2022 : Chapitre 38 à 40

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Gabriel et Jordan venaient de finir de manger. Heureusement qu'il avait acheté quatre sandwichs, car Jordan en avait mangé trois. Gabriel avait ri en réalisant qu'il pouvait engloutir le troisième en entier ; c'était presque absurde à quel point Jordan semblait toujours affamé. Tandis qu'ils discutaient, Gabriel reçut une notification sur son téléphone. C'était encore Juan. Il n'avait même pas pris la peine de lire le message. Au lieu de ça, il éteignit son téléphone. Rien ne comptait ce soir, seulement ce moment en dehors du monde, avec Jordan. Il posa son téléphone sur le banc et ne le regarda plus, même lorsque de nouvelles notifications apparurent.

« Merci d'avoir acheté des sandwich. La prochaine fois c'est moi qui paye. Lui dit Jordan en roulant en boule l'emballage du sandwichs qu'il venait de manger.

- C'est rien, ne t'inquiètes pas. Répondit Gabriel en faisant un signe de la main.

- Non, je suis sérieux. Tu avais déjà payé le Champagne la dernière fois.

- Et tu avais payé les bonbons la fois d'après.

- Tu compares vraiment le prix de trois sachets de bonbons Haribo avec une bouteille de Champagne ?

- Bon, tu as gagné. S'amusa Gabriel. Ils restèrent silencieux, leurs regards fixés droit devant eux, tandis que le bruit lointain de la circulation résonnait à travers le parc, remplissant la nuit. Le souffle de la ville se mêlait à celui des arbres, et l'atmosphère paisible semblait suspendre le temps. Ni l'un ni l'autre ne ressentait le besoin de parler, comme si ce moment de calme était suffisant, une pause bienvenue après une journée chargée. Le silence partagé entre eux semblait dire plus que des mots, une trêve dans le tumulte quotidien.

- Euh, je voulais te remercier. Commença Jordan, Gabriel le regarda en fronçant les sourcils, Jordan parut réaliser qu'il ne comprenait pas car il ajouta : Tu sais, pour l'appel.

- Oh, Gabriel fut mal à l'aise. Euh, c'est rien, c'est normal. Tu avais l'air amoché.

- Ouais, j'avais besoin de décompresser en quelque sorte.

- Je comprend. Je veux dire, j'ai grandit avec ça alors je suppose que je m'y suis habitué. Quand on ne le vit pas, ça semble sans importance. Le réaliser d'un coup ça doit être lourd.

- Mais ce n'est pas sans importance... Ca ne devrait pas.

- Eh non. Mais c'est la vie. Il y a tellement de choses qui ont de l'importance mais auxquelles personne ne fait attention.

- Comme quoi ?

- J'en sais rien puisque personne n'y fait attention. Jordan ricana.

- C'est très existentiel comme sujet. Tu aurais du faire de la philo. Plaisanta-t-il.

- En parlant de sujet existentiel, tu ne m'avais pas répondu mais du coup, tu as vomi par terre ? Se moqua Gabriel.

- Non ! Jordan lui donna un coup dans l'épaule en riant. Gabriel éclata de rire.

- Bon aller, je vais jeter ça à la poubelle. Je reviens. »

Gabriel s'éloigna dans les ténèbres du parc, se dirigeant vers une poubelle qu'il avait repérée plus tôt, alors qu'il faisait encore jour. Ses pas étaient mesurés, chaque mouvement attentif pour éviter les obstacles invisibles dans l'obscurité. Le son de ses chaussures frottant contre les gravillons résonnait doucement dans la nuit tranquille.

Arrivé à la poubelle, il jeta les déchets qui tombèrent au fond avec un bruit à peine perceptible. Sans un mot, il fit demi-tour, rejoignant Jordan qui l'attendait toujours, installé sur le banc sous l'arbre.

LONG METRAGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant