LONG METRAGE

2022 : Chapitre 26 à 30

26

Deux jours après le débat, Marine était toujours fâchée contre Jordan. Ce soir, les résultats du second tour seraient annoncés et le stress était à son maximum, il n'avait pas eu l'occasion de discuter avec elle. Il avait dirigé beaucoup de réunions et tout le monde semblait à cran. Ils avaient tous hâte que les présidentielles soient terminées pour enfin se reposer un peu. Se reposer. C'était un bien grand mots en sachant que, à peine un mois après, il y aurait les élections législatives. La campagne continuait. Jordan avait passé la journée à courir partout pour diriger les équipes, il se trouvait actuellement dans son bureau, son premier moment de calme depuis ce matin. Il se demandait comment allait Gabriel, s'il était stressé et très occupé comme lui. Sans doute plus, étant donné qu'il travaillait au gouvernement. Tout ce que Jordan espérait était que, peu importe les résultats, il n'y aurait pas de froid entre eux. Les choses semblaient s'arranger, ils avaient fait un peu plus connaissance et il était certain que Gabriel lui faisait un peu plus confiance depuis leur soirée au parc. Un coup résonna contre la porte de son bureau, sec et pressant.

« Entrez, lança-t-il d'une voix forte, sans lever les yeux de ses dossiers. La poignée tourna, et Marine entra, refermant la porte derrière elle avec un léger grincement.

- Jordan, comment vas-tu ? Demanda-t-elle, son ton cordial, mais légèrement tendu. Il releva la tête brièvement, la mine neutre.

- Ça va. Tout est fin prêt. Il n'y a plus qu'à attendre les résultats et adapter nos discours en conséquence. Elle hocha la tête, un air satisfait traversant brièvement son visage.

- Parfait. Tu te tiendras à côté de moi pendant mon discours.

- Oui, je sais. Un silence gênant s'installa. Marine jeta un coup d'œil autour d'elle, comme si elle cherchait une échappatoire ou quelque chose à commenter. Jordan se racla la gorge, mal à l'aise face à cette tension latente. Euh, les choses vont bien entre nous ? Ou êtes-vous toujours en colère ? Demanda-t-il finalement, hésitant. Marine plissa les lèvres, visiblement déstabilisée par la question.

- Je n'en sais rien. Jordan haussa un sourcil, un rire amer menaçant de franchir ses lèvres.

- Ah, génial. Marine croisa les bras, son regard se durcissant légèrement.

- Jordan, tu sais très bien que ça ne me plaît pas du tout... Il serra le poing sur son stylo, essayant de contenir une vague d'agacement.

- Mais vous savez à quel point j'ai du mal à m'ouvrir aux gens ! J'y arrive maintenant, j'y arrive avec Gabriel. Marine soupira, son visage s'adoucissant un peu, mais son ton resta ferme.

- Jordan... Bien sûr que je suis heureuse que tu progresses, que tu prennes confiance en toi, que tu t'ouvres un peu plus... Mais pourquoi lui ? Tu pourrais te faire des amis au sein du Rassemblement National. Tu compliques tout. Tu ne peux pas être ami avec un Macroniste. Jordan redressa la tête, ses yeux lançant un éclat froid.

- Nous ne sommes pas amis, Marine, rétorqua-t-il sèchement. J'essaie de réparer ce que vous avez brisé avec Macron. Marine écarquilla les yeux, visiblement choquée.

- Tu parles d'une alliance ? S'écria-t-elle, outrée.

- Non ! Absolument pas ! Jamais je ne cautionnerais leurs idées. Je parle des liens entre les différents partis. Vous et Macron n'avez jamais sympathisé. Vous vous êtes détestés, que ce soit en débat ou ailleurs. Marine détourna les yeux, cherchant ses mots.

- Nous ne nous détestons pas, Jordan. Nous nous respectons en dehors des débats, mais il n'y a rien de plus. Jordan se pencha en avant, ses coudes sur son bureau, le regard perçant.