LONG METRAGE

2024 : Chapitre 39 à 42

39

 Durant le mois de mai, en plus de sa campagne pour les élections européennes, Jordan avait renforcé sa présence médiatique en participant à plusieurs débats télévisés, où il avait confronté les positions du RN aux autres partis. Il avait aussi rencontré des leaders européens du groupe Identité et Démocratie pour coordonner les stratégies électorales. Par ailleurs, il avait soutenu les manifestations contre les politiques migratoires du gouvernement, soulignant sa position ferme sur la protection des frontières françaises et la sécurité nationale​. Jordan avait également donné plusieurs interviews importantes, notamment sur des chaînes de télévision comme TF1 et France 2, où il avait défendu les positions du Rassemblement National en vue des élections européennes. Il avait particulièrement insisté sur les questions d'immigration, de sécurité, et sur la nécessité de défendre la souveraineté française au sein de l'Union européenne. Ces interviews avaient été marquées par une volonté de mobiliser l'électorat autour des thèmes traditionnels du RN en réponse aux défis actuels. Jordan était assis derrière son bureau, son esprit embrouillé par la fatigue accumulée de ces derniers jours. Il s'apprêtait à partir, lissant une manche de son costume, lorsqu'un coup sec résonna à la porte. Il soupira, agacé, et reposa sa veste sur le fauteuil.

« Ouais ? Lança-t-il, une pointe d'exaspération dans la voix. La porte s'ouvrit sur Karine, et Jordan sentit aussitôt une tension familière s'installer dans son corps. Rien que sa présence avait le don de l'irriter, et il soupira intérieurement.

- Tu partais ? Demanda-t-elle, un sourire froid sur les lèvres. Jordan esquissa une grimace, cherchant à contenir son irritation.

- Non, je joue au Scrabble. Répondit-il avec un sarcasme évident. Karine ignora son ton, avançant jusqu'à son bureau avec une assurance provocante.

- J'en ai pas pour long. Dit-elle en posant trois fiches sur le bureau. J'ai les documents que tu avais demandés pour ton débat de demain. Comme ça, si tu as un trou de mémoire, tu auras tout. Jordan baissa les yeux sur les fiches, ses lèvres se serrant légèrement. Il releva la tête, son regard perçant.

- Pas du tout en retard. Lança-t-il, une pique qu'il savait mesquine mais qu'il ne put s'empêcher de faire. Karine ne se laissa pas démonter, haussant légèrement les sourcils, son ton glacial.

- Tu es censé connaître tout ça. C'est simplement une aide visuelle, Jordan. Mais étant donné ton manque de sérieux, ça ne m'étonne pas. Il inspira profondément, cherchant à contenir la montée de colère qu'elle déclenchait si facilement.

- Je connais mes sujets, Karine. Répondit-il, sa voix plus sèche qu'il ne l'aurait voulu. Elle lui adressa un sourire condescendant.

- Alors, n'essaie pas de me lancer des piques comme tu le fais, surtout si elles sont aussi mauvaises et faciles à contrer. Jordan se passa une main sur le visage, sentant sa patience s'effilocher.

- Oui allez, tu as raison. Rétorqua-t-il en soupirant, tentant de mettre un terme à la conversation. Mais Karine n'était pas du genre à lâcher prise.

- Pas trop compliqués, les débats avec Attal ? Demanda-t-elle soudain, son regard devenant plus sombre et accusateur. Jordan fronça les sourcils, ses yeux se plissant légèrement.

- Pourquoi seraient-ils compliqués ? Demanda-t-il, un soupçon de méfiance dans la voix. Karine le fixa un instant, le silence se chargeant d'une tension palpable. Puis elle lâcha nonchalamment :

- Je sais pas. Tailler son pote comme ça, c'est pas facile pour la plupart des gens. Oh, j'oubliais, tu es un vrai pro pour ça. Les mots frappèrent Jordan comme un coup de poing invisible. Il sentit son visage se figer, une douleur sourde s'installant dans sa poitrine. Sa mâchoire se crispa, et il détourna les yeux un instant, cherchant à contenir l'assaut d'émotions contradictoires. Mais sa voix, lorsqu'il parla, trahissait sa colère.