2024 : Chapitre 37 à 38

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En avril, Jordan avait continué de renforcer sa position en tant que figure clé de la politique française. Durant ce mois, il s'était principalement concentré sur les élections européennes à venir, en galvanisant son électorat autour de thèmes centraux comme la lutte contre l'immigration, la défense des valeurs nationales, et la critique de la politique économique du gouvernement. Il avait également participé à plusieurs débats publics, notamment celui face à Gabriel Attal, où il avait exprimé ses positions sur la nécessité de durcir les lois sur l'immigration et de recentrer les politiques économiques sur les classes moyennes et populaires. Son discours avait été marqué par une volonté de rassurer ses partisans sur sa capacité à gouverner, tout en maintenant une ligne dure sur les questions identitaires et sécuritaires. En parallèle, il avait réitéré son opposition à certaines politiques européennes, notamment en ce qui concernait l'intégration et la défense, plaidant pour une souveraineté renforcée de la France dans ces domaines. Il avait beaucoup forcé pour avoir un débat contre Gabriel Attal en mai concernant les élections européennes, cependant il avait refusé. En fait, beaucoup d'opposants l'avaient fait et cela avait mit Jordan hors de lui. Avaient-ils autant peur de leur propos foireux ? Aujourd'hui, alors qu'il s'apprêtait à rentrer chez lui, le dossier bien calé sous son bras, Jordan posa une main sur la poignée de son bureau. Avant qu'il ne puisse l'ouvrir, la porte s'ouvrit brusquement. Karine apparut devant lui, son visage toujours fermé, ses traits sévères tirés comme à son habitude. Jordan sentit un soupir d'agacement monter en lui, qu'il ne chercha même pas à cacher. Karine, imperturbable, entra dans le bureau sans lui demander la permission, l'obligeant à se décaler pour la laisser passer. Il ferma un instant les yeux, prenant une grande inspiration pour ne pas céder à l'irritation. Reste professionnel, Jordan, juste professionnel. Se dit-il.

« J'allais rentrer, déclara-t-il sur un ton d'excuse, tout en posant son dossier sur le coin du bureau. Tu as quelque chose d'urgent pour moi ? Karine pinça les lèvres avant de lui tendre une pile de documents soigneusement agrafés. Jordan fronça les sourcils en les prenant, jetant un rapide coup d'œil aux premières pages. Les lignes serrées et surlignées indiquaient une attention méticuleuse. Il releva les yeux vers elle.

- J'ai noté les points importants abordés pendant ton débat contre Attal, expliqua-t-elle, sa voix coupante. Et j'ai ajouté quelques lignes directrices pour attaquer l'opposition sans provoquer de polémique. Jordan hocha la tête en signe d'approbation, appréciant malgré tout le sérieux de son travail. Il déposa les documents sur son bureau, se promettant de les lire le lendemain matin.

- Oh, merci. Je lirai ça demain sur le trajet pour mon interview. Je te redirai. Il tenta un sourire sincère, mais Karine ne bougea pas. Elle hocha simplement la tête, restant immobile. Le silence s'étira, pesant, avant qu'elle ne le brise avec une question inattendue.

- Vous vous entendez bien ? Jordan cligna des yeux, décontenancé. La question, posée de manière abrupte, lui semblait venir de nulle part. Il resta figé, les lèvres entrouvertes.

- Quoi ? Lâcha-t-il enfin. Karine roula des yeux, agacée par son incompréhension.

- Ce n'est pas une question piège. Je m'en fiche, ajouta-t-elle sèchement. Je te demande juste de ne pas te laisser attendrir parce que vous êtes amis. Le ton jugeant de sa voix fit serrer les dents à Jordan. Il plissa les yeux, son irritation refaisant surface.

- Je ne me laisse pas attendrir, Karine, répondit-il, essayant de garder son calme. Je le combats politiquement comme tout le monde. C'est juste qu'on est les plus jeunes, on se parle, c'est tout. C'est normal. Karine croisa les bras, ses yeux sombres fixant les siens, et son nez pointu ajoutant une dose supplémentaire de froideur à son expression.

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