2023 : Chapitre 19 à 21

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 En avril, Jordan continua ses activités politiques en tant que président du Rassemblement National tout en discutant régulièrement avec Gabriel. Il avait participé à diverses émissions médiatiques, et avait également été impliqué dans des débats publics sur des sujets controversés, notamment les accusations d'antisémitisme historiques contre le RN, cherchant à dissiper les critiques et à défendre les positions actuelles de son parti. Ça le fatiguait beaucoup parce qu'il devait sans arrêt répéter les même choses, répondre aux mêmes questions, aux même mensonges. Il s'était énervé plusieurs fois, ne sachant plus masquer sa lassitude. Aujourd'hui, sur BFMTV et RMC, il avait abordé des questions telles que la politique d'immigration et les positions de son parti sur diverses questions nationales. Il avait encore répété les mêmes choses, se demandant si les gens écoutaient ce qu'il disait au moins. Il était rentré au siège en fin d'après midi pour envoyer quelques documents et faire le point avec Marine.

Jordan était assis face à elle, faisant tourner doucement un porte-clés en forme de méduse entre ses doigts. La petite figurine translucide captait la lumière, projetant des reflets irisés sur la table. Il se perdit un instant dans le mouvement hypnotique de l'objet, se rappelant d'où il venait. Une image douce et familière surgit : Gabriel, souriant avec ce mélange unique de fierté et d'enthousiasme, lui tendant le porte-clés comme s'il s'agissait d'un trésor.

« Oui, mais Jordan, plus tu vas répéter, plus les gens vont comprendre. Je sais que c'est pénible, mais c'est important, disait Marine, sa voix posée et ferme. Jordan releva les yeux vers elle. Elle avait cet air sérieux qui lui rappelait celui d'une mère : un regard intense, cette manière d'incliner légèrement la tête lorsqu'elle faisait un point crucial.

- Je sais, répondit-il dans un soupir. Mais j'ai l'impression que les gens n'écoutent pas, ajouta-t-il, son ton trahissant un mélange de frustration et de découragement. Il fit rouler le porte-clés entre ses doigts, essayant de canaliser ses pensées. C'était un geste automatique, mais il lui apportait un réconfort discret.

- Crois-tu vraiment que nous aurions eu un résultat aussi haut aux législatives de deux-mille-vingt-deux si les gens ne commençaient pas à comprendre ? Demanda Marine en s'appuyant légèrement sur son bureau, son ton calme mais déterminé. Jordan haussa un sourcil, réfléchissant à sa remarque. Il ne put s'empêcher de sourire, un sourire timide mais sincère.

- Oui, c'est vrai, réalisa-t-il, hochant doucement la tête. Il savait que ces choses prenaient du temps, mais il avait toujours eu tendance à vouloir tout voir se résoudre immédiatement. Il cherchait la perfection, une habitude qui lui jouait des tours plus souvent qu'il ne l'aurait voulu.

- Ah, j'oubliais, reprit Marine en pivotant légèrement vers son ordinateur. Elle fit défiler quelque chose à l'écran, utilisant la roulette de sa souris avec une précision mécanique. Ta conseillère m'a dit de te dire qu'elle avait reçu un mail de France 2. Elle ne pouvait pas te voir directement, trop de travail, alors elle m'a demandé de te passer le message. Jordan redressa légèrement la tête, intrigué.

- Oh, un débat ou une interview ? Demanda-t-il, suivant des yeux les mouvements précis de Marine sur l'écran.

- Un débat avec Attal, répondit-elle, sans détourner le regard de l'écran. En mai, ça devrait être aux alentours du vingt. Ah, et il y en aura peut-être un autre en juin, mais c'est encore à confirmer de leur côté. Je réponds quoi pour celui de mai ? Jordan sentit son cœur se serrer légèrement en entendant le nom de Gabriel Attal. Il serra son porte-clés dans son poing, le plastique froid contre sa paume l'aidant à recentrer ses pensées. Il imaginait déjà le sourire confiant de Gabriel sur le plateau, son aisance naturelle. Cela le motivait autant que cela l'intimidait.

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