𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏 : 𝐒𝐖𝐄𝐄𝐓 𝐇𝐎𝐌𝐄

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Charlie

15 heures 45.
Maud St NW, Washington.

Nous étions dans ma chambre, modeste et intimement liée à mon existence. Elle en avait des histoires à raconter.

Je suis convaincue que, à part moi-même, elle était la seule à connaître par cœur mon parcours, depuis ses débuts jusqu'à ce jour.

Elle était une confidente fidèle.

Ainsi, devant elle, je me sentais à la fois vulnérable et comprise.

Car, au fil du temps, ma chambre avait été le témoin privilégié de mes joies, de mes peines et de mes rêves.

Le lit, fidèle compagnon de mes nuits agitées, trônait au centre de la pièce. Il était défait, les draps froissés et les oreillers éparpillés.

Des étagères en bois s'étendaient le long du mur, soutenant fièrement une collection hétéroclite de livres, de photos et de souvenirs qui racontaient une histoire.

Perchée sur ma valise débordante, je laissais mon regard errer sur chaque détail de ma chambre, une vague de nostalgie teintée d'enthousiasme m'envahissant.

Pendant ce temps, mon père qui s'attelait à fermer la valise, marmonnant dans sa barbe avec une concentration presque comique.

- Ferme toi.. Aller... marmonna t-il en grimaçant. Encore un peu...

Je fixais mon père avec une intensité particulière, essayant de deviner ce qu'il pensait.

Son visage affichait une apparente sérénité, presque un détachement, mais je savais qu'il était probablement en train de bouillonner à l'intérieur.

Sa fille unique s'apprêtait à quitter le nid familial, et cette fois-ci, ce n'était pas sous la contrainte de ses directives, mais bien parce que c'était un choix.

Mon choix.

Parce que jusqu'à aujourd'hui, il avait toujours dicté ma vie, façonnant chacun de mes pas selon ses propres désirs et aspirations.

Et malgré son apparente tranquillité, je pouvais déceler dans ses yeux une pointe de désarroi, une crainte de perdre cette emprise sur ma vie.

Et bien que cette pensée me remplisse d'une satisfaction perverse, elle était aussi accompagnée d'une vague de tristesse.

Après tout, il restait mon père, et malgré nos différends, il avait toujours été là pour moi.

Nous étions tous les deux à un tournant décisif de nos vies.

L'accord que nous avions conclu il y a trois ans était en train de se concrétiser. Pour la première fois, sa promesse prenait vie, se matérialisant en une action tangible.

En m'offrant cette opportunité, il semblait enfin reconnaître que sa petite fille avait grandi.

C'était comme si, en cédant un peu de contrôle, il acceptait la réalité inéluctable de mon passage à l'âge adulte.

Oui, papa, j'avais vingt ans.

Et pour moi, c'était une révélation libératrice, une preuve que je pouvais prendre les rênes de ma propre vie, sans être constamment sous son ombre protectrice.

Mon départ vers l'université de Lindenwood représentait bien plus qu'un simple changement de décor ou une étape académique.

C'était une porte ouverte vers la réalisation de mon plus grand rêve : devenir profiler.

WORST NIGHTMARE I Où les histoires vivent. Découvrez maintenant