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Jordan suivit Gabriel en silence, ressentant une vague de bonheur mêlée d'appréhension. Il avait l'impression de flotter, mais une petite voix dans sa tête le ramenait à la réalité. Il connaissait bien Gabriel à présent, suffisamment pour savoir que cette relation, aussi précieuse qu'elle soit, risquait d'être reléguée derrière ses engagements professionnels. Jordan ne voulait pas penser à ça pour l'instant, il voulait savourer ce moment. Lorsqu'ils entrèrent dans la salle commune, l'ambiance était légère et animée, comme si rien n'avait changé. L'équipe de Gabriel discutait joyeusement près de la fenêtre, tandis que les techniciens débattaient avec passion sur la supériorité des mini quiches sur les cookies. Même Ciotti et Autain, d'habitude plus sérieux, échangeaient tranquillement avec un verre à la main, visiblement épuisés par le débat intense. Jordan jeta un coup d'œil au fond de la salle, où Kévin se tenait avec Nolwenn et Laurent. Une pointe d'inquiétude le traversa — est-ce que Kévin leur avait raconté ce qu'il avait vu ? Il ne l'espérait pas.
« Euh, je vais aller rejoindre mon équipe. Lui dit Gabriel en souriant. Le cœur de Jordan se serra, il avait peur qu'il redevienne distant, peur que la magie ne s'évapore une nouvelle fois.
- D'accord. Répondit-il. Gabriel sembla remarquer sa crainte car il répondit :
- J'irais fumer dans dix minutes, tu viendras ?
- Évidement. » Répondit-il en souriant, sentant la cage qui enfermait son cœur s'ouvrir. Gabriel lui serra l'épaule avant de s'éloigner.
Jordan traversa la salle avec un sourire qui masquait son anxiété. Il attrapa un cookie en passant devant la table, espérant que son air innocent dissimulerait sa nervosité. En s'approchant de Kévin, Nolwenn, et Laurent, son cœur battit plus vite. Il ne pouvait s'empêcher de se demander si Kévin avait parlé à quelqu'un. Il leva les yeux en le voyant arriver, un sourire discret aux lèvres, mais aucune trace de moquerie ou de malaise. Ils échangèrent un bref regard. Jordan se détendit légèrement — Kévin n'avait probablement rien dit. Nolwenn et Laurent, plongés dans une conversation sur le débat, ne semblait rien remarquer d'inhabituel. Jordan mordit dans son cookie, se fondant dans le groupe, essayant de profiter du moment sans se laisser envahir par ses pensées.
« Je croyais que tu t'étais changé ? Kévin ne voulait pas qu'on entre tout à l'heure. Lui dit Nolween en levant finalement les yeux vers lui.
- Euh. Jordan ne savait pas quoi répondre, il se figea un instant, une vague de chaleur montant à ses joues. Il avait l'impression que tout le monde dans la pièce pouvait deviner ce qu'il venait de faire. Chaque regard semblait percer à travers son sourire forcé, comme s'ils pouvaient lire dans ses pensées et voir Gabriel, torse nu, entre ses bras. Kévin parlait avec Laurent, mais Jordan ne saisissait aucun mot. Il hocha la tête comme seule réponse, son esprit était ailleurs, embrouillé par la crainte d'être démasqué. Il tenta de croquer à nouveau dans son cookie, mais il sentit la nervosité le submerger. Un frisson traversa son dos. Kévin se tourna vers lui et sembla comprendre.
- Non, euh. Je lui ai dit ne pas se changer. Je voulais faire une séance photo une fois rentré pour l'un de ses posts. Répondit-il, le regardant de coté. Jordan hocha la tête.
- Oui, voilà. Ajouta Jordan, il aurait pu serrer Kévin dans ses bras. Il le regarda et réalisa qu'il l'avait manifestement mal jugé auparavant, comme d'habitude avec les gens qui l'entouraient. Laurent arqua un sourcil, un brin moqueur.
- Vous allez faire ça ce soir ? Demanda-t-il. Vous devriez faire ça plus tard. Tu as une tête d'enterrement. Jordan émit un petit rire.
- Tu peux dire Laurent, tu as une tête de cadavre tous les jours ! Cela lui valu un coup de poing dans l'épaule. Jordan tenta de se détendre, avalant rapidement le reste de son cookie avant de saisir une mini-quiche. Le goût salé s'ajouta au sucré encore présent sur sa langue, mais il n'y prêta pas vraiment attention. Il sourit en coin, convaincu que les cookies remporteraient haut la main le débat des snacks au sein de l'équipe télé. C'était presque risible de penser à des choses aussi légères après la tension du plateau, mais cela l'aidait à retrouver un semblant de calme. Alors qu'il grignotait distraitement, il aperçut Eric Ciotti s'approcher, un sourire avenant sur le visage. L'homme semblait détendu, probablement satisfait de sa propre performance.
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LONG METRAGE
FanfictionBardellattal : plus de 250 506 mots ! 656 pages. En deux-mille-vingt-et-un, dans le silence feutré d'un vol au-dessus des nuages, Gabriel Attal et Jordan Bardella, deux rivaux politiques que tout sépare, se croisent sans savoir qui ils sont réelleme...
