𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟓𝟏 : 𝐂𝐎𝐍𝐓𝐄𝐌𝐏𝐋𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍𝐒

79 4 0
                                    

Charlie


00 heures 20
Garage de Marina, Nashville. 

Un silence enveloppant persistait depuis plusieurs minutes, comme une couverture douce mais lourde que ni lui ni moi n'osions écarter.

Le menton de Luke était niché dans le creux de mon épaule, et son souffle chaud caressait délicatement mes cheveux. Blottis l'un contre l'autre, nous cherchions la chaleur réconfortante de nos corps entrelacés.

Nos amis risquaient leur vie pendant que nous étions tranquillement posés là, blottis l'un contre l'autre. Oui, c'était vrai. Mais nous avions fait notre part du marché : créer une diversion.

Et il est tout à fait possible que Vito pense que nous sommes morts au fond de ce lac. À cette idée, un sourire se dessina sur mes lèvres. L'ironie de la situation me faisait presque rire.

En dépit de la gravité de nos circonstances, l'image de Vito cherchant en vain nos corps dans les profondeurs glacées me procurait une satisfaction inattendue.

–  Je peux te poser une question ?

Je me décalai légèrement pour rencontrer ses yeux, percevant une inquiétude latente dans son regard.

– Qu'est-ce qui t'est arrivé ?

Le contact de son doigt sur ma nuque fut une caresse légère, une exploration tendre qui remonta doucement jusqu'à la racine de mes cheveux.

Alors, je le sentis se redresser, relevant mes cheveux entre ses doigts, son toucher délicat évoquant une mémoire enfouie.

Mon cœur se serra, et les souvenirs refirent surface. Pourquoi parlait-il de ça maintenant ?

– Tu t'es fait ça toute seule ?

Ses doigts, parcourant maintenant ma chevelure, semblaient se perdre dans la profondeur des mèches. Ils montaient toujours plus haut, explorant chaque recoin de ma mémoire capillaire. Puis, finalement, il mit un terme à ses mouvements.

– Tu en as absolument partout…

– Les gens ont tendance à vite s’énerver quand il s’agit d’argent, avouais-je. 

La phrase flottait dans l'air, un constat chargé de réalité qui semblait peser sur mes épaules. Mes doigts glissèrent doucement sur ma nuque, avant que je ne replace mes cheveux et retire sa main. 

Je me décalai légèrement pour lui faire face, adoptant une posture en miroir, nos deux silhouettes assises, les jambes croisées.

Des cicatrices ornaient ma peau, des petites lignes blanches qui prenaient leur départ de ma nuque pour se perdre dans l'épaisseur de mes cheveux jusqu'au sommet de ma tête.

Cependant, grâce à l'épaisseur de mes cheveux, elles n'étaient pas vraiment visibles. Mais il y en avait, particulièrement dans le bas de ma nuque, que je prenais soin de dissimuler chaque matin en coiffant méticuleusement mes cheveux.

Le contact de ses yeux avec mes cicatrices éveilla une douleur sourde en moi. Je sentis mon cœur se serrer douloureusement.

– Qui t'a fait ça ?

Il inclina légèrement la tête vers la droite. Discret, subtil mais visible.

– Des élèves de mon collège, murmurai-je, ma voix à peine plus forte qu'un souffle.

Luke resta silencieux, attendant que je continue. Je pris une profonde inspiration, me préparant à revisiter un passé douloureux.

– Ça a commencé par des moqueries, des insultes. Ils trouvaient toujours un prétexte pour me ridiculiser, parce que mon père était… mon père. Mais un jour, ils ont franchi une limite. Ils m'ont attrapée à la sortie de l'école et m'ont traînée derrière le gymnase. L'un d'eux avait un cutter. Je ne sais pas où il l'avait trouvé, mais il semblait savoir comment l'utiliser. Ils m'ont immobilisée et ont commencé à me couper les cheveux, puis ils ont attaqué ma nuque. Je me souviens de la brûlure du métal froid contre ma peau, du sang qui coulait, et de leurs rires. Ils m'ont laissée là, en sang, terrifiée.

WORST NIGHTMARE I Où les histoires vivent. Découvrez maintenant