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Jordan s'enfonça dans le siège de la voiture, sa tête reposant contre la vitre froide, les lumières de la ville défilant comme un flou abstrait. Il soupira, ses épaules lourdes du poids de la journée. À ses côtés, Kévin tapotait distraitement sur son téléphone, avant de ranger l'appareil dans la poche de son manteau. Le visage de Gabriel, marqué par des larmes qu'il avait tenté de contenir, hantait encore Jordan. Il s'était efforcé de rester fort ce matin, mais l'image de son petit ami accablé par la douleur le suivait comme une ombre. Il savait que la perte de son père pesait encore sur lui, mais c'était la première fois qu'il voyait cette peine éclater de manière si brute. Kévin, assis à ses côtés, l'observa en silence pendant un moment avant de briser la tranquillité de l'habitacle.
« Bon, tu m'enverras les comptes rendus des réunions, que je les lise. Je te ferai mon retour. La voix calme et posée de Kévin arracha Jordan à ses pensées. Il tourna la tête vers son collègue, ses traits affichant une expression légèrement fatiguée mais attentive.
- Oui, merci, répondit-il, sa voix douce mais teintée d'une lassitude qu'il ne pouvait cacher. Tu pourras un peu plus te concentrer sur les actualités liées à l'éducation ? Ajouta-t-il après un moment. Il redressa légèrement son dos pour prendre une posture plus formelle. C'est la priorité d'Attal. Je veux connaître le sujet du bout des doigts pour pouvoir commenter ce qu'il fera. Kévin hocha la tête en signe d'assentiment, mais il ne détacha pas son regard de Jordan. Ses sourcils légèrement froncés trahissaient son inquiétude.
- Est-ce qu'il... Est-ce qu'il va mieux depuis ce matin ? Demanda-t-il timidement, sa voix hésitante comme s'il craignait de trop en dire. Jordan lui offrit un sourire léger avant de hausser les épaules. Il détourna les yeux vers la fenêtre, évitant le regard insistant de Kévin. Tu ne lui as pas parlé ? Insista ce dernier, son ton révélant une réelle préoccupation. Jordan secoua la tête, ses doigts venant frotter machinalement son genou, un tic nerveux qu'il avait toujours eu dans les moments de tension.
- Non, admit-il dans un souffle. Il se redressa un peu, croisant les bras comme pour contenir une émotion qu'il refusait de montrer. J'étais dans mes réunions, et lui aussi. On n'a pas eu le temps. Un silence tomba dans la voiture, lourd et chargé. Puis, comme pour se convaincre lui-même autant que pour répondre, Jordan ajouta, sa voix plus affirmée cette fois : Mais je suis sûr qu'il va bien. »
Mais était-il vraiment sûr ? Ce matin, il avait vu une douleur dans les yeux de Gabriel qu'il n'était pas certain de pouvoir apaiser. Une douleur qui le hantait maintenant, alors que la voiture roulait doucement dans les rues illuminées de Paris. Jordan inspira profondément, le poids de l'incertitude pesant sur sa poitrine. Dans un coin de son esprit, il se faisait la promesse de l'appeler dès qu'il serait chez lui. Gabriel n'avait peut-être pas eu le temps de lui parler, mais il avait besoin de savoir qu'il était là, qu'il serait toujours là, prêt à l'écouter, à l'aimer, même dans les moments les plus sombres. Le téléphone de Jordan vibra soudainement dans sa poche, le faisant sursauter. Son cœur accéléra alors qu'il sortait l'appareil, jetant un rapide coup d'œil à l'écran. Gabriel. Il répondit aussitôt, sa voix un peu précipitée.
« Gaby ? Ça va ? Kévin tourna immédiatement la tête vers lui, intrigué. Jordan, lui, fixait le siège devant lui, le téléphone pressé contre son oreille, attendant une réponse qui semblait mettre une éternité à arriver. Ses doigts tapotaient nerveusement contre sa cuisse. Enfin, la voix de Gabriel brisa le silence, mais elle était empreinte d'une excitation inhabituelle :
- Jordan, tu dois venir tout de suite chez moi ! Jordan se redressa, l'inquiétude prenant le dessus.
- Gaby, qu'est-ce qui se passe ? Ça va ? Demanda-t-il, sa voix trahissant une légère panique. Il se pencha instinctivement vers le siège avant, tapotant l'épaule du chauffeur. Excusez-moi, je vais avoir besoin d'être déposé ailleurs. Kévin, assis à côté de lui, se redressa également, son visage affichant une inquiétude similaire. Gabriel reprit, toujours aussi exalté, sa voix légèrement essoufflée.
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LONG METRAGE
FanfictionBardellattal : plus de 250 506 mots ! 656 pages. En deux-mille-vingt-et-un, dans le silence feutré d'un vol au-dessus des nuages, Gabriel Attal et Jordan Bardella, deux rivaux politiques que tout sépare, se croisent sans savoir qui ils sont réelleme...
