55
Hier, Gabriel fut profondément engagé dans la gestion des conséquences des élections législatives anticipées de ce mois. Ces élections, déclenchées après la dissolution de l'Assemblée Nationale par Emmanuel Macron, avaient vu le parti au pouvoir subir des pertes significatives. Gabriel était confronté à la difficile tâche de gérer un gouvernement sans majorité parlementaire claire, ce qui compliquait la formation d'une coalition stable pour gouverner efficacement le pays. Cette période était particulièrement tendue, car les résultats des élections législatives accentuaient l'instabilité politique en France. Il devait donc naviguer dans un climat politique délicat, tout en préparant son gouvernement à faire face aux défis à venir, notamment en vue des Jeux Olympiques de Paris deux-mille-vingt-quatre. Le soir, en rentrant chez lui, il avait appelé Jordan après tout ce temps sans le faire, se découvrant une nouvelle timidité qu'il n'y avait plus eu entre eux depuis longtemps. Ils s'étaient racontés leur journée, se déchargeant de toute la pression qu'ils avaient sur leurs épaules, comme avant. Gabriel avait beaucoup hésité et puis il s'était dit qu'il pourrait bien essayer de réparer les choses plutôt que de les fuir pour une fois. Et pour une fois depuis de long mois, il avait bien mangé et s'était endormi facilement, plongeant dans un rêve doux dont il ne s'était pas rappelé en se réveillant.
Aujourd'hui, le vingt-sept juin, il se trouvait dans ses loges, se faisant maquiller par Stéphanie pour son dernier débat du mois contre Jordan Bardella bien qu'il ait débattu contre lui seulement deux jours auparavant. Aujourd'hui était un débat très stressant car les résultats du premier tour arrivaient à grandes enjambées. Il impliquait Olivier Faure, un autre débat à trois. Nicole arriverait seulement après alors l'ambiance n'était pas la plus agréable, la pression flottait dans l'air et tout le monde semblait morose. Antoine et Gabriel parlèrent de l'avenir de la France selon leur parti et de l'avis divergeant de l'extrême droite, ce débat ne serait, finalement, qu'un résumé pour les Français. Gabriel se tenait immobile, assis devant le miroir, fixant son propre reflet comme s'il y voyait un étranger. La lumière crue des loges accentuait la fatigue sur son visage : ses cernes étaient profondément marquées, et sa mâchoire tendue trahissait une tension qu'il ne parvenait plus à masquer. Devant lui, Stéphanie passait une éponge avec des gestes précis, essayant d'atténuer les signes de ses nuits sans sommeil.
« Le Rassemblement National ne sera pas élu. Sa voix, basse et rauque, était à peine audible. Gabriel n'avait même pas regardé Stéphanie en parlant, ses yeux restaient rivés sur le miroir, comme s'il s'adressait à lui-même. Stéphanie échangea un regard rapide avec Antoine, assis sur un canapé près de la porte. Antoine fronça légèrement les sourcils avant de répondre :
- Pourquoi ? Gabriel haussa à peine les épaules, les commissures de ses lèvres s'abaissant un peu plus dans une expression de lassitude absolue.
- Parce qu'il y aura des alliances. Ils ne pourront pas gagner. Son ton était monotone, presque détaché, mais il y avait une colère sourde dans ses mots, une rancune qu'il ne prenait pas la peine de cacher. Antoine se redressa, croisant les bras contre sa poitrine.
- Peut-être que si, osa-t-il. Gabriel releva légèrement les yeux vers son reflet, esquissant un sourire amer, l'ombre d'un rictus.
- Non, répondit-il d'une voix froide et coupante. Ce ne sera pas le cas. Le silence s'installa un instant, pesant, jusqu'à ce qu'Antoine le brise d'un ton hésitant :
- Et nous ? Cette fois, Gabriel tourna légèrement la tête vers lui, croisant son regard inquiet. Antoine, d'ordinaire si confiant, semblait vulnérable, comme s'il cherchait désespérément une réponse rassurante. Gabriel soupira, ses épaules s'affaissant légèrement. Il détourna à nouveau les yeux, fixant un point invisible sur le sol.
VOUS LISEZ
LONG METRAGE
FanfictionBardellattal : plus de 250 506 mots ! 656 pages. En deux-mille-vingt-et-un, dans le silence feutré d'un vol au-dessus des nuages, Gabriel Attal et Jordan Bardella, deux rivaux politiques que tout sépare, se croisent sans savoir qui ils sont réelleme...
