𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒𝟖 : 𝐂𝐋𝐄𝐌𝐄𝐍𝐂𝐄

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Charlie

Le lendemain.
10 heures 00.
Franklin Rd, Nashville.

Kylianne était repartie chez elle. Elle le voulait et Luke ne l’avait pas empêchée. Elle avait dit très clairement qu'elle ne se sentait pas à sa place parmi nous, et que sa petite vie tranquille loin de tous les problèmes lui manquait.

Luke avait ri, non par méchanceté, mais par compréhension. Il savait que notre vie n'était pas faite pour tout le monde. 

Les frères étaient venus récupérer Andréa. Il semblait heureux de quitter enfin la maison après avoir passé plus de deux semaines bloqué chez Luke, sans pouvoir sortir.

Mais c’était nécessaire. Qetsiyah devait surveiller sa blessure pour ne pas qu’elle s’infecte.

Un simple "au revoir" avait franchi ses lèvres, sans vraiment me dire à bientôt. Ce qui s'était passé avec mon père avait véritablement impacté notre relation, mais les détails m'échappaient. Et je doute que quelqu’un me dise la vérité.

Avait-ce un rapport avec ma mère ? Oui, j’en suis sûre. Mais pourquoi ne m'avait-elle jamais rien dit ?

L'idée qu'elle cherchait simplement à me préserver trottait dans ma tête, mais de quoi ? Et surtout, de qui ?

De mon père… ou d'Andréa ?

Un soupir m'échappa, conscient que je me torturais l'esprit avec des questions sans réponse. Quoi qu'il en soit, ma mère ne serait pas celle qui apporterait des réponses.

Elle n'était plus de ce monde. Outch. Ce constat piquait douloureusement, comme une plaie jamais cicatrisée, toujours prête à se rouvrir au moindre toucher.

Conrad était assis à côté de moi, absorbé par un jeu vidéo d'action dont le nom m'échappait. Un jeu où le seul objectif semblait être de tuer les autres, une ironie grinçante comparée à la réalité de nos vies.

Mon esprit divaguait entre les tourments intérieurs et la guerre virtuelle qui se déroulait sur l'écran. Les explosions et les tirs résonnaient dans la pièce, leur intensité semblant refléter le chaos dans ma tête.

Conrad, les yeux rivés sur l'écran, la manette fermement serrée entre ses mains, enchaînait les mouvements rapides et précis.

Une autre insulte encore plus violente que la précédente sortait de sa bouche, et je ne pouvais m'empêcher de sourire face à son engagement total dans le jeu. 

– T’es nul, soupirai-je, en me tournant vers Conrad.

Il leva les yeux de son écran, me lançant un regard mi-amusé, mi-offensé. 

– Ah, vraiment ? C’est pour ça que je viens de passer trois niveaux en une seule session, pendant que toi tu te débats avec tes pensées existentielles sur le canapé.

– Ça se voit que t'as jamais essayé de comprendre les mystères de la vie. C’est beaucoup plus complexe que de tirer sur des pixels.

– Peut-être, mais au moins, mes pixels ne me causent pas d’insomnie, riposta-t-il en éclatant de rire. Quoi que… D'ailleurs, je pourrais te donner des cours de tir si tu veux. Peut-être que ça te changera les idées.

– Je suis plus une pacifiste dans l'âme.

– Pacifiste, mon œil. T’as mis KO Ellie hier, fit remarquer Conrad, toujours rieur. 

– Elle l'a cherché, d'accord ? 

– Ah oui, bien sûr. Je suis sûr que Gandhi l’aurait adoré celle-là, dit-il en secouant la tête avec un sourire narquois.

WORST NIGHTMARE I Où les histoires vivent. Découvrez maintenant