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Jordan rentra au siège après la nomination de Gabriel au poste de Premier ministre, furieux et déterminé à exprimer son mécontentement. Il critiqua publiquement la décision, affirmant qu'Emmanuel Macron tentait de se raccrocher à sa popularité sondagière pour atténuer la douleur d'une interminable fin de règne. Jordan déplora que cette nomination pourrait emporter dans sa chute l'éphémère ministre de l'Éducation nationale. Sa colère contre le Président était palpable, il semblait prêt à tout pour retrouver sa position de numéro un, même si cela signifiait sacrifier l'un des plus doués. Jordan s'affala dans son fauteuil, les lumières tamisées amplifiant son humeur maussade. Il avait passé la journée à gérer des journalistes et des conseillers qui n'avaient de cesse de lui demander des commentaires sur la nomination de Gabriel comme Premier ministre. Son discours acerbe contre Emmanuel Macron avait fait la une, et il avait senti la tension monter. Son téléphone vibra sur la table. Son cœur se serra. Il savait qui appelait avant même de regarder l'écran. Gabriel. Il prit une profonde inspiration avant de décrocher, essayant de garder un ton neutre :
« Oui ? La voix de Gabriel était tendue :
- Tu comptes m'expliquer ce que c'était, cette sortie dans la presse aujourd'hui ? Tu es obligé de mentir, de dénigrer, pour mettre le RN en valeur ou quoi ?Jordan serra la mâchoire, se redressant dans son fauteuil.
- Ce que c'était ? C'était la vérité, Gabriel. Tu sais très bien ce que je pense de cette nomination. Il va te faire couler. Il ne pense pas à toi en faisant ça.
- Tu dis n'importe quoi, sérieusement. Je connais Emmanuel bien plus que toi. Et tu penses que me balancer ça dans les médias, c'est la meilleure façon de gérer les choses ? Gabriel haussa la voix légèrement. J'ai passé ma journée à répondre à des questions sur toi au lieu de me concentrer sur les sinistrés. Tu te rends compte ? T'as vu les inondations qu'il y a ? C'est pour ça que j'y allais moi. Pas pour parler de toi. Jordan sentit sa colère monter. Il se leva d'un bond, faisant les cent pas dans son bureau.
- Oh, parce que c'est moi le problème, maintenant ? Ce n'est pas moi qui ai décidé de m'allier à Macron, Gabriel. Je sais pas, t'as réfléchit un minimum ? Tu l'as écouté ? Il y eut un silence à l'autre bout de la ligne, et quand Gabriel répondit, sa voix était plus piquante :
- Mais tu es stupide ou tu le fais exprès ? T'étais encore au lycée que je suivais déjà Emmanuel Macron ! Tu pensais que j'allais rejoindre Marine une fois qu'on serait ensemble ? Franchement je me retiens de t'insulter, Jordan. Je me retiens vraiment. Je ne t'ai jamais reproché de suivre Lepen, parce que je m'en fou. Je pensais que c'était la même chose pour toi. Jordan s'arrêta net, serrant le téléphone dans sa main. Une partie de lui voulait céder, admettre qu'il comprenait. Mais l'autre partie, celle qui était blessée et inquiète, refusait de laisser passer.
- Je ne sais pas quoi comprendre, Gabriel. Que tu sois maintenant le visage de tout ce que je combats ? Que je dois faire semblant de ne pas être en colère parce que ça pourrait te nuire ? Gabriel soupira profondément, et Jordan pouvait l'imaginer passer une main dans ses cheveux, comme il le faisait quand il était frustré.
- Non, je ne te demande pas ça. Je te demande juste... de faire la part des choses. Si on ne peut pas séparer notre travail de notre vie privée, ça va nous détruire, Jordan. Et je ne veux pas que ça nous détruise. C'est ce qu'on s'était dit... Ces mots frappèrent Jordan comme un coup de poing. Il ferma les yeux, son souffle ralentissant. La colère commençait à s'éteindre, remplacée par un mélange de culpabilité et de tristesse.
- Tu as raison, souffla-t-il finalement. Je ne voulais pas te mettre dans cette position. C'est juste... C'est compliqué des fois. Mais tu ne peux pas être énervé pour ce que j'ai fait. J'ai fais mon devoir en tant que Président du Rassemblement National, ça n'avait rien de personnel. Gabriel sembla hésiter avant de répondre, sa voix plus douce maintenant :
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LONG METRAGE
FanfictionBardellattal : plus de 250 506 mots ! 656 pages. En deux-mille-vingt-et-un, dans le silence feutré d'un vol au-dessus des nuages, Gabriel Attal et Jordan Bardella, deux rivaux politiques que tout sépare, se croisent sans savoir qui ils sont réelleme...
