Chapitre 19

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Masson

Sur la route qui mène à la villa, je repense à la semaine de merde que je viens de passer. Même si revoir ma mère m'a fait le plus grand bien, les réflexions de mon père, en revanche, ne m'avaient pas manqué. La semaine a été intense.

J'ai, tant bien que mal, essayé d'aider mon père au mieux, malgré le peu de temps que je suis resté ici. Le retour dans mon pays natal fut une bouffée d'oxygène. Huit mois que je n'y avais pas mis les pieds. Le départ m'a fait chier. J'aime ma région, j'ai mes repères et mes habitudes, mais à choisir, je préfère m'éloigner.

Être loin de mon père ne signifie pas qu'il n'exerce plus de pouvoir sur moi alors imaginez quand je suis avec lui. Mon avenir est clairement entre ses mains et j'espère bien réussir à reprendre le contrôle de ma vie.

Je suis le mieux placé pour reprendre les affaires familiales. Quand bien même il pense que je n'ai pas les épaules pour, je compte bien lui prouver le contraire.

C'est toute ma vie que je mets entre parenthèses pour parfaire mon plan : contrer celui de mon propre père. L'idée est de reprendre le contrôle de ma vie. Ce qui se révèle plus compliqué que prévu.

J'ai profité de cette escapade pour revoir mes amis. Felipe et Alessio ont voulu qu'on fasse la tournée des bars pour se rappeler le bon vieux temps. Nous faisions tout ensemble avant que je ne sois obligé de m'éloigner du domaine.

Nous nous connaissons depuis des années et au fil du temps, ils sont devenus des piliers sur lesquels je peux compter. Ils m'ont fait promettre de revenir plus souvent. Je ne leur ai pas dit pourquoi j'étais parti, je préfère garder mes secrets pour moi, ça évite les fuites. J'ai confiance en eux, ce sont mes meilleurs amis après tout, mais une fois sous alcool, ils ont tendance à trop parler. Et bien évidemment, l'alcool et eux sont comme qui dirait meilleurs amis !

Aria m'a envoyé un message hier pour qu'on discute de la proposition que je lui ai faite, donc je suppose qu'elle est partante. Tout repose sur sa décision. Si elle l'accepte, je suis quasiment sûr d'arriver à mes fins. J'ai hâte !

Une fois devant le grand portail, je scanne ma main sur la tablette et les portes s'ouvrent. Je me gare devant l'entrée, rentre dans la maison et monte en direction du bureau du boss. Je frappe et attends son accord avant d'entrer.

— Assieds-toi, me dit-il sans lever la tête de ses papiers.

Je fais ce qu'il me demande et attends qu'il termine ce qu'il est en train de faire. Les quelques minutes qui passent me paraissent une éternité, puis il pose son stylo, range ses affaires dans son porte document et lève la tête à mon intention.

— Comment va ton père ? Me demande-t-il en passant la main dans sa barbe naissante.

Arf ! Je n'ai vraiment pas envie de parler de lui.

Toujours le même ! Pourquoi ? Soufflé-je en haussant les sourcils.

Il se lève pour aller à sa table basse et se sert un verre de bourbon. Sérieux, il est à peine 17 heures !

— Il m'a appelé il y a deux jours. Tu en veux ?

Certainement pas. Je décline d'un geste de la main.

Il m'a fait part de son mécontentement concernant la dernière mission que je t'ai confiée.

Pourquoi est-ce qu'il faut qu'il s'en mêle.

— Ça a été le sujet de la semaine ! J'ai déjà donné mon point de vue. Il n'avait pas à vous appeler.

— C'est pourtant ce qu'il a fait, souligne-t-il en allant s'asseoir dans son fauteuil. Il estime que te donner une mission si banale signifie que je ne te prends pas assez au sérieux.

Ma Prison DoréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant