Chapitre 86 🥀

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Je n'eus qu'une envie en émergeant de mon sommeil : que ce mal de tête s'arrête.

J'avais tenté d'ouvrir les yeux mais les avait refermés dans la seconde. Le peu de lumière qui passait entre les volets avait suffit à accentuer la douleur. Peut-être aurait-il fallu que je réfléchisse un peu plus avant de boire autant sans y être habituée.
Le gémissement de douleur que j'entendis derrière mon dos m'indiqua que Jeff aussi regrettait amèrement cet excès. J'ouvris brusquement les yeux en me rendant compte que le bruit que je venais d'entendre était bien plus proche qu'il n'aurait dû.
Je me retournai le plus délicatement possible, luttant toujours contre une douleur plus vive que jamais, et fis face à Jeff - qui n'avait visiblement pas jugé bon de rejoindre son lit dans la nuit.

Je refermai mes yeux, assaillie par une nouvelle vague de douleur, et choisis de faire comme si de rien n'était. J'avais pleinement conscience de ce qu'il s'était passé mais je préférais rester dans le déni, juste encore un peu.
C'était comme si sous ivresse j'avais embouti la voiture de ma mère et que je ne comprenais la gravité de la chose qu'une fois sortie de cet état d'ivresse. Sauf que là, j'aurais peut-être préféré devoir payer les réparations d'une voiture plutôt qu'assumer les conséquences d'un coït avec Jeff.
Je dus rapidement chasser les souvenirs de la nuit qui revenaient au galop.

Je mis beaucoup de temps à ouvrir les yeux pour de bon. Je ne sais combien de temps j'ai pu passer à attendre que ma migraine se calme. Heureusement pour moi, je finis par avoir un moment de répit et j'en profitai pour attraper la boîte d'aspirine que je gardais toujours sur ma table de chevet.

- Donne, grogna simplement Jeff alors que j'avalai mon comprimé.
- J'suis ton chien pour que tu parles comme ça ?
- Nan, je parle mieux à mon chien.
- Pauvre con, dis-je en lui jetant mon oreiller au visage.

Je l'entendis soupirer avant de se relever pour attraper la boîte qui se trouvait toujours dans ma main. Nous fûmes tous deux très gênés lorsque nos peaux se touchèrent. Il se dépêcha de prendre le comprimé et nous regardâmes tous deux dans des directions opposées. Aucun de nous ne savait quoi dire, même si nous avions tous les deux envie de mettre un terme à cette gêne.

Je finis par trouver le courage de me lever pour prendre des affaires et foncer sous la douche en m'enfermant à doubles tours, toujours dans un silence de plomb. Je pris une grande inspiration avant de faire le point sur ce qu'il venait de se passer.
J'ouvris le robinet et laissai l'eau chaude parcourir mon corps. Des flashs de la veille revinrent me hanter.
Je mentirais en disant que je n'avais pas apprécié ce qu'il s'était passé. Ce que je regrettais cependant était que ce soit arrivé avec Jeff.
Quand avais-je perdu le contrôle au juste ? Hier soir, lorsque j'avais commencé à boire ? Il y a quelques jours ? Quelques semaines ?

Je ne comprenais pas où ça avait pu merder. Je n'aimais pas Jeff, c'était impossible. Je le détestais moins je... est-ce que je le détestais moins ou je l'appréciais plus ? Entre moins le détester et l'apprécier plus qu'avant il y avait un écart monumental. Dans le premier cas je le détestais toujours un peu, il restait un ennemi. Mais dans le deuxième...

Je préférais ne pas y penser plus que ça. Cette nuit impliquait déjà bien trop de choses pour que je réfléchisse en plus à ce que je pouvais ressentir pour lui. Non, pas ressentir, plutôt ma manière de le voir. Oui, voilà, uniquement ce qu'il pouvait être pour moi, aucun sentiment spécifique, il n'y avait aucune raison de ressentir quoi que ce soit en pensant à lui.

"Sois honnête deux minutes [T/P], avec toi-même au moins si ce n'est pas avec moi."

Les paroles de Ben résonnèrent dans ma tête. Pourtant, je choisis de les ignorer encore un peu.

Elle - Jeff The Killer x ReaderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant