LONG MÉTRAGE
** III. 2023 **
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Le retour au travail après les fêtes de fin d'année fut difficile pour Gabriel, il était fatigué mais tout de même heureux de retourner au ministère. Son métier lui plaisait plus que tout et il ne l'avait jamais vécu comme une corvée.
Il était arrivé tôt ce matin, il devait assister à une réunion dans l'après midi et il n'aurait pas beaucoup de temps pour manger. Comme à chaque fois qu'il arrivait, il avait ouvert la boites aux lettres à son nom qui se trouvait dans l'entrée puis il s'était dirigé vers son bureau avec le courrier.
Il s'était assis et avait ouvert chacune des lettres, comme pour échauffer sa concentration. C'était sa petite routine du matin. Les deux premières furent des lettres de menaces qui le firent grimacer, il les avait jeté sans s'en soucier. L'une des enveloppes était rose, la plupart du temps, ces lettres venaient de personnes qui l'appréciaient, voulant le féliciter ou le remercier. Il l'avait ouvert tranquillement.
« Cher Gaby,
Je ne peux pas mettre mon nom pour des raisons de sécurité, je peux simplement te dire que c'est Juste Moi et que j'aime le drapeau français que tu as toujours dans ta poche gauche.
Je t'avais dit que mon vœu de Noël était de te revoir alors j'aimerais le réaliser par moi même, c'est pourquoi je te propose cette date et ce lieu :
jeudi à dix-sept heure devant le bar intitulé Le Velvet. Je t'y attendrais.
Je ne te l'ai pas dit par message parce que je voulais me donner un air cool comme pour la pêche et aussi parce que lorsqu'un vœu se réalise, on ne s'y attend pas toujours.
J'aurais la surprise de te voir ou non. Je croiserais les doigts pour que tu sois là comme un enfant croise les doigts le matin de Noël, espérant recevoir le jouet qu'il avait écrit dans sa lettre pour le Père Noël.
Sache que lorsque mon vœu de Noël sera réalisé, te revoir sera mon souhait, mon aspiration puis mon rêve.
Joyeux Noël, Gabriel.
Ps : Je te promet de boire dans un verre. »
Gabriel avait relu la lettre trois fois de suite, il avait eut l'impression que tout son ventre s'était mit à bouillir. Bien sûr qu'il réaliserait le souhait de Jordan, puis son aspiration et son rêve. Il avait relu cette phrase une dizaine de fois, son cœur brûlant de plus en plus à mesure qu'il la lisait.
Maintenant qu'il essayait de travailler, cette phrase revenait en boucle dans son esprit. Il était incapable de se concentrer et c'était un véritable défis d'écrire ne serait-ce qu'un paragraphe cohérent. Il avait soigneusement plié la lettre et l'avait mit dans sa poche gauche avec son pin's.
Gabriel regarda la montre à son poignet, se rappelant du regard de son père dans son lit d'hôpital alors qu'il regardait son fils se dévoiler à lui. Il se souvint de son regard de compassion et de fierté sous la grande fatigue de ses yeux, le cœur de Gabriel se serra à cette pensée. Il posa une main douce sur le bois de son bureau, une pièce de mobilier qui avait autrefois appartenu à son père. La surface était marquée d'une tache, probablement causée par une tasse ou un verre. Gabriel fixa cette empreinte, imaginant son père travaillant assidûment, posant son café avec un geste familier, et s'essuyant le front en quête de concentration.
« J'espère que je serais sorti ce week-end pour qu'il puisse venir manger avec nous.» Gabriel se laissa aller à une rêverie inattendue, imaginant son père en conversation avec Jordan. Il se demanda si son père l'aurait aimé, s'ils auraient trouvé un terrain d'entente, partagé des rires et des anecdotes. Il soupira, le regard perdu dans le vide, caressant sa montre du bout des doigts comme pour apaiser une mélancolie profonde et silencieuse.
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LONG METRAGE
FanfictionBardellattal : plus de 250 506 mots ! 656 pages. En deux-mille-vingt-et-un, dans le silence feutré d'un vol au-dessus des nuages, Gabriel Attal et Jordan Bardella, deux rivaux politiques que tout sépare, se croisent sans savoir qui ils sont réelleme...