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Jordan se trouvait dans une loge du siège, il avait le regard fixé sur l'écran de télévision comme tout ceux autour de lui, dont Marine LePen, qui se tenait debout, le regard inquiet, ses mains l'une contre l'autre au niveau de sa bouche. Jordan la regarda, sa présence le rassurait toujours, il avait l'impression que rien ne pourrait jamais lui arriver tant qu'elle serait là. Il n'avait plus qu'elle maintenant. Depuis que sa mère avait raccroché, Jordan n'avait plus eu de nouvelle et il avait évité le sujet avec Marine. Pendant plus d'un mois, dès qu'il avait senti le sujet approcher, il avait prit la fuite.
Mais à la fin octobre, elle avait irruption dans son bureau.
« Bon, allez, dépêche-toi, avait-elle dit en croisant les bras. Jordan s'était redressé, surpris, posant les dossiers sur son bureau avec hésitation.
- Quoi ? Avait-il répondu, prudemment. Marine s'était approchée de lui, ses yeux scrutant les siens avec cette intensité étrange qui le mettait toujours mal à l'aise. Elle s'était assise sur le coin de son bureau, imposant sa présence.
- Tu sais très bien. Elle ne t'a pas reparlé, c'est bien ça ?
- Oh, Marine, c'est bon. Avait-il soufflé, feignant l'indifférence.
- Arrête de fuir, Jordan. Tu dois lui parler. Il avait secoué la tête, se réinstallant maladroitement dans son fauteuil.
- Ce n'est pas grave, Marine. Je vais bien, ça ne me touche pas, je n'ai pas besoin d'elle. Elle avait levé un sourcil, sceptique.
- Pas si grave ? Jordan, ça fait plus d'un mois que tu évites le sujet. Tu crois que je ne te vois pas, à essayer de prétendre que tout va bien ? Ta mère ne te parle plus, c'est ce que tu redoutes depuis toujours, et tu fais comme si de rien n'était. Tu redeviens comme à seize ans, tu mens.
- Je ne mens pas, Marine. Je... J'ai juste changé, je n'ai plus peur.
- Alors pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? Il avait tenté de répondre, mais elle avait levé une main pour le faire taire. Pas de mensonges cette fois, Jordan.
- Je... Jordan avait baissé les yeux, incapable de lui dire la raison pour laquelle il n'avait jamais recontacté sa mère. Marine s'était approché de lui. Qu'est-ce qui te fait si peur ? Son regard avait glissé vers le sol, incapable de soutenir le sien.
- J'ai peur de l'avoir perdue pour de bon, avait-il finalement murmuré. Comme à l'époque où elle buvait trop. Quand elle disparaissait pendant des jours et que je ne savais jamais si elle reviendrait. Marine l'avait écouté en silence, son expression se radoucissant. Elle s'était encore approché et avait posé une main sur son épaule.
- Tu ne l'as pas perdue, Jordan. Mais si tu continues à fuir, tu vas finir par te convaincre que c'est irréversible. Appelle-la. Mets les choses au clair. Je serai là, quoi qu'il arrive. Il avait hoché la tête, hésitant. Elle lui avait tendu son téléphone, le regard insistant. Maintenant. D'une main tremblante, Jordan avait composé le numéro. Il s'était levé et chaque tonalité avait semblé prolonger son angoisse. Et puis, il y eut un :
- Allô ? La voix de sa mère, sèche, distante. Sa gorge s'était serrée, et il avait fixé Marine, désespéré. Elle lui avait fait signe d'activer le haut-parleur.
- Maman, c'est moi, avait-il dit d'une voix tendue. Il y eut un silence. Puis :
- Je sais, Jordan. J'ai pas supprimé ton numéro. Jordan avait regardé Marine, ne sachant pas quoi faire, elle lui avait fait signe de continuer.
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LONG METRAGE
ФанфикBardellattal : plus de 250 506 mots ! 656 pages. En deux-mille-vingt-et-un, dans le silence feutré d'un vol au-dessus des nuages, Gabriel Attal et Jordan Bardella, deux rivaux politiques que tout sépare, se croisent sans savoir qui ils sont réelleme...