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La première partie du débat était terminée, et la pause publicitaire semblait avoir effacé une partie de la tension de la salle. Jordan, qui avait l'air plus détendu, avait laissé de côté son air concentré. Il souriait de nouveau, ses yeux pétillants d'une malice que Gabriel avait faillit oublié. Il lançait des blagues, parfois piquantes, tout en répondant aux questions des membres de l'équipe. C'était comme si la lumière s'était rallumée dans son visage, comme si le poids de la soirée s'était un peu évaporé. Gabriel porta son verre à ses lèvres, laissant l'eau fraîche apaiser la brûlure de la fatigue qui commençait à revenir. Son regard glissa vers Jordan, qui croisa le sien et lui adressa un sourire complice. C'était un sourire qui en disait long, une fraction de seconde qui semblait suspendue dans l'air. Gabriel lui répondit d'un sourire hésitant, cette chaleur familière qu'il n'arrivait plus à ignorer, même s'il se forçait à ne pas y penser. Il s'en voulait d'éprouver cela, mais il ne pouvait s'en empêcher. Parfois, il se disait qu'il y avait quelque chose de séduisant et amical chez lui, quelque chose qui le poussait à vouloir le connaître, à faire tomber les murs entre eux. Ce sentiment, ce désir de se laisser aller, se percutait avec ses convictions et sa loyauté envers le gouvernement. Chaque regard échangé, chaque rire partagé se faisait le déclencheur d'un débat intérieur toujours plus épuisant. Gabriel avait peur de s'approcher trop près, de s'attacher à ce qui pourrait un jour devenir sa plus grande faiblesse. Jordan, quant à lui, s'approcha, son pas léger et assuré. C'était comme si, sans le vouloir, il faisait déjà partie des habitudes de Gabriel, une constante à laquelle il devait s'habituer, et qui le déstabilisait. Jordan lui offrit un sourire en arrivant devant lui, et déclara avec amusement :
« Première fois qu'on se voit durant cette nouvelle année, et tu ne mâches pas tes mots. Gabriel esquissa un sourire en coin.
- Je te donne un avant-goût pour le reste de l'année. Jordan secoua légèrement la tête, amusé, mais retrouva bien vite son sérieux.
- La campagne se passe bien ? Demanda-t-il. Gabriel haussa les épaules.
- C'est éprouvant, mais c'est toujours comme ça, les campagnes. Ça se passe bien, oui. Et la tienne ? Jordan expira lentement, comme s'il relâchait un poids invisible.
- Je n'ai jamais été autant fatigué et stressé de ma vie, mais oui, ça se passe globalement bien. Gabriel hocha la tête. Il comprenait. La fatigue, la pression constante, le poids des responsabilités. Il y avait pourtant une part de lui qui aimait ça.
- Les campagnes restent des moments magiques, avoua-t-il. On partage beaucoup plus de temps avec les gens. C'est ce que je préfère. Jordan lui offrit un sourire sincère, un de ceux qui semblaient illuminer son visage.
- Ce que je préfère, moi, c'est voir les différents métiers, leur manière de fonctionner... et discuter avec les gens qui collent nos affiches dans les rues. Ses yeux pétillaient en disant cela. Gabriel sentit un écho en lui et acquiesça.
- C'est vrai que c'est satisfaisant de parler avec ceux qui militent pour notre parti. C'est à ce moment-là que tu te rends compte que ça en vaut la peine.
- Exactement. Gabriel détourna brièvement le regard vers les coulisses. Antoine l'attendait, une barre de chocolat à la main. Il lui fit signe d'approcher. Antoine arriva avec un sourire.
- Je ne voulais pas vous déranger. Tiens, ta barre de chocolat, Gab. Gabriel attrapa le Toblerone et vit Jordan sourire en entendant ce surnom. Il leva un sourcil.
- Quoi ? Jordan haussa les épaules, l'air faussement innocent. Gabriel roula des yeux avant de casser la barre en deux et de tendre un morceau à Jordan. Je suppose que tu as faim. Jordan prit le chocolat sans se faire prier.
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LONG METRAGE
FanfictieBardellattal : plus de 250 506 mots ! 656 pages. En deux-mille-vingt-et-un, dans le silence feutré d'un vol au-dessus des nuages, Gabriel Attal et Jordan Bardella, deux rivaux politiques que tout sépare, se croisent sans savoir qui ils sont réelleme...
