du couloir du deuxième étage pour accéder à notre classe.

— Ce n'est pas parce que j'ai choisi ces options-là que je les aime toutes, me dit-elle en soupirant. J'adore le français, l'anglais et l'espagnol, mais la philosophie.... C'est tellement vaste ! On te donne un sujet et hop tu dois en faire une dissertation. Je suis nulle pour tout ce qui est de mettre sur papier mes idées. Je préfère le « par cœur » : pas moyen de se tromper à partir du moment où les cours sont appris.

Je la regarde, perplexe : j'adore la philosophie donc je tente de lui expliquer mon point de vue.

— Je vois la philosophie autrement. C'est vaste, je te l'accorde, mais c'est aussi la possibilité de pouvoir se poser des questions sur tel ou tel sujet. Cette matière nous permet de pouvoir expliquer notre propre façon de penser et d'émettre des hypothèses sur un ensemble déjà consenti par d'autres. J'aime cette matière car elle me permet de laisser libre cours à mes pensées sans être jugée. Ça peut lancer un débat certes, mais toujours dans le respect d'autrui.

Elle me regarde comme si j'étais une extraterrestre.

— Oh mon dieu, je suis sûre que tu es du genre à lire tout un tas de livres sur le sujet, ricane-t-elle.

— La lecture élève l'esprit, elle inspire des sentiments nobles et courageux. J'aime lire des livres qui vont m'envoyer vers un autre monde, les livres qui vont me permettre de voyager sans même quitter ma chambre. Des livres qui vont me faire ressentir de multiples émotions...

— Ok, ok, Aria, dit-elle en me coupant la parole. C'est bon arrête tu me donnes le tournis.

Nous rigolons toutes les deux et entrons dans la classe. Notre professeur, monsieur Lacroix, est déjà installé, prêt à commencer son cours. Nous nous installons côte à côte au fond de la classe. J'écoute le professeur parler pendant que j'ouvre mon manuel. Il est âgé d'environ cinquante ans, voire plus. Il porte des lunettes qui tombent sur le bout de son nez et baisse la tête si près de son livre qu'on dirait qu'il ne voit rien. Il a le profil typique du professeur de philo.

Aujourd'hui, nous abordons le thème de « la liberté de chacun », un sujet qui suscite de nombreux débats. Pour ma part, je préfère rester silencieuse et m'abstenir d'exposer mon point de vue. Ma perception de la liberté est profondément influencée par mon expérience, ayant vécue sans depuis mon plus jeune âge. Je considère la liberté comme une notion utopique, une illusion lointaine et un rêve éphémère et hors d'atteinte.

Certes, je suis libre de choisir mes vêtements, ma coiffure, mon maquillage... Mais en ce qui concerne ma vie, je reste dépendante des choix de mon père.

D'ailleurs en repensant à lui, je ne sais toujours pas s'il me fait surveiller ou pas dans ce lycée. Je vais faire comme si ce n'était pas le cas et j'aviserai en fonction. S'il me fait suivre, il sera forcément au courant de ce qu'il s'y passe sans que je lui raconte. À moi de faire en sorte de voir si c'est le cas ou non.

Ma Prison DoréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant