2023 : Chapitre 7 à 9

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 7

 Gabriel monta dans la voiture qui devait le conduire à son débat, son cœur lourd et son esprit en proie à une anxiété sourde. Il salua Antoine d'un ton étouffé, la gorge serrée, et se concentra sur le paysage défilant, cherchant à apaiser les tremblements de son estomac. Chaque minute semblait s'étirer interminablement alors qu'il tentait de se préparer mentalement. L'idée de revoir Jordan le terrifiait. L'appréhension d'avoir à débattre avec lui tout en étant submergé par une douleur personnelle rendait la perspective insupportable. Il se remémorait ses arguments, ses réponses possibles, tentant désespérément de se focaliser sur le travail à accomplir. La boule dans son ventre se faisait toujours plus lourde, chaque réminiscence de leurs moments partagés ravivant une douleur aiguë. Il se répétait les arguments qu'il devait défendre, essayant d'échapper à la tempête émotionnelle qui menaçait de l'emporter. Gabriel jeta un regard distrait à travers la vitre. Le paysage urbain défilait rapidement, mais son esprit restait ailleurs, embourbé dans une mélancolie tenace. Antoine l'observa en silence pendant quelques instants avant de rompre la glace.

« Tu tiens le coup ? Demanda-t-il, d'un ton mesuré. Gabriel détourna les yeux de la fenêtre, croisant le regard furtif de son ami. Il haussa les épaules, feignant une désinvolture qu'il ne ressentait pas.

- Oui, ça va. J'ai tout mes arguments, je sais défendre la réforme. Antoine secoua légèrement la tête, comme s'il voyait clair dans le petit jeu de Gabriel.

- Tu sais bien que je ne parle pas de ça. Gabriel tourna la tête vers lui.

- T'inquiète. Gabriel tourna la tête, fixant le paysage, il murmura : Il ne m'aimait pas comme moi, c'est tout.

- Je ne connais pas tous les détails, d'ailleurs tu ne m'as même pas dit son prénom, mais j'ai compris que ça n'a pas été facile pour toi. Gabriel serra les mâchoires, une tension subtile gagnant ses traits. Il s'efforçait toujours de donner l'impression que la situation ne l'avait pas atteint, qu'il avait le contrôle.

- Ce n'est rien. Ça arrive. Je crois que j'ai juste... mal évalué les choses, répondit-il, en choisissant soigneusement ses mots. Antoine leva un sourcil, insistant doucement :

- Tu veux dire que c'est lui qui a mal évalué, non ? Si j'ai bien compris, c'est l'autre qui t'a laissé tomber, pas toi. Gabriel hocha la tête, laisser croire qu'il avait été repoussé était plus facile que d'admettre la vérité : c'était lui qui avait choisi de briser cette relation, pour des raisons qu'il n'osait pas formuler à haute voix.

- Oui, c'est ça, dit-il simplement. Antoine le regarda brièvement, ses traits adoucis par une compassion sincère.

- Tu mérites mieux que ça, Gab. Quelqu'un qui t'aimera si fort qu'il sera prêt à se battre assez pour te garder, pas un gars qui se tire quand c'est un peu trop compliqué. Gabriel esquissa un sourire forcé, une lueur de tristesse traversant son regard. C'était exactement ce que Jordan méritait.

- Merci, Antoine. Le silence s'installa brièvement, mais Antoine, toujours pragmatique, changea habilement de sujet.

- Bon, parlons du débat. Tu te sens prêt ? Gabriel acquiesça, même si son esprit était encore un peu embrumé.

- Oui, ça devrait aller. Mais entre Jordan Bardella, Éric Ciotti et Clémentine Autain, je sens qu'on va avoir droit à un festival d'attaques en règle. Antoine esquissa un sourire amusé.

- Tu penses que Bardella va encore essayer de faire passer le gouvernement pour le grand méchant loup ? Gabriel soupira, anticipant déjà les arguments attendus.

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