LONG MÉTRAGE
** I. 2021 **
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Ce matin-là, Gabriel avait enfoncé son gros bonnet gris jusqu'aux sourcils, et son masque chirurgical lui coupait le souffle. Vous l'aurez deviné, ce matin-là, Gabriel avait choisi la discrétion. Il n'avait aucune envie d'être accosté par tous ces journalistes. D'habitude, il marchait le dos droit, la tête haute, vêtu de ses costumes impeccables. Mais aujourd'hui, il se fondait dans la masse, vêtu d'un sweat à capuche, déambulant comme un cow-boy, les mains dans les poches, le dos courbé, les yeux rivés sur le sol. Après tout, il était aussi un homme comme les autres. Lui aussi aimait les soirées télé, les romans de science-fiction, et les grasses matinées. Pourtant, la réalité le rattrapait vite, et en consultant sa montre, il réalisa qu'avec toute cette mascarade pour éviter la foule, il n'avait réussi qu'à se donner cinquante minutes d'avance pour son vol. Il valait mieux qu'il se dépêche de trouver son chemin dans ce labyrinthe qu'était l'aéroport de Paris.
Lorsqu'il pénétra enfin dans le terminal, un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres. La fraîcheur du bâtiment contrastait agréablement avec la chaleur qui commençait à s'accumuler sous ses vêtements, et il se félicita intérieurement d'avoir choisi de rester discret, même si cela lui coûtait un peu de confort. Il suivit les panneaux en direction du port trois, celui pour Marseille. Il avait déjà emprunté ce vol quelques années plus tôt pour un débat, et aujourd'hui, il se retrouvait à nouveau dans le même cadre. Pourquoi ce voyage maintenant ? Eh bien, exactement pour le même but : un autre débat. Il devait rejoindre Antoine directement à Marseille. Étant donné qu'ils n'avaient pas pu obtenir de places côte à côte, ils avaient convenu de se retrouver là-bas, chacun de son côté, en espérant que Gabriel puisse passer inaperçu. Lui et Antoine travaillaient ensemble depuis trois ans maintenant. Antoine gérait ses dossiers, son agenda, et l'accompagnait dans tous ses déplacements. Leur relation professionnelle s'était naturellement transformée en une amitié solide au fil du temps. Arrivé devant la file de vérification des bagages, Gabriel constata avec soulagement qu'il n'y avait personne à l'horizon, à l'exception des agents de sécurité qui discutaient entre eux devant les barrières. Il traversa le chemin menant à la file d'attente et posa son sac sur le tapis roulant. Bien qu'il n'y ait rien d'autre dans son sac que quelques vêtements, son ordinateur, des documents et sa brosse à dents, le simple fait de passer par la sécurité le stressait toujours un peu. C'était ce genre de moments où la routine quotidienne se mêlait à l'angoisse, même pour quelqu'un d'aussi habitué aux voyages que lui.
« Bonjour, monsieur, enlevez vos bijoux et videz vos poches dans le bac. Lui indiqua l'agente. Gabriel ne portait pas de bijoux mais il vida ses poches dans le bac : son téléphone, son portefeuille et quelques pièces de monnaie. Puis il regarda l'agente. Vous pouvez passer dans le portail. Dit-elle, il s'exécuta et rien ne sonna. Il récupéra ses affaires dans le bac et les remit dans sa poche. Vous partez en vacances ? Demanda l'agente. Gabriel fut surpris et il laissa tomber l'une de ses pièces de monnaie, tâtonnant le sol pour la ramasser.
- Euh, non. Je vais à Marseille pour le travail. Dit-il en récupérant son sac.
- D'accord. Vous pouvez aller de ce coté pour prendre votre avion. Dit-elle en lui indiquant le chemin de gauche avec sa main. Bon vol.
- Merci, bonne journée.» Répondit Gabriel en suivant le couloir indiqué.
Bon sang, ce que c'était agréable de recevoir d'autres questions que celles de ces fichu fouines de la presse. En effet, Gabriel était Porte Parole au gouvernement, il subissait toujours un tas de questions même lorsqu'il n'était pas dans ses horaires de travail. Il passa devant un Paul et hésita un instant à se prendre un café et un croissant, mais il n'avait que trente minutes avant l'embarquement, et cet aéroport était si vaste. Il monta rapidement une paire d'escaliers et se dirigea droit devant lui, passant devant d'autres cafés et petites supérettes. Il arriva devant un groupe de personnes qui attendaient devant un portillon, surveillé par une hôtesse. Un vieil homme était assis par terre, absorbé dans un livre, tandis que deux enfants en bas âge, entre les deux canapés bondés, ne cessaient de répéter : « C'est quand qu'on monte dans l'avion ? C'est quand qu'on va voler ? ».

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LONG METRAGE
FanfictionBardellattal : plus de 250 506 mots ! 656 pages. En deux-mille-vingt-et-un, dans le silence feutré d'un vol au-dessus des nuages, Gabriel Attal et Jordan Bardella, deux rivaux politiques que tout sépare, se croisent sans savoir qui ils sont réelleme...