2023 : Chapitre 5 à 6

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5

Gabriel laissa sa tête tomber sur ses genoux et ses sanglots s'échapper alors que Jordan quittait les toilettes. Il savait qu'il n'avait pas le choix de le repousser, il y avait trop d'enjeux mais il eut l'impression d'étouffer. Que tout son corps l'abandonnait, que son esprit s'éteignait peu à peu.

Il se retrouvait seul, assis sur le carrelage froid où ils avaient partagés un moment magique quelques minutes plus tôt, il sentit un vide immense s'installer dans son cœur. Chaque éclat de rire, chaque confidence échangée sous les chênes majestueux du parc semblait maintenant appartenir à une autre vie. Le poids de l'absence se fit écrasant, et, incapable de contenir sa peine plus longtemps, Gabriel s'effondra en larmes. Les sanglots secouaient son corps tandis qu'il se rappelait du moment qu'ils avaient passés à danser, leurs visages si proches, ses yeux noisettes et ses taches de rousseurs discrètes sur son nez, ses mains dans son dos, son sourire timide. Il se rappela avoir souhaité que cette danse dure toujours, mais maintenant, tout était terminé. Il resta là, n'ayant pas la force d'affronter le monde dehors en sachant que toute la magie s'était envolée.

Son téléphone sonna, il regarda, de ses yeux rouges et gonflés « Appel entrant : Maman» Il n'avait pas répondu à ses messages, il soupira.

« Allô Gabou ? Je t'ai envoyé des messages, il est tard. Tu ne m'as jamais répondu.

- Allô ? Dit-il, sa voix remplie de douleur.

- Oui, tu m'entends ? Il est vingt-deux heures. Ta réunion t'a retardé ?

- Non. Répondit Gabriel, il n'avait pas envie de se faire gronder tout de suite.

- Gabou ? Ca va ?

- Non, ca ne va pas du tout. Bafouilla-t-il, ses sanglots se firent silencieux tant la douleur venait de loin. Maman, tu peux venir me chercher ?

- Tu es ou mon chérit ? J'arrive tout de suite.

- Je suis euh... Au Velvet, le bar, pas la discothèque. Il se remit à pleurer, j'ai tout fait foiré, maman, je sais pas ce qu'il se passe, je ne comprend rien.

- Mon Gabou, ne bouge pas, je suis là dans très peu de temps, tout va bien.»

Au bout d'une demi heure, Gabriel ne pleurait plus. Il était assis là ou Jordan l'avait été plus tôt, le regard vide et la bouche entre ouverte, son nez était rouge et le brûlait, ses yeux étaient gonflés et le démangeaient, sa tête tambourinait et il n'avait plus aucune force nul part. Lorsque sa mère entra, il n'eut même pas la force de bouger pour la regarder, elle vint se mettre en face de lui, de la même manière que Gabriel l'avait fait pour Jordan. Elle lui caressa le visage,

« Mon ange ?

- Hm. Répondit Gabriel,

- Qu'est-ce qu'il y a mon chérit ? Lui demanda-t-elle en lui caressant la joue, le menton de Gabriel se contracta et se mit à trembler, ses larmes recommencèrent à couler.

- J'avais trouvé celui que je voulais présenter à papa.

- Oh, mon petit. Sa mère lui serra le bras, je vais te ramener chez toi.

- Hm. Gabriel haussa les épaules. Il n'avait pas envie de se lever, et finalement il n'avait plus envie d'être soutenu, il ne voulait plus rien, ni parler, ni dormir.

- Si mon Gabou, le bar va fermer et des gens voudraient aller aux toilettes, tu sais. Allez. » Elle le prit sous les coudes et le tira vers le haut. Gabriel se leva, se sentant légèrement tremblant et instable, ses premiers pas furent étranges, il eut l'impression de voler.

LONG METRAGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant