𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒𝟗 : 𝐃𝐈𝐒𝐒𝐎𝐍𝐀𝐍𝐂𝐄

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Charlie

14 heures 13.
Franklin Rd, Nashville.

Elle s'assit avec précaution à mes côtés, déployant une trousse de premiers secours extraite de son sac. Avec une attention méticuleuse, elle prit une compresse et commença à nettoyer mes plaies, effaçant les traces de sang séché.

Chaque geste semblait viser à soigner non seulement les blessures visibles, mais aussi les cicatrices invisibles de ma souffrance.

La fraîcheur des lingettes antiseptiques contrastait agréablement avec la douleur persistante qui pulsait dans mes muscles et sous ma peau meurtrie.

Les contusions et ecchymoses, d'abord si vives et violentes, semblaient presque s'effacer sous ses soins attentifs. 

– Tu n'as pas à faire ça.

– Bien sûr que si, répondit simplement Qetsiyah.

Elle poursuivit son œuvre, apaisant avec précaution les blessures visibles qui marquaient ma peau. Cependant, son regard ne se limitait pas à cette surface écorchée.

Il plongeait plus profondément, s'attardant sur mes yeux, cherchant peut-être à déceler les échos des tortures intérieures que je tentais désespérément de dissimuler.

Je me sentais mise à nu sous son regard scrutateur. Je ne pouvais deviner ce qu'elle percevait, ni ce qu'elle espérait découvrir.

Peut-être cherchait-elle à comprendre la profondeur de ma douleur, ou à trouver une lueur d'espoir parmi les ombres de ma détresse.

Cependant, je m'étais retranchée derrière un masque d'indifférence, déterminée à ne laisser rien transparaître.

La fragilité de cet instant m'effrayait. Je ne voulais pas qu'elle pénètre dans ce territoire sensible, ne souhaitant pas qu'elle partage avec quiconque ce que je préférais garder soigneusement enfoui.

Les cicatrices de l'âme étaient bien plus difficiles à traiter que celles du corps, et je n'étais pas prête à les exposer.

– Tu veux que j’aille te chercher des antidouleurs ? Sur une échelle de 1 à 10, à quel point tu as mal ?

– 0, répondis-je sèchement.

– D’accord, je vais aller te chercher de quoi calmer la douleur, dit-elle avec calme, sans se laisser perturber par mon ton.

Elle sortit un papier et un crayon de son sac, puis commença à écrire quelques mots. Son expression demeurait calme, presque résignée à mon hostilité.

– Je t’ai écrit les moments où tu devras les prendre. Je reviens tout à l’heure avec ce qu’il te faut, ajouta-t-elle en posant le papier sur la table de nuit et en rangeant avec soin ses affaires.

Elle leva les yeux vers moi.

– Et ton doigt ? 

Je levai ma main à la hauteur de mon regard. Le bandage, censé être une espèce d’attelle, était sale et inefficace. Mais je m’en fichais. Tout ce que je voyais, c’était le bout de mon doigt, violet et enflé, qui dépassait.

– J’ai vraiment besoin d’argumenter ? dis-je violemment, le ton acéré par la colère.

Elle inspira profondément, ne réagissant pas immédiatement. Son calme commençait à me rendre folle.

– Non, tu n’as pas besoin d’argumenter, répondit-elle doucement. Mais il faut soigner ça correctement. Je t’ai dit de changer le bandage tous les deux jours minimum. Depuis combien de temps tu as celui-ci ?

WORST NIGHTMARE I Où les histoires vivent. Découvrez maintenant