20
Après leur longue balade, les pieds endoloris, ils décidèrent de s'asseoir. Pas sur un banc comme le ferait des politiciens, pour une fois ils n'auraient pas à faire bonne figure, ils étaient seul au monde ce soir. Ils s'installèrent par terre, sur ce sol qu'ils voulaient tous deux protéger, bien que d'une manière très différente. Ils contemplèrent le ciel, réalisant qu'ils menaient une bataille minuscule par apport à la grandeur de l'univers. Gabriel tourna son regarda vers Jordan un instant, réalisant qu'il semblait agréablement serein. Jordan brisa le silence,
« Je n'ai jamais compris pourquoi on l'appelait la Grande Ourse alors qu'elle a une forme de casserole. Commenta-t-il, le regard tourné vers la profondeur du ciel. Gabriel, assis à ses côtés, releva légèrement les yeux.
- C'est parce qu'on ne la voit pas en entier. Si on voyait toutes les étoiles qui la composent, elles formeraient un ours. Jordan hocha la tête, un sourire enfantin éclairant son visage.
- J'aime beaucoup ça. Gabriel l'observa un instant, touché par la sincérité qui transparaissait dans sa voix. Les yeux de Jordan brillaient d'une lumière tranquille, reflétant la douceur de la lune qui baignait la scène. Gabriel se surprit à sourire lui aussi, sans vraiment s'en rendre compte, et reporta son attention sur les étoiles.
- Moi aussi, répondit-il doucement. Une vague de souvenirs l'envahit, douce et chaude, comme une couverture en plein hiver. Quand j'étais plus jeune, à la campagne, j'aimais camper pour dormir dehors et regarder le ciel. Il fit une pause, les images se formant dans son esprit. Lui, petit garçon, aidant son père à planter les piquets de la tente. Les voix animées de sa famille autour du feu, l'odeur du bois brûlé se mêlant à celle de l'herbe fraîche. Il revoyait son père pointer du doigt une constellation, sa mère tendant des marshmallows à griller, et lui, les yeux écarquillés, buvant les explications sur les légendes célestes. Il fit un léger sourire. Tu sais, les étoiles sont nombreuses lorsqu'il n'y a pas autant de lumière, ajouta-t-il, presque pour lui-même. L'éclat des feux de camp, la chaleur rassurante de sa famille, la simplicité de ces moments... Tout cela semblait si loin maintenant. Pourtant, en cet instant, sous ce ciel nocturne partagé, un fragment de cette sérénité retrouvée le réchauffait à nouveau. Jordan brisa le silence, sa voix posée.
- Tu devais être heureux là-bas. Gabriel tourna légèrement la tête vers lui.
- Oui. Très heureux. Puis, après un moment, il ajouta dans un murmure : Les étoiles me rappellent ces nuits-là. Comme si elles gardaient encore une part de ces souvenirs. Le calme s'installa de nouveau, les deux hommes plongés dans la contemplation du ciel. Jordan murmura :
- J'aimerais faire du camping, dormir dans des tentes, manger autour du feu...
- N'oublie pas les moustiques. Répondit Gabriel avec un sourire radieux, les yeux pétillants de joie. La conversation avec Jordan se déroulait dans une atmosphère de complicité et de légèreté, leur rire résonnant autour d'eux.
- C'est vrai, oui. Répondit Jordan avec amusement. Puis, après un moment, il reprit la parole : Gaby ?
- Jordy ? Répondit Gabriel en souriant, Jordan souffla du nez avec humour,
- Tu sais... Je me sens toujours seul. Mais jamais quand je suis avec toi, même lorsque c'était compliqué. Lui dit Jordan, Gabriel sentit un nœud se former dans son estomac à cet aveu. Les mots de ce dernier, empreints de sincérité, l'avaient touché profondément, mais le mettaient dans une situation délicate. Il avait toujours eu du mal à mélanger les relations personnelles et les considérations politiques, et l'idée de se rapprocher de Jordan, tout en étant des opposants politiques, compliquait encore plus les choses. Il se demandait s'il pouvait vraiment permettre à cette connexion de se développer, ou s'il risquait de compliquer davantage sa situation déjà fragile. Son visage se ferma légèrement, son sourire disparu, laissant place à une expression plus réfléchie et préoccupée. Il se détacha légèrement de Jordan, cherchant à rassembler ses pensées.
![](https://img.wattpad.com/cover/373146134-288-k318808.jpg)
VOUS LISEZ
LONG METRAGE
Fiksi PenggemarBardellattal : plus de 250 506 mots ! 656 pages. En deux-mille-vingt-et-un, dans le silence feutré d'un vol au-dessus des nuages, Gabriel Attal et Jordan Bardella, deux rivaux politiques que tout sépare, se croisent sans savoir qui ils sont réelleme...