𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒𝟔 : 𝐋𝐀 𝐒𝐘𝐌𝐏𝐇𝐎𝐍𝐈𝐄 𝐒𝐈𝐋𝐄𝐍𝐂𝐈𝐄𝐔𝐒𝐄

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Charlie

9 heures 25.
Franklin Rd, Nashville.

– Hey, Charlie… Je m’inquiète, tu n'as pas dormi à l’internat cette nuit. Et… si c’est par rapport à ce qui s'est passé hier, je t’en veux pas, d’accord ? Rappelle-moi, s’il te plaît.

BIIIIIP. C'était le premier message.

Je l'ai reçu le samedi matin, le lendemain du rallye. Elle pensait que je n'avais pas dormi à la chambre à cause de ce qui s'était passé, cette toute petite dispute qui, à mes yeux, n'était rien de plus qu'un malentendu.

Je sentais le regard de Luke peser sur moi, mais j'ai décidé de ne pas lui accorder d'importance pour l'instant.

J'ai appuyé sur le bouton de lecture pour écouter le deuxième message.

– Charlie, personne n’a de nouvelles de toi depuis vendredi soir. Est-ce que tu peux m’envoyer un message pour me dire que tu vas bien ? Tu me manques, la chambre est vide sans toi, alors s’il te plaît… réponds-moi.

BIIIIIP. Une étrange sensation m'envahit, celle que tous les messages à venir seraient identiques.

Je continuai à faire défiler un peu plus loin et m’arrêtai à la date fatidique, le jour où son frère avait quitté ce monde. Il n'y en avait qu'un seul, et pourtant, il pesait comme un fardeau insupportable.

Je m'interrompis un instant, hésitant, laissant mon doigt au-dessus de l'icône de lecture, me demandant si j'étais prêt à entendre sa voix à ce moment-là. 

Finalement, je pris une grande inspiration comme pour me préparer mentalement à l'impact à venir.

Puis j'appuyai sur le bouton de lecture. Mais je n'étais pas du tout préparé mentalement à ce que j'allais entendre.

Le début de son message n'était qu'un souffle entrecoupé, un sanglot étouffé par l'émotion. Puis vinrent les larmes, coulant comme une cascade de douleur inarrêtable.

J'avais l'impression d'entendre la tristesse la submerger, la noyer dans un océan de chagrin, l'empêchant de trouver les mots pour s'exprimer.

À travers le téléphone, sa douleur résonnait en moi, une symphonie déchirante de souffrance à l'état brut. C’était affreusement douloureux.

– J’ai mal, Charlie… C’est tellement douloureux, éclata-t-elle en larmes. Il est parti, et il ne reviendra jamais… Je ne sais pas quoi faire…

Les mots flottaient dans l'air comme des ombres sombres, et j'eus l'impression de les attraper, de les serrer contre moi pour partager ne serait-ce qu'une infime partie de son fardeau.

Ils étaient comme des lames de douleur, transperçant mon cœur à chaque syllabe. Ça me déchirait le cœur. Une douleur lancinante, persistante, qui me tordait les entrailles.

Pourtant, je savais que ma propre souffrance n'était qu'un mince reflet de ce qu'elle devait ressentir. À travers le téléphone, je percevais l'abîme de sa détresse, sa solitude profonde.

Elle était en train de sombrer dans une mer de larmes, submergée, et personne ne pouvait lui venir en aide.

Je l'entendis éclater de nouveau en sanglots, ses pleurs résonnant dans le téléphone. Chaque pleur semblait être un cri de douleur, une déchirure de son âme.

Elle était en train de s'étouffer dans ses larmes, toute seule. Sans que personne ne puisse l'aider...

– Mais bordel, Charlie, où es-tu ? sanglota-t-elle avec un mélange de colère et de désespoir. J'ai besoin de toi… J'ai vraiment besoin de toi. Tu es ma dernière famille, je t'en supplie, viens m'aider…

WORST NIGHTMARE I Où les histoires vivent. Découvrez maintenant