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Le quatre janvier, Gabriel avait été convoqué à l'Élysée par le président de la République. L'anxiété l'avait envahi dès qu'il avait reçu l'invitation, et la veille de la rencontre, il n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Il se posait mille questions : pourquoi cette convocation ? Avait-il fait une erreur dans son travail ? Se pouvait-il qu'il soit licencié ? Ces pensées tournaient sans cesse dans son esprit, l'empêchant de trouver un semblant de paix. Le plus dur était qu'il ne pouvait en parler à personne. Surtout pas à Jordan. Il savait qu'il aurait essayé de le rassurer, mais Gabriel ne voulait pas lui imposer ce poids, ni le faire s'inquiéter inutilement. Et il ne devait rien savoir de ce qui se passait en interne, il pourrait l'utiliser pour promouvoir son parti et créer des émeutes. Quant à sa mère, il n'osait même pas envisager de lui confier ses craintes avant d'en savoir plus. Si les nouvelles étaient mauvaises, il ne se voyait pas affronter son regard tout de suite après. Ainsi, il avait préféré garder tout pour lui, espérant que le temps ferait s'évaporer son stress. Mais ce ne fut pas le cas. Ce matin-là, après une nuit blanche passée à regarder sans vraiment voir une série de films, Gabriel s'était préparé mécaniquement. Le trajet vers l'Élysée fut silencieux, marqué par la tension palpable dans l'air. Antoine semblait avoir compris qu'il ne fallait pas engager la conversation et respecta le silence pesant. À chaque virage, chaque minute qui passait, Gabriel sentait son cœur s'accélérer un peu plus, se demandant ce qui l'attendait derrière les portes du palais présidentiel.
Gabriel se trouvait maintenant devant le bureau, et son stress avait atteint un niveau qu'il n'aurait jamais cru possible. Chaque battement de son cœur résonnait dans ses oreilles comme une cloche d'alarme. Sa gorge était serrée, son estomac noué à tel point qu'il avait l'impression qu'il allait vomir d'un moment à l'autre. Pourtant, il ne pouvait pas s'arrêter de marcher de long en large. Ses jambes, déjà lourdes et douloureuses à force de piétiner, refusaient de rester immobiles. Il savait que s'il s'arrêtait, l'angoisse l'écraserait, l'immobilisant totalement. Pourtant, chaque pas qu'il faisait semblait le rapprocher un peu plus d'une crise de panique. Son souffle se faisait plus court, ses mains étaient moites, et il ressentait des vagues de chaleur envahir son corps avant de laisser place à un frisson glacial. Chaque seconde passée à attendre derrière cette porte était un supplice, comme s'il se trouvait à l'aube de quelque chose d'inconnu et potentiellement désastreux. Il se surprit à jeter un coup d'œil à la poignée, tentant de deviner ce qui l'attendait de l'autre côté. Et si c'était vraiment la fin ? Cette pensée, qu'il tentait de repousser depuis des heures, revenait en force. Et s'il avait tout gâché sans même s'en rendre compte ? L'idée qu'il pourrait perdre tout ce pour quoi il s'était battu jusqu'ici lui donnait l'impression que l'air autour de lui devenait de plus en plus rare.
Soudain, la voix d'Antoine brisa le silence étouffant.
« Gaby- Gabriel s'arrêta net, tournant vers lui un regard chargé de nervosité et de frustration.
- Ne m'appelle pas comme ça, l'interrompit-il brusquement, sa voix trahissant une pointe de panique. Il inspira profondément, mais le souffle qui en résulta fut irrégulier, saccadé. Était-ce donc ça, ce que Jordan ressentait en permanence ? Non, pensa-t-il, il doit vivre bien pire. Antoine leva légèrement les mains en signe d'excuse, son visage exprimant une compréhension teintée d'inquiétude.
- Désolé. Mais détends-toi, Gab. Tu as déjà été dans son bureau. Gabriel secoua la tête, reprenant son manège nerveux en arpentant le couloir. Il frotta l'arête de son nez avec deux doigts, comme si ce geste pouvait apaiser la migraine naissante qui pointait.
- Pas de cette manière. Il se détourna, sa voix tremblante mais ferme. Antoine, quelque chose ne tourne pas rond. Il serra les dents, sa mâchoire crispée accentuant la tension visible dans ses traits. Ses mouvements étaient nerveux, ses mains se tordaient machinalement, cherchant un exutoire à cette énergie négative qui semblait le submerger.
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LONG METRAGE
Fiksyen PeminatBardellattal : plus de 250 506 mots ! 656 pages. En deux-mille-vingt-et-un, dans le silence feutré d'un vol au-dessus des nuages, Gabriel Attal et Jordan Bardella, deux rivaux politiques que tout sépare, se croisent sans savoir qui ils sont réelleme...
