Chapitre 39

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Aria

— Non, lui balançai-je déterminée.

Il se stoppe et fait demi-tour pour me regarder, un sourcil levé.

— Non ? me demande-t-il, comme s'il avait mal entendu.

— Non, je répète. Tu es trop con pour comprendre le sens du mot "non" ?

— Oh si, je comprends tout à fait ce mot. En l'occurrence, je ne comprends pas pourquoi il sort de ta putain bouche. Quand je parle, tu la fermes et obéis, ni plus ni moins. C'est clair ?

— Et moi, ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi tu te permets de me parler comme si j'étais un chien ? Inverse pas les rôles. C'est toi mon garde du corps, c'est à toi de faire ce que je te dis et d'obéir. C'est clair ? Je répète en insistant bien sur ces deux derniers mots.

Je m'approche de lui d'un pas décidé, le regard empreint de défi, mais un sourire narquois s'étire sur ses lèvres. Ce mec est complétement taré s'il pense pouvoir me manipuler à sa guise, me traînant partout à sa convenance.

Bien que je perçoive de la colère dans ses traits, je discerne également une lueur de désir dans son regard.

— Pourquoi ? Pourquoi tu agis comme ça envers moi ? Tu m'as mis dans la gueule que des femmes comme moi, tu en as à la pelle. Tu profères des menaces de tuer tous les mecs des filles que tu côtoies ou c'est juste avec moi ? Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tu agis comme si je représentais plus pour toi et que je ne suis pas qu'une parmi tant d'autres ?

— Tu ne représentes rien, tu m'entends ? Me contredit-il les dents serrées en s'avançant également vers moi. Ne crois pas que tu sois spéciale. La seule chose que je pourrais tirer de toi c'est ton cul et clairement, les vierges ne m'intéressent pas.

Ses paroles me percutent de plein fouet, me lançant un pincement en plein cœur. J'aurai dû m'en douter que les baisers qu'on a échangés étaient dûs à de la pitié de sa part. Je ne suis qu'une mission pour lui, tout droit envoyée par mon père.

Les larmes me montent aux yeux, mais je refuse de lui donner le plaisir de lui montrer que ça me touche. Nous sommes à quelques centimètres l'un de l'autre et je n'ai qu'une envie : le gifler ! Mais encore une fois, ça lui prouverait que ça me touche. Je ravale mes larmes en clignant plusieurs fois des paupières. Je sais qu'il voit mes pupilles se remplir d'eau salée, mais elles ne couleront pas. Je m'y refuse. Je préfère me laisser submerger par la rage plutôt que de laisser ma peine m'envahir.

— Bah c'est parfait : tu ne représentes rien pour moi non plus.  Tu n'as aucun droit sur moi, sur ma vie, sur mes choix et sur ma bouche. Si j'ai envie de sortir de ton appartement et d'embrasser le premier clodo du coin de la rue, tu vas te faire foutre. On est clair ?

Je le plante sur place et pars en furie pour sortir de cet endroit. Je ne veux pas rester une minute de plus ici. Je m'avance vers cette satanée porte, mais m'arrête en me souvenant qu'il la fermée à clé.

— Dépêche-toi de me ramener chez moi pour que je ne sois plus obligée de voir ta sale gueule.

Il inspire et expire au ralentit, comme s'il tentait de se calmer. Je vois bien qu'il est à deux doigts de péter un câble, prêt à perdre son sang-froid. Ses poings se serrent tellement que ses jointures blanchissent. Cela dit, il garde le silence et récupère son blouson, posé sur le dossier de son canapé.

Il passe à côté de moi pour déverrouiller la porte et sort en premier. Je fonce jusqu'à l'ascenseur, le laissant refermer sa porte. Je sais qu'il m'a menti. J'ai ressenti son désir quand ses lèvres étaient sur les miennes, j'ai vu cette lueur dans ses yeux. Ma fierté en a pris un coup, mais je suis bien décidée à attaquer pour reprendre le contrôle. Il est hors de question qu'il croit qu'il peut me manipuler et dominer ma vie.

Ma Prison DoréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant