17
Jordan regarda Gabriel s'éloigner vers son équipe, une prise de conscience amère l'envahissant. Il n'avait pas réalisé à quel point ses mots pouvaient être blessants. Le voir s'éloigner, visiblement touché, lui fit ressentir un poids de culpabilité encore plus lourd. Il avait pensé que la colère pouvait être apaisée avec le temps, mais il comprenait maintenant que la peine était une autre histoire.
La colère se réparait souvent avec des excuses ou du temps, mais la peine était plus insidieuse, plus profonde. Jordan se rendait compte que les cicatrices émotionnelles n'étaient pas toujours visibles et que, parfois, elles ne guérissaient jamais complètement. La colère qu'une personne ressentait envers une autre pour lui avoir causé de la peine pouvait persister bien après que le conflit initial soit résolu. Il se sentait désemparé, conscient que ses actions avaient laissé une empreinte bien plus douloureuse qu'il ne l'avait imaginé.
Jordan savait faire du mal, il savait briser des choses mais les réparer, il ne savait pas, il n'avait jamais su. Peut être que sa voix intérieur avait raison, peut être que c'était ca la définition d'une personne mauvaise. Peut être que même les personnes qui ne le voulaient pas étaient viles parce qu'elles ne savaient pas faire autre chose que détruire.
Il quitta la pièce, laissant Kévin seul. Il marcha vers les toilettes en desserrant sa cravate, cette vieille sensation qu'il n'avait pas ressentit depuis un mois revint aujourd'hui. Il s'enferma dans une cabine et se laissa tomber au sol, il prit de grandes respirations, la douleur dans son ventre grandissante. Il ne pouvait pas se mettre dans cet état avant ce débat, il savait qu'il avait besoin de quelqu'un. Il sorti son téléphone et composa un numéro, les doigts tremblants.
« Allô ?
- Marine, articula Jordan, je ne vais pas y arriver. Il tenta de respirer correctement mais cela le fit tousser.
- Que se passe-t-il ? Ou es-tu ? Répondit Marine avec inquiétude, sa voix résonnant dans le combiné.
- Je suis au débat, mais... Sa respiration se bloqua, il essuya une larme sur sa joue, je ne me sens pas bien. Je veux rentrer à la maison.
- D'accord, écoutes Jordan, il faut que tu prennes de grandes respirations, d'accord ?
- Je ne peux pas, je n'y arrive pas. Répondit-il entre deux sanglots.
- Si tu le peux, Jordan. C'est très fréquent chez les politiciens, d'accord ? Tu n'es pas seul.
- Si je suis seul ! Je suis toujours seul ! S'exclama-t-il, une grande douleur s'infiltrant dans son cœur, se déversant dans ses veines pour lui causer du mal dans l'entièreté de son corps.
- Je suis là, je ne te laisserais pas seul, tu m'entends ? Il faut que tu te ressaisisses.
- Je détruit - tout ce que je fais. Expliqua-t-il, ses paroles entre coupées par sa respiration.
- Non, tu ne détruis rien, mon grand. Lui dit-elle très doucement.
- Si ! Je vous – le promet, je fais – du mal à tout le monde !
- Mais qui t'as mit cette idée en tête ?
- Je vais vivre – ma vie seul. Et je mourrais seul. Réalisa Jordan à haute voix.
- Je t'interdis de dire ça, ce n'est pas vrai. Tu dois essayer de respirer.
- Je ne peux plus – ça fait mal.
- Je sais, mon grand. Écoutes moi bien, tu vas fermer les yeux.
- Je ne peux pas !
- Ferme les yeux, arrête de faire l'enfant ! Jordan serra les dents, il ferma les yeux en luttant pour ne pas raccrocher.
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LONG METRAGE
FanfictionBardellattal : plus de 250 506 mots ! 656 pages. En deux-mille-vingt-et-un, dans le silence feutré d'un vol au-dessus des nuages, Gabriel Attal et Jordan Bardella, deux rivaux politiques que tout sépare, se croisent sans savoir qui ils sont réelleme...